L'audace des colibris

La fondatrice de l'auto-entreprise lilloise Les Colibris vient de remporter le prix de l'Audace 2020. Retour sur la création d'une activité tournée vers l'écologie et l'économie sociale, lancée au beau milieu du confinement.

Parmi les créations des Colibri, des lingettes démaquillantes lavables.
Parmi les créations des Colibri, des lingettes démaquillantes lavables.

Sophie Tulpain, fondatrice des Colibris.

Sophie Tulpain, fondatrice de l’auto-entreprise Les Colibris, a remporté le mois dernier le prix Audace 2020, organisé par la Fondation Le Roch-Les Mousquetaires, en partenariat avec l’Union des auto-entrepreneurs et des travailleurs indépendants.

Il faut dire que, de l’audace, elle en a bel et bien fait preuve ces derniers mois. Non seulement la créatrice a l’ambition de «sauver la planète», mais elle s’est lancée dans cette aventure le jour même du début du premier confinement.

Sur son e-shop, ouvert le 15 mars dernier, Sophie Tuplain vend des accessoires qui permettent aux consommateurs d’adopter progressivement une démarche zéro déchet. Il s’agit de pochettes à vrac pour faire ses courses, de «débarbouillettes» lavables pour remplacer les carrés de coton jetables ou de charlottes en tissu pour couvrir ses plats à la place du traditionnel papier aluminium.

Créer une communauté déculpabilisée

«Démarrer son activité dans de telles conditions était risqué, mais c’était une période très connectée et j’en ai fait profit, se rappelle Sophie Tulpain. Il était plus simple de prendre la parole et d’être entendu sur les réseaux. Les gens ont aussi commencé à s’engager, car tout le monde se rend compte qu’il faut faire quelque chose pour la planète.» Depuis, Les Colibris ont vendu plus de 600 accessoires. Et depuis septembre, les créations sont aussi disponibles dans 14 boutiques (essentiellement des épiceries vrac et des concept stores) de toute la France.

En recevant le prix Audace, l’entrepreneuse remporte la somme de 4 000 euros. Une enveloppe qu’elle choisira d’investir dans la communication afin de se faire connaître davantage.

Son but est de créer une vraie communauté engagée pour «changer le monde» : les termes sont forts, et si Sophie Tulpain les prononce en riant, elle y croit. D’ailleurs, elle s’est entourée d’autres entrepreneurs œuvrant pour le zéro déchet afin de rassembler les forces. «C’est bien pour cela que la marque s’appelle Les Colibris. Cela reprend la fable selon laquelle chaque action, aussi petite soit-elle, peut avoir un impact pour une grande cause.» Pour inspirer ses clients à faire de même, elle tient également une rubrique blog sur son site internet. «Je transmets des conseils, et aussi beaucoup de bonnes nouvelles. Je veux déculpabiliser les consommateurs pour les aider à y aller crescendo. Parce que si on veut changer toutes ses mauvaises habitudes d’un coup, on se décourage très vite. Je ne veux pas être alarmiste, il ne faut pas se laisser abattre par des chiffres qui font peur et qui nous donnent une impression d’impuissance.» Ces chiffres, ce sont par exemple 568 kg de déchets ménagers produits par chaque Français chaque année, dont 2 160 cotons, tandis que 8 millions de tonnes de plastique sont déversés dans les océans… «Le but n’est pas de devenir parfait. Moi-même je ne le suis pas encore : ma démarche écologique date de moins de deux ans et j’ai encore une grande marge de progression. Mais tout le monde peut commencer.»

La positivité de bout en bout

L’entrepreneuse cherche à avoir un impact positif dans tous les détails. Ainsi, 80% des matières utilisées pour ses créations sont issues de l’up-cycling, c’est-à-dire des chutes de tissus récupérées chez des créateurs de la région ou chez des particuliers. La confection est ensuite endossée par des femmes éloignées de l’emploi, participant à des ateliers d’insertion. «Je viens du monde de la mode. J’étais responsable digitale pour une marque de fast fashion et je me suis rendue compte que je ne me retrouvais pas dans les valeurs de l’entreprise. Cela été le début de ma prise de conscience en ce sens», justifie Sophie Tulpain.