L'art de créer un jardin
C’est une saga familiale qui dure depuis plus d'un siècle, sans doute parce que Prat paysages a su se réinventer par la diversification de son activité. L'ancien pépiniériste en arbres fruitiers est devenu un paysagiste reconnu sur le territoire picard.
Ma famille a fondé la pépinière en 1875. À l’époque, notre clientèle était constituée de châtelains qui désiraient agrémenter leurs maisons de campagne avec des rosiers, des buis ou encore des arbres fruitiers, dans un style très classique », explique Thierry Prat, dirigeant de Prat paysages. Depuis, cinq générations se sont succédé et chacune a su s’adapter aux contraintes et exigences de son temps. La fin de la belle époque a sonné le glas de ces grandes propriétés, lieux de villégiature de la bourgeoisie. Au tournant des années 70, changement de paradigme : c’est l’époque des grands ensembles. « Nous nous dirigions vers une clientèle plus institutionnelle, nous nous sommes orientés vers l’aménagement grand public, les espaces verts des municipalités », précise le dirigeant.
À partir des années 80, la mode du lotissement et des petits jardins individuels apparaît. Le jardin s’en trouve révolutionné et se démocratise. Les résidents commencent à voir le jardin comme une pièce supplémentaire de leur habitat, un lieu propice à la rêverie et à la détente qu’il faut aménager et embellir. « Nous avons commencé à développer notre activité d’aménagement en proposant des terrasses », commente Thierry Prat. Les balbutiements d’une nouvelle ère…
Décorateur de jardin
« Au cours des années 2000, on a abandonné la production. Une page de l’histoire de la société se tournait pour concentrer son développement sur l’aménagement et l’entretien », explique le dirigeant. L’horticulture devenait un métier hasardeux avec beaucoup d’investissement et des risques financiers importants.
Les banques devenaient réticentes. Dorénavant, Prat paysages se fournira auprès de producteurs français ou étrangers.
Jardin à l’anglaise, à la française ou bien mixte, la diversité est grande car « un jardin doit représenter l’état d’esprit du client. »
« Nous sommes des décorateurs, nous jouons sur la géographie du terrain et assemblons les matériaux : les végétaux, les minéraux ou encore le bois », ajoute Thierry Prat. Le jardin évolue. Au départ les paysagistes créent une colonne vertébrale autour de laquelle les plantes s’épanouiront dans un espace structuré et champêtre. La société emploie neuf salariés. Elle réalise un chiffre d’affaires de 900 000 euros.
Cependant, elle connaît un ralentissement de son activité avec la baisse de la commande publique. « L’entretien représente 20 à 30% de notre activité, ce qui nous permet de garder la tête hors de l’eau », précise le dirigeant.
Prat paysages, bien enraciné, affronte la tempête sereinement mais avec une vigilance accrue.
Alban LE MEUR