Lancement d'une nouvelle opération contre l'insécurité et l'immigration irrégulière à Mayotte
Une nouvelle opération de lutte contre l'insécurité, l'habitat indigne et l'immigration irrégulière, "Mayotte place nette", a débuté mardi sur l'archipel français de l'océan Indien, impliquant 1.700 gendarmes et policiers pour onze...
Une nouvelle opération de lutte contre l'insécurité, l'habitat indigne et l'immigration irrégulière, "Mayotte place nette", a débuté mardi sur l'archipel français de l'océan Indien, impliquant 1.700 gendarmes et policiers pour onze semaines, un an après l'intervention controversée "Wuambushu".
Cette opération "de grande envergure" qui se déroulera jusqu'à la fin du mois de juin a commencé aux "premières lueurs de l'aube autour du même triptyque que Wuambushu", a annoncé lors d'une conférence de presse à Paris la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux.
A la différence de "Wuambushu", toutefois, aucun renfort massif de forces de l'ordre n'est attendu. Mais une "centaine de renforts spécialisés (...), notamment des policiers aux frontières et des officiers de police judiciaire vont nous aider à mener ce travail de précision", a souligné la ministre auprès de l'AFP.
Principaux objectifs: l'arrestation de "60 individus particulièrement recherchés" et la destruction "de 1.300 bangas" (cases), "soit deux fois plus que ce qu'a permis de faire Wuambushu 1", a-t-elle ajouté.
Au total, "Mayotte place nette" représente un engagement d'environ 1.700 personnels des forces de l'ordre, selon la ministre qui évoque "un pas de plus vers le retour de la paix sociale et de l'ordre républicain pour les Mahorais".
Sur le terrain, la première action de "Mayotte place nette" devait consister mardi matin en la destruction de logements illégaux à Doujani, un quartier du sud de Mamoudzou, pour laquelle 400 policiers et gendarmes sont mobilisés.
Mais selon des sources locales, l'opération a été perturbée par la réaction violente de jeunes du quartier.
"Effectivement, quand les forces de l'ordre pénètrent dans un quartier où ils vont démanteler des trafics et (où) on s'apprête à détruire des bangas, ça génère un certain nombre de heurts et d'affrontements", a estimé Marie Guévenoux, assurant que le "programme se déroule tel qu'il était prévu".
"Ce matin, je suis arrivé dans un brouillard de gaz lacrymogène. Des pierres jonchaient la route, des vitres de voitures avaient été brisées", a raconté à l'AFP Ferdinand Borja, professeur au collège de Doujani, assurant que le démantèlement avait fini par avoir lieu, mais disant craindre une intensification des violences dans les jours à venir.
- Implication de l'armée -
"Les Mahorais pourront compter sur le soutien de nos armées", a aussi précisé la ministre, ajoutant qu'un bâtiment de la Marine nationale serait mobilisé dans le canal du Mozambique pour "bloquer la route des Grands Lacs".
Les migrants de la région des Grands Lacs (République démocratique du Congo, Burundi, Rwanda...) sont de plus en plus nombreux à venir à Mayotte. Leur installation dans l'enceinte d'un stade à Mamoudzou, en 2023, avait provoqué des tensions avec des habitants que n'a pas apaisées le démantèlement de ce camp, plusieurs centaines dormant dans la rue.
Autre annonce: les capacités de rétention sur l'île seront augmentées avec la création d'un quatrième local de rétention administrative. Une enveloppe de cinq millions d'euros a été débloquée pour l'hébergement d'urgence des migrants interpellés dans le cadre de l'opération.
"On vit constamment dans la peur (...) On attend une amélioration (face à) la violence, que les bidonvilles cessent de s'agrandir et que tous les immigrants qui arrivent" cessent de venir, a confié à l'AFP Raïma Salimou, une agente administrative, après l'annonce de cette opération.
"On vit dans une situation d'insécurité: est-ce que ça va changer quelque chose? C'est ma question", résumait pour sa part Mboiboi Junior, un chef cuisinier interrogé par l'AFP.
"Mayotte place nette" succède à l'opération Wuambushu lancée au printemps 2023. Handicapée par des débuts chaotiques, Wuambushu n'avait pas eu les résultats escomptés, avec par exemple 700 "bangas" détruites contre un objectif d'un millier.
Courant février, un nouveau préfet a été nommé pour notamment préparer la suite, François-Xavier Bieuville.
"Depuis un mois, nous faisons un travail de préparation avec les acteurs qui ont vécu Wuambushu 1. Nous en avons tiré des enseignements. Et nous avons fait venir des équipes de métropole pour structurer davantage les secteurs où nous avons pêché", a déclaré celui-ci à l'AFP lundi.
Le calme était partiellement revenu ces dernières semaines mais le soir de l'Aïd (fête musulmane marquant la fin du Ramadan) a signé le retour des violences et des caillassages, avant un week-end agité dans les quartiers de Doujani et Mtsapere, où étaient justement annoncées des opérations de démantèlement.
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