Le club très privé des vaisseaux spatiaux transportant des astronautes
Depuis les débuts de l'exploration spatiale américaine, seule une poignée de vaisseaux ont eu l'honneur de transporter des humains. Dans quelques jours, le vaisseau Starliner de Boeing...
Depuis les débuts de l'exploration spatiale américaine, seule une poignée de vaisseaux ont eu l'honneur de transporter des humains. Dans quelques jours, le vaisseau Starliner de Boeing viendra rejoindre ce club très fermé.
"Dans l'histoire des vols spatiaux américains, ce sera seulement la sixième fois que des astronautes de la Nasa voleront dans un nouveau vaisseau", a souligné Jim Free, administrateur associé à la Nasa.
A cette occasion, bref retour sur l'évolution de ces véhicules hors du commun.
- Mercury -
Premier programme spatial américain destiné à envoyer des humains dans l'espace, Mercury est né en 1958 au moment de la création de la Nasa.
Ce premier vaisseau, déjà une capsule en forme de cône, n'était conçu que pour une seule personne.
En mai 1961, Alan Shepard devient le premier Américain à se rendre dans l'espace à son bord, lors d'un vol d'un peu plus de 15 minutes -- environ un mois après le Russe Iouri Gagarine, premier homme dans l'espace.
La sixième et dernière mission habitée du programme Mercury a lieu en 1963, deux ans plus tard.
Le film "Les Figures de l'ombre" (2016) montre notamment comment la mathématicienne noire Katherine Johnson a contribué à faire de ce programme un succès.
Gemini
Le programme Gemini, qui devait préparer les missions sur la Lune, a fait voler dix missions habitées -- c'est-à-dire avec un équipage -- en 1965 et 1966.
La capsule ressemblait à celle de Mercury, en plus grand: elle pouvait accueillir deux personnes (d'où le nom Gemini). Pour la première fois, elle était équipée d'un ordinateur de bord et pouvait changer d'orbite.
La première sortie spatiale d'un Américain a lieu durant ce programme. Des manoeuvres d'amarrage sont également effectuées.
Apollo
Le programme Apollo a compté 11 missions habitées, dont six ayant permis à 12 hommes de marcher sur la Lune, entre 1969 et 1972.
Quoique mythique, il a aussi été marqué par la tragédie: en 1967, lors d'un test au sol avant la première mission, trois astronautes meurent dans un incendie. La mission Apollo 13 manque quant à elle de tourner à la catastrophe après une explosion en vol.
Le module de commande du vaisseau, qui abritait l'équipage, pouvait accueillir trois astronautes.
"Si vous regardez à l'intérieur de Gemini, Mercury et Apollo, vous voyez littéralement des centaines d'interrupteurs et de boutons", quand aujourd'hui les astronautes se servent d'écrans, décrit à l'AFP Erik Seedhouse, professeur associé à l'université d'aéronautique Embry-Riddle.
Navette spatiale
Les vols de la navette spatiale, dont cinq exemplaires sont allés dans l'espace, s'étendent de 1981 à 2011, avec 135 missions.
Son innovation principale est qu'elle est, pour la première fois, réutilisable. Elle décolle à la verticale mais atterrit sur une piste comme un avion.
Elle est bien plus grande que ses prédécesseurs, étant notamment utilisée pour emporter les éléments servant à construire la Station spatiale internationale (ISS). Elle a emmené jusqu'à huit personnes d'un coup dans l'espace.
Elle a aussi connu deux accidents dramatiques: en 1986, la navette Challenger explose juste après son décollage, puis en 2003, la navette Columbia se désintègre en rentrant dans l'atmosphère. Chaque fois, les sept passagers sont tués.
Dragon et Starliner
Après la fin de la navette spatiale en 2011, les astronautes de la Nasa utilisent les vaisseaux russes Soyouz pour rejoindre l'ISS.
Pour à nouveau assurer leur transport depuis le sol américain, en 2014, la Nasa passe contrat avec Boeing et SpaceX afin qu'ils construisent chacun un vaisseau, en visant alors une première mission en 2017.
SpaceX développe la capsule Dragon et commence les trajets en 2020, battant contre toute attente le géant Boeing. Des dizaines de personnes ont déjà volé avec Dragon, lors de missions de la Nasa mais aussi privées.
Aujourd'hui "presque tous les systèmes sont automatisés", les astronautes "n'ont pas grand chose à faire" et les voyages sont "bien plus confortables", pointe Erik Seedhouse.
Comme Dragon, Starliner doit être réutilisable.
Malgré les retards accumulés par Boeing, Steve Stich, haut responsable à la Nasa, a souligné le caractère exceptionnel de cette nouvelle ère: "Nous avons eu six (de ces vaisseaux) dans l'histoire, et deux d'entre eux en quatre ans, c'est vraiment une grande première".
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