Le déficit public atteint 5,5% du PIB en 2023, "échec" du gouvernement selon les oppositions

La facture est salée: le déficit public de la France a finalement atteint 5,5% du PIB en 2023, a dévoilé mardi l'Insee, soit 15,8 milliards d'euros de plus que ce qu'avait prévu le gouvernement, compliquant l'objectif de désendettement...

Dette et déficit publics de la France en % du PIB depuis 1990 © Sabrina BLANCHARD
Dette et déficit publics de la France en % du PIB depuis 1990 © Sabrina BLANCHARD

La facture est salée: le déficit public de la France a finalement atteint 5,5% du PIB en 2023, a dévoilé mardi l'Insee, soit 15,8 milliards d'euros de plus que ce qu'avait prévu le gouvernement, compliquant l'objectif de désendettement pourtant réaffirmé mardi par le ministre de l'Economie. 

Dans un contexte budgétaire tendu, ce chiffre était particulièrement attendu. Le gouvernement avait déjà averti début mars qu'on serait "significativement" au-dessus des 4,9% du produit intérieur brut (PIB) initialement prévus.

Finalement, le déficit dépasse de 0,6 point les 4,9%, soit "une dégradation de 15,8 milliards d'euros par rapport aux dernières prévisions", a traduit sur le réseau social X le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave.

L'augmentation du déficit s'explique notamment par des recettes qui "ralentissent nettement en 2023" (+2,0% contre +7,4% en 2022), a précisé l'Insee, et même des impôts "quasi à l’arrêt" (+0,3%, contre 7,9% en 2022).

Le Maire "discrédité" ?

Le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a regretté mardi un dérapage "important" et "très, très rare" du déficit.

"La politique du gouvernement est en situation d'échec", a estimé le rapporteur du Budget au Sénat, Jean-François Husson (LR), pour qui le ministre de l'Economie et des Finances "Bruno Le Maire est discrédité et décrédibilisé". 

"C'est un effondrement de l'autorité de la France en Europe", a-t-il jugé, alors que le pays, troisième plus endetté de la zone euro, a promis à ses partenaires européens de faire passer son déficit sous les 3% de PIB en 2027. 

"Ce déficit exceptionnel n'est pas lié à un sursaut de dépenses publiques", mais " à de moindres recettes qu'anticipé, malgré un chiffre de croissance sincère et réaliste" de la part du gouvernement, s'est défendu M. Le Maire lors d'un point avec des journalistes, évoquant "21 milliards d'euros de recettes en moins en 2023".

"Nous avons peut-être sous-estimé le fait que l'inflation baisse plus vite" que prévu, ce qui "fait moins de recettes de TVA, (...) moins de recettes sur la masse salariale, moins d'impôt sur le revenu, moins d'impôt sur les sociétés", a-t-il aussi expliqué sur RTL. 

M. Le Maire a malgré tout réaffirmé que sa "détermination totale" à repasser sous les 3% de déficit public en 2027.

Dans l'après-midi lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ont dû argumenter ferme pour défendre leur action économique.

Le Premier ministre Gabriel Attal pour sa part a indiqué que le gouvernement allait "poursuivre sur la voie de la rigueur et de responsabilité, avec toujours un fil rouge (...) celui du travail".

M. Attal doit réunir un séminaire gouvernemental sur ce thème mercredi matin à Matignon avant d'être interrogé par TF1 au journal de 20H.

Concernant la dette, qui a diminué moins que prévu en 2023 (110,6% contre 109,7% anticipé), M. Le Maire a assuré mardi toujours viser une baisse à partir de 2026.

Tout ceci demandera "des efforts supplémentaires, plus de détermination, beaucoup de méthode et beaucoup de sang-froid", a concédé M. Le Maire, car le retard accumulé en 2023 pèsera sur 2024 et les années suivantes.

Beaucoup de sang-froid

Dix milliards d'euros de coupes ont été actées mi-février sur le budget de l'Etat 2024. Des économies supplémentaires dès cette année seront nécessaires, a prévenu M. Le Maire, se refusant pour le moment à donner une estimation.

Mais au-delà, c'est surtout dans le budget 2025 que des efforts seront réalisés. Mi-mars, M. Cazenave avait estimé qu'il faudrait trouver "au moins 20 milliards" d'euros d'économies pour 2025. 

Le gouvernement a demandé une revue des dépenses de l'Etat, mais aussi de l'Assurance maladie et des collectivités locales, avec un but: "abandonner avec fermeté toutes les dépenses publiques qui ne donnent pas les résultats attendus", selon M. Le Maire, qui a cité notamment l'indemnité journalière d'arrêt maladie.  

Cela présage une "saignée sans précédent sur les finances publiques", a regretté sur France 2 Manuel Bompard (LFI), voyant dans le chiffre de l'Insee un "désaveu cinglant" du "bilan d’Emmanuel Macron". 

M. Bompard préconise "une augmentation des recettes en concentrant les hausses d’impôts sur les plus riches".

Plusieurs députés de la majorité, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) en tête, ont eux aussi évoqué ces derniers jours des hausses d'impôts ciblées ou visant les superprofits.

M. Le Maire s'est lui refusé à toute hausse d'impôts, et résumé : "Notre économie se porte bien. Ce sont nos finances publiques qui sont dégradées."

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