Le BTP de Metz et Thionville se réunit dans un contexte socio-économique tendu

«Quand le bâtiment va tout va». Ce dicton ne s’applique assurément pas actuellement puisque ce secteur clé de l’économie hexagonale et de l’attractivité territoriale est en plein doute. Explications. Si ses entreprises ont réussi à maintenir un niveau d’activité grâce aux contrats signés en 2021 et 2022, elles ne dissimulent pas de très fortes inquiétudes pour les mois à venir, avec beaucoup d’incertitudes à l’aube de 2024. Il s’agit d’anticiper, dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, une baisse importante de l’activité dans le domaine de la construction de logements.

Faisceau d'indicateurs négatifs

La Fédération Française du Bâtiment alertait ces dernières semaines sur la crise à venir dans son secteur. Avec un risque de baisse de 8 % de son activité d’ici 2025, soit 14 Mds€ hors effet de prix, et une estimation d’une perte de 150 000 emplois. À un moment où notre pays fait face à une pénurie de logements neufs, entre hausse des taux d'emprunts et des coûts des matériaux. Ces logements neufs ont enregistré, sur les sept premiers mois de cette année, un recul de permis de construire de près d’un tiers (28,3 %). Les ventes de maisons neuves font pire : - 38,1 %. Seuls éléments positifs, le retour de la commande publique (bâtiments administratifs, écoles) et le quasi doublement de MaPrimeRénov', dispositif phare du gouvernement d'aide à la rénovation énergétique. Mais ceci ne suffira pas à soutenir le secteur selon les professionnels. Si les défaillances d’entreprises du bâtiment sont pour l’heure restées relativement contenues, elles progressent de 39 % entre les huit premiers mois de 2022 et 2023. Et pas d’éclaircies à venir. Pour limiter l’ampleur de cette crise, le FFB avait notamment demandé le redéploiement du Prêt à taux zéro (PTZ) sur 40 % du territoire et la revalorisation de ses barèmes.

Résister et rebondir ensemble

Ce qui a trait à l’échelon national a bien sûr des répercussions sur nos territoires, où le tissu des entreprises est composé d’une très large proportion de TPE/PME. C’est dans ce contexte complexe et aux allures de brouillard, que vont se réunir 500 entrepreneurs du bâtiment des arrondissements de Metz et Thionville, à l’occasion de leur assemblée générale statutaire. Les deux groupements sont respectivement présidés par Angelo Nespola (société Nespola, à Woippy) et David Hallot (société Costantini, à Yutz). Le rendez-vous est fixé ce mercredi 6 décembre, à 18 h, au Grenier de Chèvremont, annexe du Musée de la Cour d’Or, à Metz. Un temps d’échanges et de débats pour faire le point sur l’actualité de la filière BTP. Le président de la Fédération du BTP de la Moselle, Pierre Schaeffer, Angelo Nespola et David Hallot, reviendront, en ouverture de cette session, sur les actualités professionnelles. Suivra une table ronde sur «logement : quelles solutions pour dépasser la crise ?» Plusieurs acteurs locaux en débattront : Franck Job, président de la Fnaim Moselle, Cédric Gouth, vice-président de l’Eurométropole de Metz et maire de Woippy, Christophe Logsier, directeur du centre d’affaires du Crédit Agricole, Pierre-Jean Lingat, directeur d’Evel Promotion, Georges Lucas, dirigeant fondateur du groupe Lucas Immobilier, Pascal Courtinot, directeur général d’Eurométropole Metz Habitat. À l’issue, la Fédération BTP de la Moselle remettra plusieurs médailles, mettant à l’honneur le parcours professionnel du dirigeant de la société Wiedemann Jasalu, à Metz, et cinq de ses collaborateurs. Être solidaire face au gros vent, trouver des pistes synergiques de résistance et de rebond : ce sera le fil rouge de ces forces vives du bâtiment local lors de cette assemblée générale.