Le député écologiste Julien Bayou se met en retrait après une plainte pour violences psychologiques

La vague MeToo a balayé une nouvelle fois le député écologiste Julien Bayou : il a annoncé jeudi qu'il se mettait en retrait de son groupe et de son parti EELV, comme il l'avait déjà fait en septembre 2022, après une...

Le député écologiste Julien Bayou à l'Assemblée nationale, le 27 février 2024 à Paris © STEPHANE DE SAKUTIN
Le député écologiste Julien Bayou à l'Assemblée nationale, le 27 février 2024 à Paris © STEPHANE DE SAKUTIN

La vague MeToo a balayé une nouvelle fois le député écologiste Julien Bayou : il a annoncé jeudi qu'il se mettait en retrait de son groupe et de son parti EELV, comme il l'avait déjà fait en septembre 2022, après une plainte déposée par son ex-compagne pour "violences psychologiques". 

"J’ai appris par voie de presse que mon ex-compagne, qui m’a déjà accusé en 2022, a déposé une plainte contre moi. J’en prends acte et je vais pouvoir enfin prouver mon innocence", a écrit l'élu, dans un communiqué transmis à l'AFP.

M. Bayou a expliqué qu'il se mettait en retrait de son groupe et de son parti, et qu'il ne s'exprimerait "plus en leur nom le temps de l’enquête", pour leur permettre de "travailler sereinement" et pour assurer sa défense, se disant persuadé de pouvoir reprendre sa place, "une fois (son) innocence définitivement prouvée".

Dans l'après-midi, le bureaux exécutif d'EELV, assurant prendre "très au sérieux" le témoignage de l'ex-compagne de M. Bayou, s'est "réuni en urgence" et "a voté la suspension à titre conservatoire de Julien Bayou et la saisine du Conseil politique régional, seule instance pouvant prendre des sanctions".

Le député de 43 ans est visé par une plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse de son ex-conjointe, Anaïs Leleux. Elle a affirmé vouloir faire de cette affaire "le procès féministe du siècle".

La plainte a été enregistrée mardi et est "actuellement à l'analyse", selon le parquet de Paris.

La mise en retrait de Julien Bayou "était nécessaire", a assuré sur X la cheffe des députés Cyrielle Chatelain. "Nous devons agir dans le respect de la présomption de vérité de la parole et de la présomption d'innocence".

cellule renforcée

Dans un entretien au site Les Jours mardi, Anaïs Leleux, militante féministe, a relaté que son ex-compagnon avait "pendant des années, et ça s’est accentué sur la fin, tenté de me mettre en tête que j’avais des troubles psychiatriques".

Celle qui a fait deux tentatives de suicide a précisé qu'au moment de leur relation, qui a duré de 2017 à 2021, elle ne sortait plus de chez elle "parce que j'avais peur de faire peur, de faire du mal". Jusqu'à ce qu'une psychologue l'informe "qu'elle connaissait d'autres femmes qui avaient eu affaire" à Julien Bayou.

L'affaire a des airs de déjà-vu: en septembre 2022, Julien Bayou, alors patron du parti écologiste et co-président du groupe à l'assemblée, s'était déjà mis en retrait et avait dû quitter ses fonctions, après de premières révélations de son ex-compagne dans un courriel adressé en juillet 2022 à la cellule interne d'EELV sur les violences sexistes et sexuelles. 

La cellule s'était auto-saisie pour enquêter, et en septembre la députée Sandrine Rousseau, connue pour son combat féministe, avait mis le feu aux poudres en relayant publiquement les accusations, dénonçant des "comportements de nature à briser la santé morale des femmes". 

Mais six mois plus tard, le groupe écologiste avait acté la fin de la mise en retrait du député, après la clôture de l'enquête interne, faute d'avoir pu entendre la plaignante. M. Bayou s'était alors estimé "blanchi" et "innocenté".

À l'époque, aucune plainte n'avait été déposée ni aucune enquête judiciaire ouverte. 

Mais d'anciennes compagnes avaient témoigné dans le média Reporterre de relations difficiles avec lui, certaines évoquant un comportement d'emprise, nuancé par d'autres.

Mardi, Anaïs Leleux a également porté plainte contre EELV "pour non-assistance à personne en danger". 

Elle considère en effet que la cellule sur les violences sexistes et sexuelles d'EELV l'a "mise en danger", avec des membres "pas solidement formés" et une enquête qui aurait dû être "externalisée".

EELV a reconnu que cette cellule n'avait "pas été en mesure de recueillir la parole de Madame Leleux et, en l'absence de tout témoignage, a dû clore le dossier".

Le parti s'était doté d'une telle cellule en 2016, dans la foulée de l'affaire Denis Baupin, ancien député de Paris accusé par plusieurs femmes du parti, dont Sandrine Rousseau, d'agressions et de harcèlement sexuels. L'affaire avait fait grand bruit, mais les faits prescrits avaient été classés sans suite. 

EELV a annoncé en juillet dernier renforcer sa cellule interne, après des recommandations d'un audit indépendant.

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