Etude de Commerce équitable France
Le commerce équitable : l'arme anti-inflation ?
Selon Commerce équitable France, en 2022, le commerce équitable essentiellement concentré sur les produits alimentaires a connu une croissance de 2%, alors que la consommation globale de ces produits baissait de 4,6%, selon l’Insee.
A
contre-courant. En 2022, le commerce équitable en France a
enregistré une croissance de 2%, par rapport à l'année
précédente. C'est ce qu'a dévoilé en juillet dernier Commerce équitable France. L'association réunit les
professionnels de ce secteur, engagés dans un modèle économique
structurellement fructueux pour les producteurs, avec une dimension
écologique. Ils se signalent par des labels comme «Fair
for Life»,
«Max
Havelaar»
ou «Bio
équitable en France».
En
dépit du contexte défavorable de l'année 2022, marqué par une
baisse de la consommation dans l'alimentation, le «petit»
secteur
a donc atteint un chiffre d'affaires de 2,1 milliards d'euros (dont
95% d'alimentaire). Les produits frais (boulangerie, fruits et
légumes, œuf, viande...) pèsent pour la moitié des ventes, suivis
des boissons (29,7%), de l'épicerie sucrée (17%) et de celle salée
(3%).
Structurellement,
ce marché se partage en deux grands segments. Celui, historique, des
produits issus des filières internationales (65% des ventes), et
celui du «Made
in France».
Identifié
depuis 2014, ce dernier pèse déjà 35% du marché. En 2022, il a
enregistré une progression de 5,5% pour atteindre 746 millions
d'euros de chiffre d'affaires. En son sein, parmi les catégories qui
ont le plus progressé figurent deux, déjà importantes : celle
des produits laitiers (17% des ventes de produits issus du commerce
équitable origine France), avec 25% de croissance, et celle des
produits de boulangerie (54% des ventes), en hausse de 15 %. Des
niches comme les tisanes équitables (et 100% bio) et les produits
d'épicerie salée ont aussi enregistré de fortes augmentations,
respectivement +26 % et +68%.
Moins de produits d'ailleurs, moins d'inflation
Dans
le deuxième segment de marché,
celui des ventes des produits issus des filières internationales de
commerce équitable, les ventes se sont seulement maintenues (+0,1%), pour atteindre 1,35 milliard d'euros de chiffre d'affaires, l’an
dernier. Mais cette stabilité masque des dynamiques très diverses.
Des petits segments sont en croissance, à l'image des fruits
exotiques (hors banane), avec des ventes qui affichent une
progression de 78% ou encore des produits d’épicerie sucrée, en
hausse de 53%. Plus préoccupant, les grandes catégories
historiques comme le chocolat (19,3% des ventes), les bananes (16,3%)
et le café (36,7%) reculent. Le repli des ventes atteint 4% pour le
premier et de 1% pour les deux autres. Toutefois, sur ces produits,
les
baisses dans le
commerce équitable sont généralement moins importantes que celles
des produits équivalents classiques, d'après Commerce Équitable
France.
Plus
largement, selon Julie Stoll,
déléguée générale de Commerce Équitable France, les bonnes
performances globales du secteur s'expliquent par le fait que
l'adhésion des Français à un type de consommation éthique «n'est
pas une mode». L'association avance aussi une autre
explication : les produits issus du commerce équitable étant
«exempts de
phénomènes spéculatifs», ils n'ont pas subi les mêmes
hausses de prix que le reste du marché, en 2022. A l'image des
pâtes alimentaires dont les prix ont augmenté de plus de 25%, suite
à la forte hausse des cours mondiaux du blé.