Le bras de fer se durcit à gauche pour Matignon

Le bras de fer s'est encore durci lundi à gauche: socialistes, communistes et écologistes ont proposé aux Insoumis une personnalité issue de la société civile pour Matignon. LFI a exclu cette hypothèse, exigeant d'abord un...

Le coordinateur de LFI Manuel Bompard le 8 juillet 2024 à Paris © Alain JOCARD
Le coordinateur de LFI Manuel Bompard le 8 juillet 2024 à Paris © Alain JOCARD

Le bras de fer s'est encore durci lundi à gauche: socialistes, communistes et écologistes ont proposé aux Insoumis une personnalité issue de la société civile pour Matignon. LFI a exclu cette hypothèse, exigeant d'abord un accord sur la présidence de l'Assemblée nationale.

Le nom de Laurence Tubiana, cheville ouvrière de l'Accord de Paris de 2015 puis de la Convention citoyenne sur le climat, a été avancé par le PS, le PCF et les Ecologistes, ont indiqué à l'AFP des sources concordantes, confirmant des informations de L'Opinion et franceinfo.

Mais l'universitaire, qui a récemment exhorté, dans une tribune au Monde, le Nouveau Front populaire (NFP) à "tendre la main aux autres acteurs du front républicain", est déjà critiquée par les Insoumis qui l'accusent de proximité avec Emmanuel Macron.

"Un profil Macron compatible (...) ce serait un renoncement au programme. Une trahison de l'engagement pris devant des millions d'électeurs", a ainsi fustigé le député LFI Paul Vannier, auprès de l'AFP.

Et le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a, un peu plus tôt, exclu l'idée d'une personnalité de la société civile, estimant qu'elle ne comportait pas de garanties suffisantes pour "la mise en oeuvre du programme du NFP". 

Après huit jours de tractations, les discussions semblent donc au point mort alors que le rejet ce week-end par le PS de la candidature de la présidente du conseil régional de La Réunion Huguette Bello, proche de LFI, a remis le feu aux poudres dans la fragile alliance, minée par les querelles internes.

"Je suis tellement en colère du visage que nous montrons", s'est désespérée l'écologiste Sandrine Rousseau. 

Les tensions les plus fortes opposent Insoumis et socialistes qui se disputent le leadership à gauche dans le nouvel hémicycle.

"Le parti socialiste joue-t-il la montre pour laisser briser le Nouveau Front populaire et renoncer au programme ?", a accusé LFI dans un communiqué, le coordinateur du mouvement Manuel Bompard taclant "les oppositions systématiques" du PS.

"Rien n'a été bloqué", a rétorqué le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

Aucune discussion

Mais Jean-Luc Mélenchon a haussé le ton: "Nous exigeons (d'abord) une candidature unique pour la présidence de l'Assemblée nationale et ne reprenons aucune discussion sur quoi que ce soit d'autre tant que ce n'est pas réglé."

Les représentants des quatre groupes de gauche se sont retrouvés dans la soirée au Palais Bourbon et ont acté le principe d'une candidature unique du NFP pour le perchoir, selon des sources concordantes. Les discussions autour d'un nom doivent se poursuivre mardi.

La gauche joue gros sur cette élection qui se tient jeudi. 

Une partie du camp macroniste tente en effet depuis plusieurs jours de bâtir une majorité alternative au NFP pour ce poste-clé, que la présidente sortante Yaël Braun-Pivet entend bien conserver. Un accord avec la droite, par exemple, pourrait permettre au bloc présidentiel de dépasser la gauche en nombre de voix.

Le sujet était au menu de discussions autour d'Emmanuel Macron à l'Elysée avec les chefs du camp présidentiel. 

"L'idée était de voir (...) comment envisager qu'une autre personnalité que celle proposée par le Nouveau Front populaire préside l'Assemblée", confirme un participant. "Il y a des discussions avec LR oui. Eux, leur logique c'est de montrer qu'ils sont efficaces dans la lutte contre LFI et le NFP, donc la logique voudrait qu'ils soutiennent une candidature comme celle de Yaël Braun-Pivet", glisse cette source.

Mais une autre candidature pour le perchoir pourrait rassembler largement: celle du centriste Charles de Courson. 

Cet ex-représentant du groupe indépendant Liot, qui a ferraillé contre la réforme des retraites, a promis, s'il avait le poste, d'être le "garant (du) bon fonctionnement" de l'Assemblée dans une "période inédite et chaotique".

Attal bientôt démissionnaire

La question du front républicain contre le Rassemblement national, que la gauche aimerait poursuivre à l'Assemblée nationale en privant le parti lepéniste de tout poste à responsabilité, reste également au coeur des discussions. 

Plusieurs cadres macronistes, dont Mme Braun-Pivet, y sont opposés, dans le sillage des législatives de 2022, après lesquelles le RN avait notamment obtenu deux vice-présidences au Palais-Bourbon.

Ce dossier du front républicain était à l'ordre du jour de la réunion matinale du groupe Renaissance, officiellement rebaptisé "Ensemble pour la République", autour de son nouveau président Gabriel Attal.

Selon une source parlementaire, les députés macronistes "ont acté le fait de s'abstenir face à des candidats RN ou LFI". "Cela ne veut pas dire qu'on ira battre RN ou LFI. Cela veut dire qu'on les laisse (...) l'un face à l'autre", a explicité une autre.

En attendant, Gabriel Attal est toujours Premier ministre mais pourrait remettre sa démission mardi, alors qu'un Conseil des ministres est prévu à 11H30. 

"Cela devrait être demain", confirme un proche d'Emmanuel Macron, notamment pour permettre aux ministres élus députés de participer à l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale, puis à l'attribution des postes clés au Palais Bourbon vendredi et samedi. 

L'équipe gouvernementale actuelle resterait toutefois un certain temps en place, notamment pendant la période très sensible des JO, pour gérer les "affaires courantes" et assurer la continuité de l'Etat.

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