Le bon gout du Café picard 

Quesmy, cette commune de 170 habitants entre Noyon et Guiscard abrite depuis 2020 une brûlerie. Commercialisé en grande majorité dans la grande distribution, sur le nom de Café picard, ses produits sont très appréciés.

Cédric Lombard, un torréfacteur picard heureux du succès de ses produits.
Cédric Lombard, un torréfacteur picard heureux du succès de ses produits.

Après une belle carrière comme conseiller en ingénierie en informatique pour les PME en Seine-Maritime, Cédric Lombard, 44 ans, s'est lancé dans la torréfaction et le commerce de café moulu ou en grains. «J’ai grandi dans le sud de la France, raconte t-il. Ma tante, qui y vit, tient une brûlerie depuis 30 ans. Son chiffre d’affaires a explosé durant le confinement. Quand nous sommes montés dans le Nord et que nous voulions consommer autre chose nous étions forcement déçus. Ce n’était pas la même qualité. On retrouvait souvent de la sur-amertume. Alors, on en ramenait quand on allait chez elle».

Un succès grandissant

C’est ainsi, que durant cette période charnière du Covid, il a tenu à se rapprocher physiquement de ses parents. Dans une des dépendances du château de Quesmy, leur appartenant depuis 25 ans et lieu événementiel prisé, il a aménagé une brûlerie de 200 m². Le «projet d’une vie», comme il le qualifie, a été porté avec son père Jean-Noël, co-gérant de Torréfacteurs et terroirs. Il l’a aidé pour l’achat de matériel.

«On a commencé ensuite à faire le tour des magasins, confie-t-il. On a connu le succès très vite. Rapidement, le torréfacteur de 25 kg puis la petite emballeuse n’ont plus été suffisants. On a acheté ensuite un torréfacteur de 60 kg et acquérir une emballeuse semi-automatique». Et le résultat est là : l'an dernier, près de 30 tonnes de café ont été torréfiées et les ventes continuent de croître de 30% en moyenne. Le duo, épaulé par une apprentie, est passé d’une vingtaine de clients à environ 80, un chiffre sans cesse en hausse.

Sur le site internet, une carte des matérialise grâce à des dessins de… grains de café. «Nous comptons quelques revendeurs à Paris et en région parisienne mais nous restons focalisés sur la Picardie, explique Cédric Lombard. C’est un café fabriqué par des picards pour les habitants de la région. C’est d’ailleurs pour cela que notre marque s’appelle Le café picard».

Des grains de qualité

Toutefois, c’est au Havre que le café arrive par bateaux. Ils reçoivent dans leur atelier huit variétés différentes avec lesquelles ils composons leur seize recettes : huit cafés moulus, six en grains conditionnés en 500 g et deux en grains vendu en un kilo. «Nous retrouvons dans notre réserve plusieurs sélections que nous torréfions pour des dégustations dites pures comme le Brésil, le Guatemala et le Colombie, narre-t-il. Deux sélections en provenance d’Éthiopie que nous assemblons pour créer notre Moka aux notes douces et fruitées. Deux variétés du Honduras, l'une servant dans nos mélanges Gourmet et Italien, et l'autre en Décaféiné. Enfin, notre unique robusta quant à lui, provient du Vietnam et vient composer notre recette pour le mélange 50-50 Arabica/Robusta».

Côté production, les grains sont cuits puis mis au repos de 24 à 48 heures avant l’ensachage. «Il faut prendre du temps afin que le café dégaze et que la sur-amertume post production parte pour ne laisser la place qu’aux arômes du café», informe Cédric Lombard. Sensible à l’écologie, les co-gérants ont misé sur des emballages en papier et reyclent les cartons de leurs clients, récupérés lors des tournées, pour créer leurs propres contenants. Cependant, les prix de la matière première ne cessent d’augmenter. «Ils montent à cause du dérèglement climatique qui entraîne des événements extrêmes, de l’exode rural qui réduit la main-d’œuvre dans les exploitations, de la consommation mondiale en hausse, des nouvelles normes sur la déforestation influençant les importations, de la spéculation et du marché boursier», argumente-t-il.


Prendre un café le matin est un geste incontournable pour beaucoup de consommateurs, qui ont pris le temps d'apprécier davantage son goût durant le confinement. «Durant le confinement, les gens ont investi dans des bonnes machines avec broyeur à grains, relate-t-il. C’est meilleur et bien plus économique que d’acheter des dosettes. D’ailleurs, 75% de mes ventes sont du café en grain. Le café a des bienfaits naturels et c’est synonyme de convivialité », sourit Cédric Lombard, heureux du succès de leur petite entreprise. Il a d’ailleurs fait des émules. Une de ses cousines a dernièrement créé une brulerie en Corrèze.