Le Belem, plus d'un siècle d'aventure pour l'emblématique trois-mâts

En 128 ans, le Belem, fleuron du patrimoine maritime français à bord duquel la flamme olympique arrivera à Marseille mercredi, a connu plusieurs vies, frôlant l'oubli et de la destruction...

Le trois-mats français Belem quitte le port du Pirée pour rallier MArseille avec à son bord la flamme olympique le 27 avril 2024 © ANGELOS TZORTZINIS
Le trois-mats français Belem quitte le port du Pirée pour rallier MArseille avec à son bord la flamme olympique le 27 avril 2024 © ANGELOS TZORTZINIS

En 128 ans, le Belem, fleuron du patrimoine maritime français à bord duquel la flamme olympique arrivera à Marseille mercredi, a connu plusieurs vies, frôlant l'oubli et de la destruction avant de devenir un navire école préservé.

A moins de trois mois de l'ouverture des Jeux de Paris-2024, le trois-mâts parti du port grec du Pirée, en Grèce, le 27 avril, doit entrer dans le Vieux-Port de Marseille mercredi en fin d'après-midi après avoir été escorté, si le temps le permet, par un millier de bateaux.

Année des premiers Jeux olympiques de l'ère moderne, 1896 marque aussi la naissance du Belem, sorti des chantiers Dubigeon de Nantes.

Trois-mâts à coque en acier, long de 58 mètres, il porte alors le nom de son comptoir de commerce au Brésil. Et il peut transporter jusqu'à 675 tonnes de chargement.

Pour cela, il peut compter sur ses Perroquets et ses Cacatois, ses Diablotins ou ses Marquises: des voiles qui, une fois toutes hissées, atteignent la surface de 1.200 m2.

A l'époque il fait partie de la flotte des six trois-mâts-barque de l’armement Crouan Fils. Et on le surnomme le "yacht", en raison de sa ligne épurée. 

Rhum et cacao

Il a pour territoire l'Atlantique et les traversées vers les Antilles ou l'Amérique du sud. Il effectue 33 campagnes commerciales jusqu'en 1914, transportant jusqu'en France des fèves de cacao d’Amazonie, du rhum et de la canne à sucre.

En 1914, victime de la concurrence des bateaux à vapeur, et alors que la Première Guerre mondiale s'apprête à sonner le glas des voiliers commerciaux, il est sauvé de l'abandon par le duc de Westminster qui le transforme en yacht.  

Ce dernier le revendra ensuite au brasseur Arthur Ernest Guinness, vice-président des brasseries du même nom, qui le renomme "Fantôme II". Il sera ensuite désarmé en 1939 sur l'île de Wight (Angleterre) où il reste durant la Deuxième Guerre mondiale.

Pris dans les bombardements allemands en baie de Cowes en 1941, le Fantôme II, qui avait échappé par miracle en 1902 à l'éruption volcanique de la montagne Pelée en Martinique, entame en 1951 une nouvelle vie de navire-école pour orphelins de la mer grâce à l'Italie, avec la "Fondation Vittorio Cini".

Et c'est finalement de la France que viendra en 1978 le sauvetage définitif. Une souscription nationale est lancée à l'initiative de l'Association nationale pour le sauvetage et la conservation des anciens navires français (ASCANF), à laquelle s'associent les Caisses d'Epargne et la Marine nationale, et d'importants travaux de coque sont entrepris. Les Caisses d'Epargne offrent finalement le dernier trois-mâts français, classé monument historique en 1984, à l'Etat qui en fait don à la "Fondation Belem".

Cette dernière se donne aujourd'hui pour mission "d'accueillir à quai le plus grand nombre de possible de visiteurs" et "favoriser la transmission des savoir-faire de la grande marine à voile".

34QU2CQ