Savoir-faire

Le Conservatoire textile d’Amiens soutenu par la Fondation d’entreprise du Crédit agricole Brie Picardie

La Fondation d'entreprise du Crédit agricole Brie Picardie a remis un chèque de 25 000 euros au Conservatoire textile d’Amiens pour la soutenir dans sa mission de conservation et de transmission des savoir-faire textiles. Cette somme doit financer l’apprentissage de la conduite de la machine à imprimer au rouleau et la création et la gravure de décors contemporains sur des cylindres.

(de g. à dr.) Bernard Mancaux, président de la Caisse locale d'Amiens du Crédit agricole Brie Picardie, Philippe de Waal, président de la Fondation d’entreprise du Crédit agricole Brie Picardie et Yves Benoit, à la tête de l’association Bleu de Cocagne qui porte le projet de Conservatoire textile. ©Aletheia Press/ DLP
(de g. à dr.) Bernard Mancaux, président de la Caisse locale d'Amiens du Crédit agricole Brie Picardie, Philippe de Waal, président de la Fondation d’entreprise du Crédit agricole Brie Picardie et Yves Benoit, à la tête de l’association Bleu de Cocagne qui porte le projet de Conservatoire textile. ©Aletheia Press/ DLP

« Neuf mille heures ont été nécessaires en 2021 pour débuter le montage de cet outil de 25 tonnes. Nous poursuivons cette année », sourit Yves Benoit à la tête de l’association Bleu de Cocagne qui porte le projet de Conservatoire textile. La machine en question est la dernière machine à imprimer au rouleau d’Europe. 

Créée par Alexandre Bonvallet au XVIIIe siècle, celle-ci a permis de fixer des décors creusés sur des cylindres sur des cotonnades, velours ou autres étoffes. Une véritable révolution pour le monde de la mode et de la décoration, avant de tomber progressivement en désuétude.

Un seul engin résista jusqu’en 2010 grâce à l’impression des fameuses Toiles de Jouy. Lorsque l’entreprise se retrouva en difficultés financières, l’association des Maîtres d’Art, les Fondations Bettencourt Schueller et Allard se sont mobilisées pour sauvegarder ce patrimoine industriel exceptionnel. 

La dernière machine a donc été démontée et acheminée à Amiens où les bénévoles de l’association Bleu de Cocagne, avec le concours d’élèves du Lycée Montaigne et de Promeo, s’évertuent aujourd’hui à lui redonner vie.

« Elle devrait pouvoir être remise en route à la fin de l’année »,espère Yves Benoit. Elle sera la pièce maîtresse du futur Conservatoire du textile dont les travaux, débuté en 2015 devraient s’achever d’ici deux à trois ans. « Nous faisons tout nous-mêmes », explique Yves Benoit. En plus d’accueillir le grand public, le Conservatoire du textile doit replacer Amiens sur la carte mondiale design et de la mode.

La gravure sur cylindre, un savoir-faire indispensable pour créer de nouveaux décors. ©Aletheia Press/ DLP

Transmettre un savoir-faire

« Les conservateurs anglais et américains sont très intéressés par cette machine, ils seront les premiers à venir la voir refonctionner. On trouve les impressions de Bonvallet à la Maison Blanche ou à Buckingham Palace ! C’est l’image même de l’excellence à la française », souligne Germain Benoit, qui a repris la Manufacture Royale Bonvallet, elle aussi installée sur le site Cosserat, en 2017.

« Il n’existait pas de culture du motif à Amiens, Bonvallet a demandé à ce que soit créée une école des Beaux-Arts. Aujourd’hui nous travaillons régulièrement avec l’École supérieure d’art et de design d’Amiens (Esad), il y a une vraie continuité », poursuit-il.

Si Alexandre Bonvallet a fait d’Amiens l’épicentre du gaufrage et de l’impression sur velours, l’histoire se poursuit aujourd’hui, avec l’ambition de transmettre ce savoir-faire et d’encourager de nouvelles activités textiles. 

« Ce n’est pas qu’une histoire du passé, mais il y a de réels enjeux économiques et culturels à faire revivre et à transmettre cette excellence à la française », pointe Germain Benoit qui rappelle la qualité inégalable de l’impression au rouleau. Des décors contemporains gravés sur cylindres doivent être imaginés en partenariat avec l’Esad mais aussi avec la célèbre école Boule.

Soutenir le Conservatoire

« Ce projet s’inscrit parfaitement dans les ambitions portées par la Fondation, nous sommes particulièrement heureux de pouvoir participer à la protection de ce patrimoine et à la transmission de ces savoirs. Alexandre Bonvallet était un précurseur, nous sommes aussi sur de l’innovation technique », sourit Philippe de Waal, président de la Fondation d’entreprise du Crédit agricole Brie Picardie en remettant un chèque de 25 000 euros à Yves Benoit.