Le biogaz, un atout majeur pour les Hauts-de-France

La région s'est fixé pour ambition d'être un leader en matière de production de biométhane. Point d'étape avec les acteurs régionaux de la filière.

Le biogaz peut être une source de revenu complémentaire intéressante pour les agriculteurs. © Pixabay
Le biogaz peut être une source de revenu complémentaire intéressante pour les agriculteurs. © Pixabay

Figurant parmi les axes forts de la politique énergétique de la Région, le biogaz se déploie dans les Hauts-de-France. À tous les niveaux. En quelques mois, les méthaniseurs ont fleuri dans les campagnes et il est désormais question de déployer un réseau de distribution efficace. «Nous nous étions fixé l'objectif d'être une région leader sur le marché du biogaz avec 40 unités de production à l'horizon 2020-2021, rappelle Philippe Vasseur, président de rev3. Fin décembre nous étions à 34 ; 35 aujourd'hui. Et 28 unités sont en cours de construction, dont 20 seront mises en service d'ici fin 2021.»

Objectif atteint donc, et ce n'est sans doute qu'un début. L'important maillage agricole, alliant élevage et cultures, la présence des ports, d'une industrie agroalimentaire forte et un réseau de gazoducs déjà consistant donnent toutes les cartes à la région pour continuer sur sa lancée. «Le biométhane est un atout majeur pour notre territoire. Il entre dans le cadre de l'économie circulaire et c'est aussi un enjeu non négligeable pour le monde agricole», poursuit Philippe Vasseur.

Opportunités et concertation

Les agriculteurs voient en effet dans le biogaz un moyen de trouver un complément de revenu à une production agricole en proie à de grandes variations de prix sur les marchés. 

«Pour nous, cela a aussi été le moyen de transformer la contrainte de développement urbain en opportunité», témoigne Antoinette Sainte-Beuve, agricultrice à Neuville-Saint-Amand près de Saint-Quentin. 

Une opportunité qui suppose toutefois un investissement initial conséquent, et beaucoup de temps auprès du voisinage pour «ne pas laisser s'installer une critique sous-jacente».

«Cela demande un important travail de concertation», confirme Michel Decool, président du Syndicat intercommunal d'énergie des communes de Flandre (SIECF), très engagé sur cette question. En Flandre, «nous avons un potentiel énorme de 816 GWh. Et notre objectif, c'est d'atteindre 182 GWh à l'horizon 2030». 

Un objectif qui passe évidemment par le raccordement de ces installations aux réseaux de gaz. Mais le chauffage n'est pas la seule utilité à cette source d'énergie. «Notre grand espoir, c'est de voir se développer les bornes de rechargement en GNV pour les transporteurs locaux», poursuit Michel Decool. Et ainsi disposer et user d'un carburant, certes carboné, mais produit localement et à base de biodéchets tout aussi locaux.

Des stations GNV en Hauts-de-France

Créée en 2020 par des agriculteurs, la société Opale Berry vient d'ailleurs de lever 1 million d'euros auprès de la société d'investissement CAP 3RI, pour le déploiement d’un réseau de stations de gaz naturel véhicules (GNV) et bioGNV : les stations Gazie.

«Ce partenariat fort avec CAP 3RI va nous donner un effet levier pour développer notre réseau de stations bioGNV en cohérence avec le territoire, se félicite François Dusannier, président de la société Agriopale, cofondatrice d'Opale Berry. Nous gagnerons ainsi en efficience pour contribuer au développement des énergies propres.»

Les stations permettront d’accueillir les véhicules des collectivités, des transporteurs de marchandises et de voyageurs, mais aussi ceux des artisans et des particuliers. Les stations seront ouvertes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et seront équipées en charge rapide et avec des bornes de paiement par carte bancaire. 

«Il faut créer le besoin avant d'investir dans une station, explique Camille Dusannier, chargée de mission chez Opale Berry. Il y a beaucoup de projets de développement du GNV dans les flottes de bus, mais aussi chez les transporteurs.»

Une dynamique que rev3 entend bien entretenir, en levant certaines tensions en local. «C'est le travail collectif et la mise en commun qui vont nous permettre de progresser», conclut Philippe Vasseur.