Le BTP 55 touche-il le fond ?
A l’heure où les perspectives sont plus que mauvaises, Pierre Nicora, le président de la Fédération du BTP Meuse, ne mâche pas ses mots. Carnets de commandes limités, niveau des prix jugé trop bas, problèmes de trésorerie et retards de paiement des collectivités. Bref, la coupe est pleine.
Noir c’est noir. La mélodie ne cesse de résonner dans la tête du patron du BTP Meuse, qui ne voit décidément plus la vie en rose. En Meuse comme ailleurs, les mois se suivent et se ressemblent. Réunis en conseil d’administration le 13 septembre dernier, les membres meusiens tiennent tous le même discours, évoquant de nombreuses difficultés. L’énumération est longue : niveau bas des prix, trésoreries fragiles, délais de paiement non respectés par les collectivités alors que la LME exige des entreprises de rémunérer leurs fournisseurs dans les 45 jours, sous-estimation des chantiers par les maîtrises d’oeuvre au détriment de la qualité, PME en cessation de paiement. A chaque jour suffit sa peine. Face à ce manque de chantiers, de nombreuses entreprises ont décidé de former leur personnel, avant tout pour l’occuper, en attendant des jours meilleurs. Si les indicateurs n’étaient déjà pas bons au premier semestre, la situation semble aujourd’hui s’aggraver. Alors, avant même la prise de fonction d’Isabelle Dilhac, le nouveau préfet, Pierre Nicora lui a déjà adressé un courrier officiel, lui demandant de réactiver l’observatoire de la commande publique créé sous l’impulsion du préfet Fitoussi, en 2005. Depuis deux ans, cette instance est restée muette, sur décision de Colette Desprez, le préfet, qui vient de quitter la Meuse. Le président Nicora espère être entendu avec la volonté d’améliorer la lisibilité des projets portés par les collectivités et l’Etat.
Il faudrait 460 millions de travaux
La récente position de l’OPH de «geler les opérations dans le neuf pendant deux ans, hors ORU, sans compter l’annulation de 270 opérations pourtant programmées dans le département», selon les informations de Pierre Nicora, ne peut qu’inquiéter ce secteur d’activité, qui emploie 3800 salariés. Il faudrait 460 millions d’euros de travaux pour maintenir le tissu économique local. Et évidemment le compte n’y est pas. Quelques mois après l’élection de François Hollande à l’Elysée, le président de la Fédération Meuse attend avec impatience la création de la banque publique d’investissement et déplore les conséquences de la fin annoncée des heures supplémentaires défiscalisées, qui seront impactées sur la consommation des ménages et donc des clients potentiels du bâtiment. Dans ce contexte, le BTP reste particulièrement attentif à l’avancée du projet de construction de l’usine Safran, attendant la publication des appels d’offres. Mobilisé, le syndicat professionnel propose deux rendez-vous à ses adhérents avec, le 2 octobre, une réunion d’information sur la faute inexcusable, et le 9 octobre, sur le mémoire technique. Cet automne sera placé également sous le signe de la communication avec les Coulisses du bâtiment. Et pour cette dixième édition, les collégiens et les lycéens sont invités à découvrir, le 11 octobre à Ligny-en- Barrois, l’aménagement d’un gymnase et le lendemain, à Verdun, à visiter la création d’un groupe scolaire. Cette initiative nationale vise à dévoiler la face cachée de chantiers d’ampleur mais aussi à communiquer sur la diversité des emplois et des compétences dans le bâtiment. Cette sortie pourrait effectivement susciter des vocations, bien utiles pour les entreprises qui comptent bien recruter dès que les carnets de commandes s’étofferont.