Le Capteur français : la qualité de l'air au cœur de la santé
Ce boîtier connecté transportable mesure la qualité de l'air extérieur mais aussi à l'intérieur des bâtiments et capte jusqu'aux particules très fines. Le but ? Améliorer la santé, très impactée quotidiennement par ces particules. Porté par trois entrepreneurs engagés, il est le résultat d'un savoir-faire français et local : ce capteur a été pensé dans l'Oise, les matériaux sont issus des Hauts-de-France et il est éco-conçu dans le Nord. Un produit made in Hauts-de-France !
Il a eu l'idée l'année dernière, en plein confinement. Engagé dans les problématiques environnementales, Guillaume Frémion, rejoint par Cédric Brugnon et Thomas Feuillet, est aussi un entrepreneurs ingénieux. Les trois associés viennent de lancer le prototype du Capteur français, un boîtier connecté (via une application) transportable qui peut être posé dans n'importe quelle pièce.
Grâce à ce système, il capte la température, l'humidité, le taux de CO2, les composés organiques volatiles mais aussi les particules PM 10 (grosses poussières) – celles qui s'accumulent dans le nez –, les particules PM 2,5 (fines) – les particules végétales et minérales, celles qui s'accumulent dans les poumons et sont cancérogènes – et les particules PM 1 (très fines), celles qui ont la même taille qu'une bactérie qui vont dans le sang.
«L'objectif est que tout le monde puise mesurer l'air ambiant pour ensuite se protéger, explique Guillaume Frémion, qui est à l'initiative de ce capteur – lancé par l'association à but non lucrative eQAI qu'il a créée – et aussi incubé chez Iterra à Compiègne. Par exemple, sur le moment, en fonction des résultats, on sait si on doit mettre un masque ou non ou ouvrir une fenêtre.»
Financement participatif
Un procédé intelligent ouvrant la porte à une meilleure santé avec au centre de l'initiative : le renouvellement de l'air. «Le capteur permet d'améliorer la santé des salariés ou les clients d'un magasin ou d'une boutique ou encore d'un centre commercial ou d'une école. Il réagit en fonction du taux d'humidité ou de la chaleur et donne des résultats au moment présent, continue-t-il d'expliquer. Il permet de cartographier l'air d'un bâtiment [...] Les particules fines ont des effets désastreux sur la santé, il faut s'y pencher sérieusement surtout en ville.»
Le boîtier – d'une durée de vie de dix ans – est proposé à la location, la batterie dure de trois à quatre jours et il mesure l'air toutes les cinq minutes, et ce toute la journée. Si le concept est bien ancré, le projet, lui, est encore au stade du prototype. Une campagne de financement participatif a été lancée afin de contribuer au développement de ce produit.
Au total, les associés recherchent 40 000 euros (sous forme de pré-commandes) pour les achats de la matière première et la fabrication du moule. L'objectif est de fabriquer 2 000 capteurs d'ici la fin de l'année et, à terme, couvrir 80% de tous les bâtiments de France avant l'été 2022. «Le Capteur Français apporte une solution pertinente s’inscrivant pleinement dans les objectifs réglementaires applicables aux établissement scolaires et recevant du public (ERP)», note Guillaume Frémion.
Plus qu'un capteur, une philosophie
Le projet du Capteur français arbore le concept de l'écologie pour aménager notre environnement «en étant actif pour tenir compte des enjeux climatiques et sanitaires» grâce à un objet électronique durable. Même plus, il est un produit 100% français, made in Hauts-de-France. Une fierté pour Guillaume Frémion, dirigeant de l'entreprise BATeMOB et qui a longtemps travaillé chez une filiale du groupe Engie.
«J'ai créé cette entreprise en janvier 2020, qui analyse la qualité de l'air des bâtiments et cartographie les espaces. Grâce aux données et à nos compétences nous conseillons pour apporter une amélioration. Et puis, je me suis dit que nous n'avions pas nos propres capteurs, qui sont en plus essentiellement fabriqués en Chine. Je me suis mis à créer mon propre boîtier et puis, si c'est pour créer aujourd'hui un produit, qui plus est environnemental, avec des matériaux et une fabrication dans d'autres pays, c'est que l'on a rien compris.»
Alors, il s'est mis à la recherche de pièces françaises. Et puis finalement, c'est dans sa région, les Hauts-de-France, qu'il a trouvé son bonheur. Le cordon, qui permet de transporter le capteur, est fabriqué avec des fibres françaises chez DMR, à Comines (Nord), le bureau d'études pour la partie électrique ainsi que la fabrication des circuits imprimés se situent chez Matra (Oise) et le boîtier est en plastique recyclé. Grâce au Fab-Lab de Beauvais, l’AgriLab, il a compris également compris les rudiments de la conception électronique.
«Je me suis rendu compte que nous avions beaucoup de savoir-faire dans la région, sourit-il. Nous avons mis du temps mais ce capteur est français au savoir-faire local ! »
Mais le concept ne s'arrête pas là. Si le Capteur français alerte, l'étape suivante est de proposer un accompagnement technique pour conseiller sur les mesures à prendre, toujours dans l'optique d'améliorer l'air. Pour aller encore plus loin, la collaboration hisse le capteur à un projet ambitieux : le partage des données est au cœur du projet.
Grâce aux données partagées, des «jumeaux numérique du bâtiment» pourront être créés afin d'accumuler les données et réagir plus rapidement pour, in fine, développer la première carte interactive en temps réel de la «Qualité d'Air Intérieur» de tous les bâtiments, disponible et gratuite pour tous... parce que la santé passe aussi par la qualité de l'air !