Stratégie

Le Catelet : l’entreprise Godé invente encore et toujours

Avec 137 ans au compteur, l’entreprise Godé n’accuse pas le poids des ans et n’en finit pas de proposer des innovations dans le domaine agricole. Zoom sur une entreprise familiale imaginative de génération en génération !

Le PMG Fiber Control mesure le poids de 1 000 grains avec précision, une donnée essentielle au moment des semis, qui varie d’une espèce à l’autre mais aussi d’une année à l’autre. ©Godé
Le PMG Fiber Control mesure le poids de 1 000 grains avec précision, une donnée essentielle au moment des semis, qui varie d’une espèce à l’autre mais aussi d’une année à l’autre. ©Godé

L’entreprise Godé, installée au Catelet, a beau avoir 137 ans, elle a toujours le sens de l’innovation. « L’entreprise a été créée en 1885, à l’époque, elle était spécialisée dans la réparation des moulins à aubes », se souvient Julien Godé, quatrième génération aux commandes. Au cours des années, un virage dans le domaine agricole est opéré. En 1939, c’est la première invention notable, le trieur de céréales "Le Specific", breveté. Bien d’autres suivront, dont une arracheuse de betteraves en 1961.

Parmi ses plus grands succès commerciaux, l’entreprise conçoit un bac de forçage d’endives. « Nous avons mis au point un système de circulation de l’eau qui optimise la croissance des endives, explique Julien Godé qui gère l’entreprise depuis douze ans. Nous avons vendu environ 200 000 exemplaires depuis 1997. Aujourd’hui, nous sommes les seuls fabricants européens. » 

C’est ensuite la minibatt qui est inventée, en 2004. Cet appareil, qui tient dans une valise, collecte et analyse des échantillons dans un champs pour planifier la récolte. Une alternative à l’utilisation d’une moissonneuse-batteuse qui est déplacée inutilement si le taux d’humidité est encore trop élevé. Quinze mille exemplaires sont en service dans 25 pays.

Un calculateur pour gérer la densité de semis

Mais pas question de s’arrêter en si bon chemin... Ayant nécessité huit mois de travail, le calculateur PMG Fibercontrol couple un bol vibreur et 32 fibres optiques qui permettent de mesurer le poids de mille grains (PMG) pour les céréales notamment. Une donnée essentielle pour ajuster les doses de graines lors des semis dans les champs. « Nous voulions proposer un appareil avec une grande précision pour les agriculteurs mais abordable en terme de prix », résume l’entrepreneur.

En cinq minutes, l’exploitant obtient un résultat garanti à 0,3% sur le nombre de grains et 0,2% sur le poids, pour un investissement autour de 450 euros. « Il existe bien des appareils de mesure mais réservés aux laboratoires, qui valent entre 5 000 et 10 000 euros », souligne, à titre de comparaison, Julien Godé. 

Jusqu’à présent, les exploitants utilisaient donc souvent des réglettes de calcul dont le résultat comporte une imprécision certaine. « Nous vendions un tel système, mais cela ne nous apparaissait pas satisfaisant », remarque l’inventeur. La commercialisation du PMG Fiber Control, qui devait être lancée l’année dernière, a été retardée en raison de ruptures dans l’approvisionnement de composants électroniques, mais elle devrait se faire très prochainement.

Gain de temps et d'argent, la mini-batt a déjà été vendue à 15 000 exemplaires. ©Godé

Une pompe à graisse

Un nouveau projet occupe désormais l’équipe de cinq collaborateurs, la mise au point d’une pompe à graisse électrique aimantée. « Nous proposions déjà une version depuis huit ans. Nous avons retravaillé le design, nous sommes passés à des batteries au lithium. Et nous avons désormais trois modèles selon les usages des agriculteurs. »

Les plus pointilleux opteront pour le modèle détectant la pression dans les roulements pour une protection optimum. Une pré-série est en cours de testage et le lancement devrait se faire dans un mois-et-demi environ.

Pour poursuivre sur sa lancée, l’entreprise peut compter sur les compétences de Julien Godé qui ne se destinait pas forcément à prendre la suite de son père. Un bac S avec option Sciences de l’ingénieur, suivi par un DUT en mécanique puis une licence en Ingénierie de la conception informatisée… « Je me suis rendu compte que ma formation collait parfaitement avec les besoins de l’entreprise », remarque-t-il avec amusement. De quoi le décider complètement à reprendre le flambeau !