Le géant du verre tremble sur ses bases

La rumeur sur de mauvais chiffres enflait depuis le printemps. De fait, Arc international ne va pas bien. Si son équipe dirigeante a sauvé les meubles en 2012, la récurrence de mauvais résultats a, semble-t-il, coûté son poste au président du directoire qui a quitté l’entreprise mi-septembre.

« Guillaume de Fougières, ex-président du directoire d’Arc International ».
« Guillaume de Fougières, ex-président du directoire d’Arc International ».


CAPresse 2013

Guillaume de Fougières, ex-président du directoire d’Arc international.

 

Arc international a débarqué, il y a une dizaine de jours, son président du directoire, Guillaume de Fougières. S’il n’a pas communiqué sur cet événement qui trouble les syndicats et le personnel, le groupe verrier s’embourbe dans un contexte de crise, récurrent depuis 2008 : le groupe affiche un milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2009, en recul de 14% par rapport à 2008, dernière année bénéficiaire avec 39 millions d’euros. Des résultats négatifs répétés, comme en 2009 avec – 26 millions d’euros. Seule l’année 2011 a sauvé les meubles avec 1,1 milliard de chiffre d’affaires pour 18,4 millions de résultats nets. En 2012, le groupe a encore perdu 11% d’activité à 978 millions d’euros et affiché une nouvelle perte de 3,7 millions d’euros, un chiffre qui, bien que faible, aura conduit les actionnaires familiaux à rompre avec Guillaume de Fougières, présent depuis 2001 dans l’entreprise. Désormais, le groupe est passé sous la barre symbolique du milliard d’euros de chiffre d’affaires. S’il reste le premier employeur privé de la région, il symbolise la décrépitude industrielle qui semble marquer le Nord-Pas-de-Calais (Calaire chimie, VG Goossens, Française de mécanique, Lesieur, Total…). Pour résister à la baisse d’activité, Arc vend ses secteurs non rentables (distribution britannique, site de production ibère) mais cela ne suffit pas dans un contexte hyper-concurrentiel, notamment sur le plan international. L’Italien Bormioli a signé un accord de réduction des salaires et un accroissement du temps de travail, tandis que le Turc Paşabahçe a suspendu un projet en Bulgarie.

 

Crise économique et tensions syndicales à venir. Avant d’être remercié, Guillaume de Fougières expliquait ainsi ces mauvais chiffres : «Le premier élément défavorable, c’est la crise économique qui touche durablement l’Europe de l’ouest et l’Europe du sud, dont la France et l’Espagne. Le deuxième, c’est l’instabilité géopolitique au Moyen-Orient et notamment en Iran.» Autre cause invoquée par l’ex-dirigeant, la cession l’an dernier d’Arc distribution France, «qui a entraîné des perturbations, notamment dans les grandes et moyennes surfaces». Des perturbations aussi sur la trésorerie. En mai dernier, le secrétaire du comité d’entreprise Frédéric Specque tirait la sonnette d’alarme : «Arc International a dû s’endetter pour faire face à ses frais réels, pour payer l’énergie, les salaires. Et les banques ont dit : ça suffit…» L’été n’aura rien changé à la situation. Arc international a perdu plus de 3 000 postes lors de son grand plan social démarré en 2006. Un autre suivra-t-il avec la mise en place de la nouvelle direction incarnée par Patrick Puy ? «Il n’est pas question de toucher aux acquis des salariés : le treizième mois, la cinquième équipe. Les salaires ont déjà été gelés cette année», prévient la CGT. Depuis le début de l’année, 3 200 salariés sont passés par le chômage partiel à raison de cinq jours par mois. Les fours n’ont sorti que 213 000 tonnes de verre alors qu’ils sont dimensionnés pour en produire 240 000…