Conjoncture
Le Ceser Grand Est voient les voyants à l’orange
Une balance commerciale qui se tasse. Un secteur de la construction qui plonge littéralement. L’industrie qui voit ses carnets de commandes s’affaisser. Des défaillances d’entreprises en hausse et l’emploi qui régresse. Le Ceser Grand Est (Conseil économique, social et environnemental régional) vient de présenter son 21e tableau de bord de la conjoncture économique de la région. Bilan des courses : les voyants ne sont pas loin d’être au rouge.
Les voyants sont à l’orange ! Conclusion tirée par le Ceser Grand Est (Conseil économique, social et environnemental régional) à l’occasion de la présentation, la semaine dernière, de son 21e tableau de bord de la conjoncture économique. «Nous sommes aujourd’hui dans une phase de décélération», assure Jean-Paul Nollet, président du groupe de travail conjoncture. Un constat déjà établi en juillet dernier où déjà la vitalité économique de la région était remise en question. Trois mois plus tard, cela se confirme !
Au niveau du commerce extérieur, «la balance commerciale se tasse même si la tendance demeure positive.» Une tendance positive tirée par les exportations agricoles et agroalimentaires. Sans ces deux secteurs, la balance commerciale régionale serait déficitaire, une première depuis la création de la région Grand Est ! Le solde commercial de la région affiche aujourd’hui 1,4 milliard d’euros soit 5 milliards de moins qu’en 2021. Aura-t-on un jour une balance commerciale négative dans le Grand Est ? La question est aujourd’hui posée. Interrogations également sur bon nombre de secteurs d’activités ayant connu un rebond salvateur après la crise sanitaire de la Covid-19. L’Industrie voit aujourd’hui ses carnets de commandes s’affaisser après une reprise rapide et une demande très forte avec un pic atteint en février 2022.
Défaillances : la tendance haussière se poursuit
«Les carnets de commandes dans l’industrie sont au plus bas niveau depuis la crise de la Covid-19. Aujourd’hui, la difficulté première des entreprises du secteur industriel demeure le recrutement. Ce qui pose légitimement l’interrogation sur la capacité à répondre à la demande quand le redémarrage s’opérera.» Dans le chapitre Bâtiment, la construction résidentielle plonge littéralement. Depuis la fin de l’année dernière, un sévère repli s’est opéré. «La baisse régionale sur un an est de l’ordre de 15 %.» Seuls la Meurthe-et-Moselle et le Haut-Rhin résistent encore.
Si les autorisations de constructions demeurent à bon niveau, elles reculent tout de même de 18 % sur un an et les ouvertures de chantiers suivent difficilement. «Seule la décélération des taux bancaires pourrait relancer l’immobilier.» De son côté, le secteur de l’hôtellerie apparaît tirée son épingle du jeu après un effondrement total au plus fort de la crise sanitaire de 2020. «Le Grand Est présente la plus forte hausse annuelle du nombre de nuitées enregistrées des régions françaises, grâce en partie aux clientèles allemandes et britanniques.»
Une bonne santé à relativiser car les disparités territoriales sont nombreuses. 52 % des nuitées enregistrées dans la région sont le fait de l’Alsace. Bilan des courses de cette situation conjoncturelle fragile, les défaillances d’entreprises s’accélèrent avec un rythme de 1 000 défaillances par trimestre au niveau national.
Sur un an, la hausse régionale affiche les 49,2 % dont 38,4 % pour la Meurthe-et-Moselle, 60,8 % pour la Moselle, 48,1 % pour les Vosges, seul la Meuse enregistre une baisse de 14 %. «Cette tendance devrait se poursuivre car bon nombre de TPE et de PME n’ont pas la trésorerie pour faire face au remboursement des PGE (Prêt garanti par l’État).» 40 % des entreprises ont remboursé leur PGE aujourd’hui et 60 % sont donc en phase de remboursement, du moins si elles le peuvent...
Emploi : à l’arrêt...
D’un côté des difficultés de recrutement toujours mises en avant ! De l’autre des créations d’emplois en baisse dans la région. «Il n’y a plus de progression de l’emploi dans la région et tous les secteurs sont concernés», assure Nicolas Brizion, chargé de mission au Ceser Grand Est. «Si quasiment toutes les zones d’emploi du Grand Est affichaient des progressions annuelles de l’emploi au 2e trimestre 2022, elles ne sont plus que neuf au 3e trimestre 2023.» La Meurthe-et-Moselle enregistre une baisse de - 2,7 %.