L'avenir d'Arjowiggins n'est pas garanti à Wizernes

François Decoster s'engage : il veut être aux côtés des salariés d'Arjowiggins.
François Decoster s'engage : il veut être aux côtés des salariés d'Arjowiggins.

La papeterie Arjowiggins, dont le procès a débuté en avril 2015, n’a pas fini de faire parler d’elle. L’avenir est incertain pour les salariés de l’entreprise, suspendus à un projet de reprise. La CASO, à travers François Decoster, s’engage à soutenir les salariés, même si le repreneur éventuel, Green Elephant, a les cartes en main : «Je connais leur situation. Ils sont dans un âge compliqué pour envisager une reconversion professionnelle. C’est difficile autour de 50 ans de se reconvertir…» En février, le syndicat CGT de l’entreprise Arjowiggins de Wizernes a fait appel au Conseil d’État afin de démontrer l’irrecevabilité du motif économique des licenciements. «Nous avons été déboutés de notre contestation du plan de sauvegarde de l’emploi devant le tribunal administratif de Lille le 2 juillet dernier», détaille Franck Saillot, délégué syndical central CGT. Même jugement pour le tribunal administratif de Douai le 28 janvier.

Solution ? «Nous avons une solution du côté de Green Elephant, poursuit le syndicaliste. Cette entité serait composée de fonds d’investissements britanniques, allemands et luxembourgeois, ainsi que d’un ancien directeur du site. Ce montage permettrait de reprendre le site de Wizernes ainsi que Stora Enso, qui fonctionne actuellement à 20% de ses capacités. Stora Enso nous fournirait la matière première pour notre activité.» Une affirmation elle aussi contestée par la direction : «Arjowiggins Wizernes n’a jamais reçu d’offre de reprise tangible et présentant un projet pérenne pour l’avenir du site. Les derniers contacts que nous ayons eus remontent à plus de huit mois.» Mauvaise foi, répond la CGT : la loi Florange engage une entreprise de plus de 1 000 employés (Arjowiggins en compte plus de 7 000) à chercher un repreneur. «Sans obligation de résultat, souligne Franck Saillot. Depuis avril 2014, une close de non-concurrence a été mise en place dans l’entreprise, qui empêche une entreprise du secteur papier de reprendre l’usine. Quelqu’un pourrait donc reprendre les murs, mais impossible que ce soit un papetier.» Arjowiggins, de son côté, conteste : «Cette clause a été levée dès 2014.» Pour la CGT, elle n’est plus écrite, mais reste valable, même de façon tacite…

Stora Enso. Du côté de Corbehem, Stora Enso est réticent à vendre son site, et ce, même avec un family fund de 5,5 millions d’euros pour la reprise du site de Corbehem… Green Elephant est toutefois toujours présent à la table, même si la reprise d’Arjowiggins seule n’est pas à l’ordre du jour. Il faut que tous les acteurs se mettent d’accord pour un projet de reprise. Green Elephant veut reprendre les deux sites, Stora Enso ne veut apparemment pas vendre, du moins pas dans ces conditions. «Nous n’avons pas le choix, confie François Decoster, président de la CASO. Il n’y a qu’un repreneur dont le business plan est basé sur la reprise simultanée des deux sites industriels.» Le doute qui planait sur l’autorisation d’exploitation – qui, en principe, s’arrêtait au bout de deux ans d’inactivité, le 12 mars dernier – a été levé : si Arjowiggins est reprise, l’autorisation d’exploiter sera délivrée.

Motif économique. Pour le syndicaliste, le motif économique des licenciements n’est pas recevable : l’entreprise a fait 16 millions de bénéfices en un an au niveau national. La papeterie de Wizernes, elle, n’est pas en aussi bonne santé, répond la direction d’Arjowiggins par voie de communiqué. «Il faut replacer la fermeture du site Wizernes dans le contexte de marché, répond l’entreprise. Le marché des papiers graphiques pour le secteur de l’impression, sur lequel opère Arjowiggins Graphic, est en décroissance structurelle du fait de la réduction de consommation de papier en Europe. Les volumes et les marges se sont contractés très significativement depuis 2008. Les papiers graphiques produits par la division graphique à laquelle appartient le site de Wizernes étaient fortement déficitaires. Dans ces conditions, Arjowiggins ne pouvait plus assurer la pérennité de l’usine.»

Le rôle des élus. Face à cette situation en apparence inextricable, François Decoster a décidé de saisir Emmanuel Macron, afin que ce dernier discute avec son homologue finlandais autour de Stora Enso qui apparaît indissociable du projet de reprise d’Arjowiggins. «Si l’issue est favorable, la reprise serait quasiment intégrale à Wizernes. D’abord 200 personnes, puis au fur et à mesure, on arriverait à la capacité actuelle de l’usine.»

Comité de soutien. Un comité de soutien aux salariés d’Arjowiggins a été mis en place le 21 mars dernier à l’initiative de Didier Talleux, du Front de Gauche. Composé d’élus, de syndicalistes et de proches des travailleurs concernés, le mouvement peine cependant à prendre de l’ampleur. Difficile de voir comment aider des salariés autrement que via des courriers ou un appui citoyen massif.

Salariés protégés. En ce qui concerne les salariés protégés, les licenciements suivent une procédure particulière qui nécessite l’autorisation de l’inspection du travail. Les premières demandes de licenciement ont été refusées par l’inspection du travail de Boulogne-sur-Mer. Cette décision va faire l’objet par Arjowiggins d’un recours auprès du ministère du Travail dans les jours qui viennent. Affaire à suivre…

Au cas où… François Decoster évoque de «bonnes nouvelles» concernant l’avenir industriel du Pays de Saint-Omer : «D’ici la fin de l’année, il devrait y avoir des emplois industriels supplémentaires.» L’élu annonce vouloir sensibiliser les entreprises souhaitant s’installer sur le territoire à l’emploi des salariés touchés par cette crise. Et ce, même si Frank Saillot veut une reprise, pas un reclassement.

CAPresse

François Decoster s'engage : il veut être aux côtés des salariés d'Arjowiggins.