Le dynamique écosystème lorrain
Dans une économie ouverte et de plus en plus concurrentielle, les entreprises collaborant en réseaux constatent que des sujets peuvent être traités de manière plus efficace collectivement, libérant ressources et énergie. Quel est le paysage des clubs et réseaux structurés dans le périmètre lorrain ? Tour d’horizon.
En se fédérant, en construisant un projet commun, les entreprises sont plus fortes et peuvent disposer d’une information privilégiée et pertinente, mettre en commun des ressources, acquérir de nouvelles compétences et accéder à de nouveaux marchés. À travers cette source de création de valeur, elles ont donc tout intérêt à collaborer ensemble pour gagner en compétitivité. Les territoires en tirent également des avantages, nombreux étant ceux mettant ces réseaux d’entreprises au cœur de leur stratégie de développement économique, misant sur les grappes, les clusters ou les pôles de compétitivité pour dynamiser leur tissu industriel et en faire un outil de promotion local. Les Chambres de commerces et d’industrie en ont fait un axe stratégique de leur politique, s’investissant à la fois dans l’animation de clubs, de réseaux filières, associations de zones d’activités et communautés virtuelles. La Lorraine ne fait pas exception avec des réussites probantes en ce domaine au sein des CCI de Meurthe-et-Moselle à Nancy, de Moselle à Metz et des Vosges à Épinal.
Une décennie de changement
S’il y a dix ans les entreprises étaient plus réticentes à s’engager dans les réseaux, aujourd’hui elles s’y impliquent plus hardiment, exprimant leur volonté de rejoindre des communautés d’entrepreneurs partageant les mêmes valeurs et les mêmes sujets. L’ère des réseaux, dans laquelle nous sommes entrés depuis quelques années, dévoile une mosaïque : grappes, pôles d’excellence, clubs, réseaux filières ou territorialisés… Une décennie qui a vu la réorganisation des systèmes de production, la croissance des réseaux sociaux, les crises financière de 2008 et sanitaire de 2020. On a vu naître en Lorraine des réseaux de solidarité active entre les dirigeants. Sur certains territoires, le phénomène a même évité à certaines filières fragilisées et entreprises menacées de disparaître. En période de crise, lorsque la baisse des carnets de commandes se fait ressentir, appartenir à un réseau est également un moyen d’établir des connexions pour trouver des solutions à des problèmes individuels. Les clubs d’entreprises, souvent créés à partir d’un besoin très local des TPE et PME visent dans un premier temps à rompre l’isolement du dirigeant, en lui permettant de disposer d’un lieu d’échanges pour débattre de problématiques communes, partager des expériences, rencontrer des experts et se confronter à d’autres pratiques. Il peut parfois amener ses membres à faire ensemble des affaires. Ces clubs peuvent être thématiques, centrés sur un métier et/ou territorialisés. Dans ce registre, en Meurthe-et-Moselle, les plus connus sont le Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprise, la Jeune Chambre Économique, la CGPME, Lorraine Entreprendre, le Club Lorrain des Affaires, le MEDEF, le Club TPE, les Dirigeants Commerciaux de France, Plato Lorraine, Eden Green Valley, Starter, les Pôles du Management. Mais encore, Avenir des entrepreneurs, le Club entrepreneurial, l’Association pour le Développement des Entreprises de Briey, Val de Lorraine Entreprendre, Paroles d’entreprises, Messein Énergie Entreprises, Les Industriels de la Région Lunévilloise, Saint Jacques Activités, Nancy porte Nord, La Porte verte, Rives de Meurthe, le Dynapole, Nancy Porte Sud, Nancy Brabois technopole, La Grande Sapinière.
La mobilisation des chefs d’entreprise
Les grappes d’entreprises, elles, ont été lancées par le ministre de l’Espace Rural et de l’Aménagement du Territoire en octobre 2009 et sont définies comme étant principalement constituées de TPE/PME, dotées d’un noyau ancré sur un territoire. Elles apportent des services aux entreprises à travers des actions de mutualisation dans différents domaines (innovation, emploi, développement international, communication…) et ont une structure de gouvernance propre, dans laquelle les chefs d’entreprise ont un rôle moteur. Certains de ces réseaux ont vocation à travers leur labellisation en grappes, à devenir les courroies de transmission des pôles de compétitivité. Les autres réseaux d’entreprises territorialisés qui n’ont pas ce label (réseaux filières, sectoriels ou clusters de marché) mettent en œuvre des actions collaboratives similaires. Véritables outils de proximité, ils sont souvent proches de filières professionnelles et ont un périmètre proche de celui des CCI territoriales. On recense plusieurs dizaines de grappes en Lorraine. Évoquer d’autre part les réseaux virtuels correspond aux réalités de notre époque rythmée par la communication virtuelle et la dématérialisation. La forme la plus connue des réseaux virtuels est la plateforme collaborative. L’un de ses avantages est la démocratisation de la relation qui permet le contact entre différents types d’entreprises (en termes de taille, de métiers). Un réseau se construit dans la durée suivant un parcours qui requiert un temps certain, les effets concrets sur les entreprises et sur les territoires ne deviennent visibles que sur le long terme. Pour que le système fonctionne et prenne de l’ampleur, la dynamique du réseau doit être en adéquation avec les besoins évolutifs des entreprises. Un club ou un réseau, c’est au final un accélérateur, un moyen de faire grandir les entreprises à travers la mise en œuvre de projets collectifs. La Lorraine, en la matière, est particulièrement énergique en la matière. Ici, le Sillon est porteur de perspectives encourageantes pour l’avenir.
À propos des pôles
Les pôles de compétitivité ont été lancés en 2004, dans un contexte marqué par une forte activité autour de l’innovation, véritables réseaux XXL. La région Grand Est en compte six : Industries et Agro-ressources, Biovalley France, Véhicule du Futur, Materalia, Fibres Energivie et Hydreos. Hors ces pôles de compétitivité, d’autres filières et grappes se sont organisées autour des savoir-faire de l’économie régionale, des nouvelles technologies, de l’économie verte. La région Grand Est inclut une métropole labélisée French Tech : Lor’N’Tech et quatre écosystèmes appartenant à quatre des neuf réseaux thématiques French Tech au niveau national : Fabrik du Sport, le cluster Nogentech, Lor’N’Tech et French Tech Alsace. Sur la métropole du Grand Nancy, on compte aussi un Incubateur Allègre (l’Incubateur Lorrain), une SATT (SAYENS), un Pôle Entrepreneuriat Étudiant (PEEL), une agence régionale d’innovation (Grand E-nov), deux CRITT (AGRIA Grand Est et CM2T), deux accélérateurs privés (Paddock, Village by CA), un Institut Carnot (ICÉEL).