Le comité d’agrément de LMI ouvreexceptionnellement ses portes
L’organe de dix membres de LMI Innovation, auquel appartient la décision d’octroi ou non de prêt accordé au projet qui devient alors lauréat LMI, a examiné le 7 juillet, à la CCI Grand-Lille, deux dossiers dont l’un portait sur la production d’énergie par procédé de “méthanisation sèche”.
“Oui” voté à la quasiunanimité. Seul un membre du comité d’agrément s’est mis en retrait pour le vote car ayant été proche du dossier dans une de ses précédentes fonctions. C’est toujours ainsi au comité d’agrément de LMI innovation : le membre ayant un quelconque lien avec le dossier ne doit pas exprimer son suffrage. Le projet de construction d’unités de “méthanisation sèche” porté par Enerbiom, une TPE de Valenciennes, devient ainsi lauréat LMI et obtient un prêt de 40 000 euros. Fin de suspens pour Philippe Peultier, l’heureux porteur de ce projet : “Ce financement vient conforter tous les autres financements que sont celui d’Oséo et des banques dans ce projet.” Vingt minutes de délibération avant le passage au vote dont chacun a été argumenté. Mais avant, Philippe Peultier a passé une sorte de grand oral d’une soixantaine de minutes. Un peu plus d’une heure pendant laquelle le dirigeant d’Enerbiom s’est employé à présenter tous les aspects de son projet avec pour objectif de convaincre les membres du comité d’agrément de LMI. “J’ai tenu à souligner l’aspect innovant du procédé et le potentiel de marché”, indique Philippe Peultier. Pour la toute première fois, LMI innovation a ouvert à un regard extérieur (celui de La Gazette Nord – Pas de Calais) cette audition, à la suite de laquelle un projet devient ou non lauréat LMI et accède, si oui, au fameux prêt LMI.
“Souverain”. “Rien n’est décidé avant” la réunion du comité d’agrément LMI, lequel est “souverain dans ses décisions” a rappelé Jean-François Bell, président de LMI innovation, en début de séance. Philippe Peultier a tout de suite pris la parole. Après avoir apporté quelques éléments de contexte et d’enjeu autour de son projet, le candidat au label LMI a abordé les aspects techniques du procédé de “méthanisation sèche”. Le business plan, la stratégie commerciale et le montage financier du projet ont été passés au peigne fin. Un peu moins d’une heure d’explication sans interruption. Puis a suivi la séance de questions-réponses avec les membres du comité d’agrément.
Davantage de précisions ont été demandées sur la stratégie commerciale, un retour a été fait sur la faisabilité technique pour en clarifier certains points, des interrogations se sont exprimées sur le financement et sur la réglementation liée à l’activité. Le comité a cherché à avoir des compléments d’informations sur le volet “marché”, notamment sur la concurrence. Des inquiétudes aussi sur la maîtrise du procédé de “méthanisation sèche”, notamment dans ses aspects “sécurité”. Interrogations auxquelles Philippe Peultier a répondu une à une et point par point. Puis, le porteur de projet a été conduit hors de la salle “Jardin d’hiver” de la CCI Grand-Lille, laquelle se ferme par un système de double porte : place à la délibération.
Décision à la majorité. Les membres du comité d’agrément se sont tour à tour exprimés sur le projet. Discussion franche au cours de laquelle les “points forts” et “les points de vigilance” sont identifiés. Le comité prend aussi connaissance du rapport “expertise métier” rédigé par un expert métier qui connaît le projet. Les “points forts” l’ayant largement emporté sur les “points de vigilance”, la décision du prêt a pu être prise à la quasi-unanimité. Au comité d’agrément toutefois, les décisions se prennent non pas à l’unanimité mais à la majorité. Décision historique aussi dans le cas de ce projet : c’est la première fois qu’un dossier hors de la métropole lilloise obtient le “oui”. Depuis janvier dernier en effet, LMI innovation a étendu son champ d’intervention à tout le Nord-Pas-de-Calais.
La délibération du comité d’agrément peut déboucher sur trois décisions différentes : l’octroi du prêt comme dans le cas du projet Enerbiom, un ajournement pour un approfondissement du projet, ou un rejet. Le premier cas de figure est plus fréquent et le dernier plutôt rare car, avant passage devant le comité d’agrément, le projet fait l’objet d’un accompagnement en amont par des spécialistes de LMI pendant six mois en moyenne.
Le comité a porté à la connaissance de Philippe Peultier les “points forts” et les “points de vigilance” de son projet. Le dirigeant d’Enerbiom peut passer dès cette rentrée à la phase réalisation qui va commencer par la construction d’une unité de méthanisation pilote dans une exploitation agricole près de Valenciennes. Le nouveau lauréat fait aussi son entrée dans le très fermé club LMI. Son projet passe de l’accompagnement au suivi. Philippe Peultier entre aussi dans la “promotion LMI 2011”. Cette dernière sera présentée en 2012.
Deux à trois dossiers sont examinés à chaque réunion du comité d’agrément qui siège une fois par mois. Au 30 juin 2011, la “promotion LMI 2011” a totalisé 572 000 € de prêt, avec en moyenne 37 000 € par projet.