L'Arena mord la poussière, le territoire respire

Après la défaite de Michel Delebarre à Dunkerque, le projet d'une "grande salle" de 10 000 places était sur le fil. Objet d'une forte crispation durant la campagne municipale, le partenariat public/privé noué avec Vinci a été purement et simplement ajourné par Patrice Vergriete, nouveau maire et président de la communauté urbaine de Dunkerque.

« Patrice Vergriete, président de la CUD a enterré le projet d'Aréna de Michel Delebarre en  avril dernier ».
« Patrice Vergriete, président de la CUD a enterré le projet d'Aréna de Michel Delebarre en avril dernier ».
CAPresse 2014

Patrice Vergriete, président de la CUD, a enterré le projet d'Arena de Michel Delebarre, en avril dernier.

 

L‘Arena ne se fera pas. Ainsi en ont décidé les maires des villes du territoire. Les mêmes qui avaient pourtant voté (avec leurs conseils municipaux) en faveur de ce projet lors de leur précédent mandat sous l’autorité de Michel Delebarre…

Les partenaires sollicités pour l’accomplissement de ce projet ne s’en vanteront pas, mais cet abandon fait économiser 17 millions à l’Etat, 15 millions au Conseil régional (30 millions dans le premier plan !) et quelques autres millions au conseil général du Nord. La CUD devait y apporter 37 millions d’euros et 70 millions d’emprunts venaient compléter le montage. S’ils n’avaient pas osé s’y opposer, les maires peuvent aujourd’hui respirer : l’argent destiné à la “grande salle” pourra irriguer les projets dans leurs communes respectives. Pour la CUD, l’arrêt du projet signifie plusieurs choses : d’abord, le montant du dédit qui va peser (13 millions d’euros) dans les comptes de la CUD, «30 millions d’euros depuis l’origine du projet» selon Patrice Vergriete. Quand le 25 octobre 2012, au lendemain de la signature du contrat officiel, la société Dunkerque Arena  constituée pour l’occasion entre Vinci et SCO 52 (liée au promoteur dunkerquois BECI) − dépose son permis de construire, le constructeur Vinci ne s’imaginait pas que le sénateur-maire de Dunkerque serait sévèrement battu par son ancien adjoint aux sports et à la jeunesse, ni même qu’il repousserait la pose de la première pierre initialement prévue en novembre 2013 à l’après-scrutin municipal. Pendant la campagne, le candidat Vergriete surfera sur la vague anti-Arena en oscillant entre son abandon et sa remise à plat, Michel Delebarre concédant, quelques mois avant le scrutin, un redimensionnement. Mais l’Arena se révèle être le projet «de trop» : trop grand avec ses 26 626 m2, trop cher avec ses 112,4 millions d’investissements et ses 300 mois de remboursements, faisant varier la douloureuse de 182 à 230 millions d’euros sur 27,6 ans pour la CUD, qui se fendait même d’une avance sur redevance de 10 millions. Un abandon sans doute dû aussi à une occupation somme toute peu satisfaisante malgré la résidence des clubs de basket et de handball…

 

Le conseil de Michel Gilmet. Lors de la réunion publique du 26 juin 2013, la salle de Petite-Synthe faisait le plein d’opposants. Michel Gilmet, ancien président de la CCI de Dunkerque désigné commissaire-enquêteur, mettait en exergue dans son rapport cinq points névralgiques : «opportunité et dimensionnement, coût excessif et financement incertain, implantation et voisinage inquiétant de sites Seveso, réticence sur le processus partenariat public/privé, interrogation sur le fait de subordonner la réalisation de l’Arena au complexe d’aménagement commercial (du Nord-Gracht)»… Quatre réserves et cinq recommandations auguraient déjà d’une chute annoncée, parmi lesquelles la réalisation d’une étude d’impact complète avec une réelle prise en compte de la fluidité des trafics attendus (parking, voirie, échangeur A16 étant «indissociables de la construction de l’Arena») ; l’anticipation d’un accident majeur conduisant à évacuer via le franchissement du canal de Bourboug ; la séparation du projet commercial du projet. Mieux, le commissaire-enquêteur conseillait Michel Delebarre de saisir la Commission nationale du débat public. Un enterrement de première classe à l’époque. On peut désormais compter sur les maires de l’agglomération pour faire valoir leurs projets.