Rencontres du bâtiment biosourcé : «Le défi majeur est de préserver les normes»

Quels sont les principaux objectifs des Rencontres régionales du bâtiment biosourcé cette année et quelles thématiques seront mises en avant ?

L’objectif principal de ces rencontres est de structurer et renforcer la filière des matériaux biosourcés en mettant en lumière leur production, leurs usages et les compétences locales qui les accompagnent. Ces solutions sont essentielles, tant pour l’atténuation que pour l’adaptation au changement climatique. Des matériaux comme la paille, le chanvre ou le lin permettent d’améliorer significativement le confort thermique des bâtiments, notamment en période estivale, tout en intégrant des enjeux de santé publique au-delà de leur impact environnemental. Les élus, en particulier ceux des territoires ruraux, sont très sensibles à ces problématiques car elles touchent directement la qualité de vie et la santé des citoyens.

Quelles innovations ou réalisations seront mises en avant lors de cette journée ?

Plusieurs professionnels du secteur viendront partager leur expertise et leurs retours d’expériences, notamment sur la construction en paille. L’un des projets phares qui sera présenté concerne la rénovation du crématorium de la métropole de Lille, réalisée avec ce matériau. Ce type d’initiative illustre parfaitement l’engagement des collectivités et leur volonté d’adopter des solutions plus respectueuses de l’environnement. De plus, la signature du Pacte bois-biosourcés constitue une avancée majeure pour structurer la filière dans un contexte où les acteurs du bâtiment traversent des difficultés. Mais il est essentiel de rappeler que ces choix ne sont pas seulement environnementaux : ils ont aussi un impact direct sur la santé des habitants.

Le bâtiment biosourcé s’inscrit pleinement dans la transition écologique. Quels sont, selon vous, les principaux défis à relever pour accélérer son développement ?

Le défi majeur est de préserver les normes en vigueur et de ne pas les remettre en question. Il existe des pressions et des influences contraires, mais il est crucial de ne pas céder. L’un des freins au développement des matériaux biosourcés reste leur coût de construction, qui demeure élevé en raison de volumes de production encore trop faibles. Cependant, il est indispensable d’avoir une vision globale du coût d’exploitation d’un bâtiment. Avec des matériaux traditionnels, les dépenses énergétiques liées au chauffage sont plus importantes et les habitants sont plus enclins à recourir à la climatisation, ce qui entraîne des coûts financiers et écologiques supplémentaires. Aujourd’hui, la norme RE 2020 est un levier essentiel pour accélérer la transition écologique et il est impératif que les élus la maintiennent et la soutiennent.

Comment le CD2E accompagne-t-il les professionnels du bâtiment dans l’adoption des matériaux biosourcés et quelles perspectives de développement entrevoyez-vous pour les années à venir ?

Notre mission est d’amplifier l’essor de la filière, notamment en intégrant davantage ces matériaux dans les programmes de rénovation des bailleurs sociaux. Pour cela, nous agissons sur l’ensemble de la chaîne : formation des professionnels, structuration du secteur et accompagnement à la prescription. Il est essentiel que tous les acteurs du bâtiment, des artisans aux décideurs, soient formés et sensibilisés aux bénéfices des matériaux biosourcés. En structurant mieux cette filière, nous pourrons réduire les coûts, augmenter les volumes de production et rendre ces solutions plus accessibles à grande échelle.