Le Cenzub s’agrandit à Sissonne
Installé dans le camp national de Sissonne, le centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (Cenzub), qui dispose d’une ville factice (équivalant 5 000 habitants) et dans lequel l’Etat a déjà investi plus de 90 M
Le Cenzub est un centre militaire unique en Europe que nous envient beaucoup d’armées étrangères » a déclaré voici peu le général de division Claude Mathey. Il commande tous les centres de préparation aux combats. des forces françaises. Et récemment, sur le parvis de la cathédrale de Laon, le général Mathey, accompagné du général de division Jean- Jacques Poch, commandant la zone de défense Nord et gouverneur militaire de Lille, a dirigé la cérémonie de passation de commandement du Cenzub le centre d’entraînements aux actions en zone urbaine, installé dans le camp national de Sissonne (6 000 hectares). Le colonel Hubert Legrand qui en a assuré le commandement pendant deux ans, a été promu à l‘Etat-Major de l’armée de Terre à Paris. Il a cédé sa place au colonel Pierre Santoni qui était auparavant affecté au commandement des forces terrestres à Lille.
Le colonel Santoni est chargé d’amplifier le développement du Cenzub où travaillent aujourd’hui 418 militaires. « L’avenir du Cenzub, c’est l’ouverture des champs de tirs en milieu confiné d’une conception très novatrice, a précisé le général Mathey. Le complexe de tir en zone urbaine est composé de huit champs de tirs à balles réelles. Deux d’entre eux sont ouverts aux unités à l’entraînement depuis janvier. Le complexe offre des possibilités uniques en Europe de tirs omnidirectionnels, à très courte distance ».
Le Cenzub, c’est aussi une ville artificielle, Jeoffrécourt, qui équivaut à une agglomération de 5 000 habitants. Elle a coûté plus de 90 M€. Le Ministère de la Défense la fait agrandir d’une zone industrielle. Au total, la ville d’entraînement, le complexe de tir et leurs systèmes intégrés de simulation coûteront 190 M€, « soit le prix d’un Airbus ravitailleur en vol », selon les militaires.
Treize mille soldats par an
Et rappelons que le Cenzub constitue aussi une force économique. Le centre fait retomber beaucoup d’argent dans la région. Il y dépense, par exemple, 530 000 € par an pour l’approvisionnement de son restaurant collectif. Le Cenzub a passé les années précédentes plus de 650 000 € de contrats divers avec des sociétés civiles et 800 000 € d’un ensemble d’autres contrats dont beaucoup ont été signés avec des entreprises situées dans un rayon de trente km autour de Sissonne. Le Cenzub est devenu une vitrine de la technologie française de simulation et d’instrumentation. Des groupes aussi importants que Thalès, Sagem ou Gavap y sont présents. Et le Cenzub, soutien à l’exportation française, organise des visites
de chefs d’entreprises ou de chefs d’étatmajor étrangers. Le centre plaît beaucoup aux Britanniques qui veulent y voir plus souvent leurs troupes s’y entraîner. « Nous devons optimiser de la sorte les installations du Cenzub, a indiqué le général Mathey. L’offre d’entraînement a été considérablement élargie. Mêmes les policiers du Ministère de l’Intérieur sont accueillis au Cenzub. Et nous refusons du monde ». La fréquentation du Cenzub a dépassé les 13 000 soldats par an. Désormais les unités étrangères (britanniques, allemandes et du golfe persique) occupent 20 % de ses créneaux « dans le cadre d’accords bilatéraux garantissant la réciprocité avec d’autres installations ».
Effets des armes sur le bâti
La ville de Jeoffrecourt va être équipée d’un système complet d’instruments de simulation. Car il faut désormais, pour plus d’efficacité dans l’entraînement au combat en zone urbaine, prendre en compte « l’effet des armes sur le bâti, la simulation abritée des tirs d’artillerie dans les zones habitées et la numérisation complète de l’espace d’entraînement ». La numérisation doit permettre une remontée instantanée des informations au centre opérationnel du Cenzub qui analyse toutes les situations de combat dans la ville de Jeoffrécourt. Actuellement, expérimenté dans toutes les zones du Cenzub, le démonstrateur “Symulzub” de la société Gavap « cerne les besoins en simulation du Cenzub et de l’Armée de terre ». Cette expérimentation ce qui va permettre de définir le système complet de simulation qui équipera le Cenzub à l’horizon en 2017.