Territoires
Forum de l’insertion par l’activité économique à Woippy : l’emploi par l’humain
17 structures du périmètre messin ont rencontré les demandeurs d’emploi à l’occasion d’un forum en terre woippycienne. Si l’objectif pour ces entités étaient de prendre un premier contact avec des profils potentiels pouvant pourvoir de nombreuses offres à pourvoir, il s’agissait aussi de proposer pléthore de services au plus près de personnes souvent éloignées de l’emploi, souvent depuis de longues années. Quand la proximité joue ici un rôle socio-économique.
La Halle du Chapitre à Woippy n’a pas désempli ce jeudi. Organisé par Pôle emploi et ses partenaires, le forum était dédié à l’insertion par l’activité économique. À taille résolument humaine, le rendez-vous a drainé un public nombreux. À l’heure où le recrutement se réinvente, la manière d’aborder les personnes éloignées de l’emploi aussi. Les grands-messes et autres salons XXL qui tenaient lieu de temps de rencontres incontournables il y a peu, ne sont plus une réponse absolue dans cette quête de rencontres entre employeurs et demandeurs d’emploi. Maître-mot : la proximité. Il s'agit d'innover, d'inventer d’autres modèles favorisant le lien. L’une des intervenantes sur le forum de Woippy le résumait très bien : «Il ne faut plus seulement attendre que le demandeur d’emploi vienne à l’entreprise, c’est à elle de venir vers lui, au plus près de son secteur d’habitation.» Ce moyen de recrutement presque «au porte-à-porte» est appelé à s’amplifier. Plus d'interaction sociale, cela ne peut qu'être positif, tant la Covid-19, et plus généralement nos modèles sociétaux, amènent à une distension des liens humains, provoquant de réelles fractures sociétales. En somme, penser, repenser l'humain pour et par l'humain. Un défi immense décliné dans pléthore de strates de notre vivre ensemble, trop souvent fragilisé par les temps présents.
L'insertion professionnelle joue la carte de la proximité.
Retrouver la boucle de l'insertion
Car si, et on peut s’en féliciter, les chiffres du chômage sont en repli, même si on évitera de crier «cocorico» car toute statistique doit être vue avec l’accent de la pondération et de la mesure, il demeure, parmi les nombreux problèmes sociaux en France et récurrents, le chômage des jeunes, et de trop nombreuses personnes ayant perdu le chemin de l’emploi depuis de trop nombreuses années. On ne parle plus ici d'emploi, mais d'employabilité, tant, pour ces personnes, les repères les plus élémentaires ont volé en éclats. C’est sur ce créneau particulier et si spécifique que les acteurs de l’insertion interviennent par l’activité économique qui trouve donc toute son utilité sociale. Car, en amont d’un embryon d’un parcours de réinsertion, il y a d’abord des histoires de vie, celles de femmes et d’hommes. Le forum de l’IEA s’est donc fondu et inscrit dans ce cadre. 17 structures spécialisées étaient présentes. Leurs représentants ont pu présenter leurs activités, les postes recherchés, nouer le contact avec des demandeurs d’emploi, venus avec CV et renseignements. Des deux côtés des tables, l'important était de faire se connaître savoir-faire et savoir-être. Bien sûr, il n’était pas ici question de signer directement un contrat de travail, mais de s’inscrire, pour les uns et les autres, dans une synergie dynamique. Pour les demandeurs d’emploi, c'était l’opportunité de réintégrer la boucle de l’embauche. Sans doute, à l’issue de ce forum, beaucoup y réussiront. Et c’est là l’essentiel, tant la dignité humaine passe par son utilité dans la société, et donc par un emploi, meilleur vecteur d’épanouissement personnel au service d’un collectif, ici socio-entrepreneurial.
L'écosystème de l'IAE recrute
Du côté des professionnels des 17 structures présentes, il y avait cette nécessité de pistes de recrutement à explorer en direct, tant les besoins dans l’IAE sont importants, tant dans les encadrements que dans les chantiers d’insertion et les missions - les secteurs en tension - proposés. On retrouve là le kaléidoscope des services à la personne et à domicile, le bâtiment, la restauration collective, la propreté, les métiers verts, les assistantes maternelles… Si l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi est évidemment fonction de leurs niveaux de compétences et de qualifications, elle dépend également de leur capacité à se déplacer : que ce soit pour participer à un entretien d’embauche, suivre une formation ou occuper un emploi, c’est bien la question de l’accessibilité à l’opportunité professionnelle qui se pose. Souvent présentée comme un passeport vers l’emploi, la mobilité géographique peut également entraver les parcours d’insertion de ceux qui - pour des raisons matérielles, financières, cognitives, psychosociales - ont des pratiques de déplacement limitées.
Le frein de la non-mobilité
Pluriels et complexes, les freins à la mobilité géographique jouent un rôle déterminant dans la réalisation de nombreuses trajectoires professionnelles. Alors que 86 % des Français estiment que les problèmes de mobilité quotidienne sont un frein à l’emploi, 1 individu sur 5 a - au moins à une reprise - dû décliner une opportunité d’emploi ou de formation, faute de pouvoir s’y rendre. Les jeunes, les personnes ne disposant pas du permis de conduire et celles aux ressources financières limitées constituent des publics particulièrement vulnérables à cet égard. Alors que l’insertion professionnelle implique d’être autonome et mobile, ce sont aujourd’hui plus de 600 000 demandeurs d’emploi qui déclarent ne pas posséder le permis de conduire, et ne pas disposer de solution de mobilité à proximité de leur domicile. Autant de demandeurs qui pourraient être - à un moment ou un autre - freinés dans la réalisation de leur parcours d’accès à l’emploi.
Donner les moyens à l'IAE...
À l’heure où l’État, les conseils régionaux et Pôle emploi investissent dans les compétences pour accroître les qualifications des publics les plus fragiles, la priorité est de veiller à ce que chaque demandeur d’emploi puisse disposer d’une solution de mobilité adaptée à son projet professionnel et ainsi contribuer à satisfaire les besoins de recrutement des entreprises. Cette cruciale mobilité, c’est le créneau de l’association Trans’boulot de Rosselange, présente au forum de Woippy. Dans un autre registre, La Cravate Solidaire de Metz, structure dédiée à l’accompagnement du demandeur d’emploi quant à son image - par sa présentation générale, son habillement. L'A.I.D.E implantée à Hagondange recrutait, elle, pour L'Appli 2.0, bar-lounge/restaurant d'application, basé à Amnéville. Ce ne sont là que trois exemples de toutes les volontés réunies à Woippy, ce jeudi. Au-delà des statistiques, des effets d’annonce, des clichés, des stigmatisations aussi, le dialogue avec les acteurs présents au forum nous rappelle que la question du retour à l’emploi est complexe. Remettre une personne dans le circuit de l’insertion professionnelle demande du temps, une expertise, de l’humanité. Plus que de la précipitation. Également, des moyens humains et financiers pour mener à bien cette tâche ardue. L’insertion par l’activité économique comme l’économie sociale et solidaire, est un travail de longue haleine, qu’il faut, avant toute chose laisser s'articuler par ses professionnels de terrain qui en maîtrisent à la fois les réalités quotidiennes et les publics…
Les structures présentes au forum IAE de Woippy :
Arélia - Emmaüs - Solerys - Mission locale du Pays Messin - Pôle emploi - ID'ESS Intérim - Ville de Woippy - Ville de Metz - Metz Pôle Services - Travailler en Moselle - Trans'boulot - Woippy Régie - A.I.D.E - Sineo 57 - Un Jardin pour 2 mains - Mob d'Emploi -