Le Calaisis au bord de la crise de nerf !

Engagés dans leur premier mandat en 2008, les membres de la nouvelle majorité municipale menée par Natacha Bouchart se sont livrés, ces dernières semaines, à une série d’empoignades publiques qui en disent long sur la pérennité de leur groupe. Deux représentants de Calais à la communauté d’agglomération du Calaisis ont été éjectés, un adjoint “démissionné” de la présidence de l’office public d’HLM. Pour finir, deux maires sur cinq de l’intercommunalité sont quasiment entrés en dissidence.

Si la première année du mandat de l’équipe municipale de Calais avait fait l’objet de critiques récurrentes de la part de l’ancienne équipe, si la seconde avait été celle de l’initiation des projets, la troisième année est celle des fractures. Composée de membres issus de sensibilités politiques diverses, l’équipe de l’UMP Natacha Bouchart regroupe des divers gauche (Gérard Grenat, Michelle Ducloy…), des centristes (Modem), des UMP et des apolitiques. Dans le dispositif gagnant de 2008, Philippe Blet (ex-socialiste) devenait président de l’intercommunalité, Michelle Courmont (Modem) prenait la présidence de l’OPHLM, Antoine Deguînes (divers gauche) s’occupait de la culture et devenait vice-président de l’intercommunalité comme Marcel Pidou, compagnon de route de Philippe Blet. Cet attelage a tenu bon malgré quelques escarmouches liées aux élections cantonales et régionales l’an dernier. L’équipe municipale a pu également former un exécutif à l’intercommunalité avec les quatre maires des communes de Coulogne, Marck, Sangatte-Blériot et Coquelles, dont les maires sont du coup devenus vice-présidents. Mais, dès le second budget, Michel Hamy, maire de Coquelles et vice-président chargé des finances, s’alarmait des dépenses de fonctionnement qui montaient en flèche. Idem du côté de Guy Allemand, maire de Sangatte-Blériot, qui se plaignait des hausses d’impôt. Quant à Antoines Deguînes, il déplorait les choix de la présidence dans le déménagement de l’école de musique.

Communication et plan local de l’habitat dans la polémique. Si les budgets sont votés depuis le début du mandat, la présidence de Philippe Blet s’est trouvée mise en minorité le 30 septembre dernier à l’occasion d’un vote sur la création d’un poste de chargé de communication. Dans le même temps, un agent contractuel occupant le même poste depuis six ans n’était pas renouvelé. Le bureau communautaire a tenté de dissuader son président de présenter cette délibération. Sans succès. Quelques-uns ont dénoncé publiquement cette décision comme Antoine Deguînes. “M. le président, vous exposez la communauté d’agglomération à un contentieux qu’elle a toutes les chances de perdre devant l’agent en question”, a plaidé le vice-président. Puis, l’équipe communautaire a dû faire face à une seconde crise avec le plan local de l’habitat (cf. La Gazette n°8369) : Michel Hamy jugeait les objectifs du PLH trop ambitieux et pas assez répartis sur l’ensemble du territoire. “Les investissements prévus dépassent les capacités de la Communauté”, martelait-il. Les protagonistes se tancent désormais via la presse locale…

Le maire de Calais : juge ou arbitre ? Au conseil municipal de Calais du 19 octobre dernier, la nouvelle sénatrice Natacha Bouchart n’a pas hésité à trancher dans le vif en présentant ellemême la délibération excluant les récalcitrants, “saisie par le chef de groupe des divers gauche, Philippe Blet”: deux nouveaux représentants de la ville ont remplacé les élus Deguînes (aujourd’hui au PRG) et Pidou à la communauté d’agglomération. Mais près de dix voix ont manqué à l’actuelle majorité pour le vote de la délibération déposée le jour du conseil… “Je ne suis pas juge, je suis un arbitre. Si certains veulent faire des procédures, la délibération sera à nouveau présentée lors du prochain conseil”, a indiqué Natacha Bouchart. Fracturée, la majorité municipale s’expose aussi à deux recours au tribunal administratif déposés par les élus en cause et par les conseillers municipaux d’opposition qui dénoncent la brutalité de l’exécutif et plaident pour la réhabilitation de leurs collègues ! Le caractère urgent qui fonde le fait de déposer une délibération paraît tiré par les cheveux. Le spectacle qu’offre ainsi Calais n’en paraît que plus rédhibitoire pour les élus voisins. Notamment ceux de la communauté de communes du Sud-Ouest du Calaisis (CCSOC) qui devront suivre en 2012 le chemin tracé par le préfet du département en fusionnant avec Cap Calaisis. Pourtant, cette fusion pourrait contenir une solution globale avec l’élection d’un nouvel exécutif pour une nouvelle agglomération de plus de 100 000 habitants. Une taille critique.