Le bio séduit de plus en plus de français... davantage exigeants
Le dernier baromètre de “consommation et perception des produits biologiques en France” confirme que le bio s’installe nettement dans les habitudes de consommation. Mais les attentes évoluent, et les critères diffèrent chez les jeunes adeptes, une nouvelle génération davantage éthique et éco-responsable.
Vers une plus grande prise de conscience. Depuis cinq ans, les habitudes et les modes de consommation s’intègrent dans une tendance lourde au changement, à travers le développement et la promotion du marché des produits alimentaires biologiques. En 2018, plus de la moitié des Français (57%) déclarent avoir modifié leurs comportements alimentaires et culinaires. L’étude, menée fin 2018, auprès de 2 000 personnes, par Spirit Insight pour l’Agence bio, organisme public pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique, montre ainsi que cette révolution presque culturelle est protéiforme. La cause écologique joue, bien sûr, un rôle central dans cette transition vers une consommation plus responsable et durable. Préfigurant l’avenir, la génération Z des 18-24 ans représente à elle seule ce changement visible des esprits, notamment par sa plus grande sensibilité aux questions environnementales et sociétales.
Les jeunes générations, gardiennes de l’avenir
Cartographiés dans sept grands groupes ou typologies de Français en fonction de leurs manières d’appréhender les produits alimentaires biologiques, les jeunes sont représentés avant tout dans trois groupes : les jeunes citadins peu attachés, les jeunes familles converties et les peu confiants. Le point en commun réside dans le premier pas effectué dans le bio. En 2018, 27% des jeunes de 18-24 ans sont de nouveaux consommateurs réguliers. Et leurs motivations diffèrent du reste de la population : ceux-ci sont les plus nombreux à consommer des produits alimentaires biologiques, à la fois pour des raisons éthiques et/ ou sociales (soit 32%, contre 25% pour l’ensemble) ainsi que pour le bien-être animal (37%, contre 28%). Par ailleurs, 47% de cette génération considère qu’il est normal de payer plus cher un produit alimentaire bio, alors que pour 84% des Français le prix constitue l’un des premiers freins à l’achat de ces produits. Malgré un manque de réflexe, elle est également sensible aux produits biologiques, tout en ayant confiance et une bonne connaissance. On note aussi que 27% des jeunes ont l’intention d’augmenter leur consommation dans les six prochains mois.
Une pédagogie nécessaire
Mais, globalement, dotés de connaissances assez solides sur les produits bio et sur les grands principes qui régissent cette agriculture, les Français sont encore nombreux à douter de leur valeur nutritionnelle supérieure. Tandis que 53% estiment le cahier des charges de l’agriculture française plus contraignant depuis cinq ans, l’étude montre aussi que leur confiance à l’égard des informations fournies sur les produits reste fragile. Et leur niveau d’exigence en la matière augmente : ils souhaitent avant tout plus de transparence sur l’origine des produits, la réglementation et davantage de contrôles.
L’attirance vers le bio se confirme
Malgré un score record depuis quatre ans puisque près de neuf Français sur dix (88%) déclarent avoir consommé des produits biologiques, on note à la fois une stagnation de la consommation régulière (au moins une fois par mois), un recul de la consommation journalière et l’arrivée de nouveaux consommateurs. Par ailleurs, ce sont les produits disponibles de longue date en magasins qui composent le panier moyen des adeptes du bio, réalisé la plupart du temps en grandes et moyennes surfaces. Aujourd’hui, sept consommateurs bio sur dix souhaitent en trouver davantage. Quant aux attentes en termes de lieux de distribution hors domicile, celles-ci restent très fortes, puisque, en moyenne, 70% des Français sont intéressés par une telle offre. La restauration scolaire serait le lieu privilégié avec 85% d’intéressés auprès des foyers avec enfants.
Émergence d’un état d’esprit
Aujourd’hui, une grande majorité de Français ont pris conscience de l’impériosité de consommer plus responsable et durable. Au-delà d’une simple mode passagère, on assiste véritablement à une tendance de fond qui se renforce chaque année. Désormais, les consommateurs privilégient l’approvisionnement local, les produits de saison, la lutte contre le gaspillage, ou encore le fait maison et donc la valeur gustative des produits bio. Cette démarche plus éco-citoyenne se remarque également dans la consommation de produits biologiques non alimentaires. En 2018, de belles progressions sont à souligner, notamment pour les produits ménagers (61%) et les cosmétiques et produits d’hygiène bio (57%).
En définitive, le bio amène la France à accélérer le mouvement à travers l’appropriation de nouvelles façons de consommer et d’être. En 2018, plus 6 200 agriculteurs sont passés au bio, rappelle en préambule de l’étude, Gérard Michaut, président de l’Agence Bio. Des adeptes supplémentaires qui se feront ainsi les chantres d’un mode de vie écologique et responsable.