Gazettescope
Le CDI, plus automatique ?
Un tsunami de démissions guette nos entreprises ? La jeune génération est bien décidée au chamboule-tout dans le monde du travail ? La stabilité de contrat passerait de mode ? Attention au tropisme, aux grands élans philosophiques de comptoir, aux tendances éphémères portées aux nues. Dans un contexte sociétal mouvant, l’entreprise demeure un repère et un facteur de solidité. Un modèle de constance qu’il faut faire évoluer bien sûr, mais pas révolutionner. La Gazettescope vous dit pourquoi…
Un faisceau d’études le démontre. Les jeunes ne sont plus forcément intéressés par le CDI. Pour les générations précédentes, celles qui commencent à compter le nombre d’années restant avant la retraite, le contrat indéterminée était le Graal absolu et ce vers quoi chacun tendait. Dans le même sens que le fameux «passe ton bac d’abord». En somme, une passerelle vers la stabilité. Pour la tranquillité d’esprit aussi, pour avoir plus aisément accès au prêt bancaire, à la location, le CDI reste encore une clé indispensable. Si la jeune génération qui entre sur le marché du travail est moins attirée par le CDI, une raison est avancée par l’Insee : le souci d’indépendance. Durant la crise sanitaire, la moyenne d’âge des créateurs d’entreprises individuelles était de 36 ans.
L'entreprise n'est pas une salle de jeu... mais un outil économique
On voit effectivement un nombre important de néo-salariés quitter rapidement leurs postes à peine signés pour voler de leurs propre ailes entrepreneuriales. Aussi, la préférence pour le contrat à durée déterminée ou l’intérim serait suscitée par la possibilité de jouer avec les périodes de chômage dans un contexte de marché du travail en tension, notamment pour plusieurs secteurs et branches. Face à la situation qui complexifie la tâche des entreprises dans leurs recrutements et leur laissent peu de marges face à des candidats volatiles, le législateur a réagi. Il y a quelques semaines, le Parlement a adopté un texte selon lequel, après deux refus en CDI suivant un CDD ou un contrat d’intérim pour un même poste, une personne pourra perdre ses droits à l’indemnisation chômage. Si le droit du travail est d’une grande actualité, il a également une longue histoire. Elle remonte à la Révolution française et ne cesse d’évoluer depuis. Les années 70 ont forgé notre modèle actuel : généralisation de la mensualisation salariale, invention du CDI en 1973 et du CDD en 1979. Devant cette jeune génération biberonnée au zapping permanent, à l’immédiateté des choses, à la consommation en toute chose, le défi des chefs d’entreprise est colossal. Améliorer ses performances et revoir périodiquement ses objectifs à la hausse. Telles sont les deux principales missions d'une entreprise. Le but d'un dirigeant : faire prospérer sa société. À cette fin, il s'avère nécessaire de s'assurer que le travail des collaborateurs est correctement réalisé et que ces derniers ont, également, pour objectif de faire progresser la société au sein de laquelle ils évoluent. Le bien-être de ses employés impacte favorablement leur motivation. Ce dernier élément influence grandement les résultats des collaborateurs.
C'est où le bonheur ?
Pour atteindre ses objectifs, qu'ils soient à court,
moyen ou long terme, il est, aujourd'hui, indispensable de créer un
contexte de travail confortable et bienveillant. Les performances de
la société dépendent, en totalité, de la satisfaction
professionnelle de ses employés.
Les
débats actuels se portent sur le sens du travail. Ce serait déformer
la réalité d’affirmer qu’une fuite massive de salariés guette
les entreprises. Alors, les
Français sont-ils heureux dans leur activité ? Qu’est-ce qui leur
pèse ou, au contraire, les motive, leur fait plaisir ? Une étude
menée par Microsoft a distingué quatre catégories de salariés, en
fonction de leur rapport au travail : les passionnés,
enthousiastes vivant leur job avec plaisir, soit 16 % des
actifs ; les précurseurs, soit 30 % des actifs, qui vont
travailler pour valoriser la quête de sens ; les résignés qui
ne trouvent pas leur bonheur dans un travail qu’ils n’apprécient
guère et qui leur permet avant tout de survivre financièrement,
soit 36 % des actifs, et les modérés, soit
26 % des actifs, qui se rendent au travail sans plaisir, ni
rejet. Ils y vont sans
se poser de questions. C’est un gagne-pain, parallèle à leur vie
personnelle. Leur épanouissement n’en dépend pas. D’ailleurs,
ils refusent de mélanger vie professionnelle et vie personnelle. Au
final, la part du CDI dans les contrats de travail a peu évolué
depuis 30 ans. En 1993, on comptait 77 % de salariés en CDI.
Aujourd’hui, ils sont 75 %… Un CDI senior a même été inclus dans le projet des retraites qui suscite tant de remous politico-sociaux...