Laigneville : la communauté de communes rachète la champignonnière souterraine
Mise en vente par le propriétaire après la mise en liquidation de l'entreprise exploitante en 2021, la champignonnière souterraine de l'Oise pourrait être à nouveau exploitée.
Après un an de fermeture, la champignonnière de la Croix Madeleine, à Laigneville, devrait retrouver son activité prochainement. Les « murs » de la dernière champignonnière souterraine de l'Oise viennent en effet d'être rachetés par la Communauté de communes du Liancourtois – Vallée dorée, qui compte bien y installer un nouvel exploitant.
Dominique Delion, vice-président de la collectivité en charge du développement économique, de l'emploi et des circuits-courts, explique ses motivations : « De nombreux acteurs sont intéressés par les champignonnières pour s'en servir de zone de remblais. Cela présente deux inconvénients : cela fait disparaître un élément du patrimoine, et cela aurait contrarié notre volonté de travailler sur les circuits-courts. »
Faciliter le développement économique
Aussi, lorsque la champignonnière est mise en vente par le propriétaire, après la mise en liquidation de l'exploitation de Ludovic Barré en 2021, la collectivité se positionne rapidement pour la racheter. Un choix conforté par la présence d'un potentiel repreneur pour l'exploitation, dont le projet a su convaincre les élus du territoire. Ces derniers, en conseil des maires, puis en conseil communautaire, ont validé le projet.
Si l'impact pour l'emploi n'est pas très important, puisqu’à priori trois emplois seraient créés, il rentre toutefois dans les plans de la Communauté de communes dont l'impact est plus grand encore. Ces emplois locaux viendront en effet appuyer le projet de développement des filières en circuits-courts, qui s'inscrit dans le projet de territoire de la collectivité. « Nous aimerions développer un réseau de producteurs suffisamment diversifiés pour faciliter la création de points de distribution multi-producteurs », explique notamment Dominique Delion.
« On a vocation à être des facilitateurs, ajoute René Kazmierczak, directeur du développement économique et de la prospective territoriale. Le cas de la champignonnière est un très bon exemple. L'investissement est porté par la collectivité, qui a la possibilité de l'amortir sur une durée plus longue. Mais au-delà, c'est à l'entrepreneur de développer un schéma économiquement viable. »
Un risque mesuré
Pas si facile, dans le cas de la champignonnière, quand on sait que l'entreprise en place jusqu'en 2021 a vu son chiffre d'affaires s'effondrer de 70 000 euros en seulement quatre mois. Mais le potentiel repreneur, qui ne souhaite pas encore s'exprimer et avec qui un bail rural doit être conclu, imagine un modèle différent. « Le futur exploitant était lui-même client de la champignonnière, argumente Dominique Delion. Il est déjà implanté et dispose de débouchés. Il veut aller vers une production contrôlée avec des débouchés garantis. Au lieu de dix employés sur le site, il s'en irait vers trois, seulement, et des charges du coup moins élevées. »
Pour la collectivité, en tout cas, le risque est mesuré. L'investissement s'élève à 80 000 euros pour le terrain, auxquels seront ajoutés 20 000 euros de remise aux normes électriques et de ventilation, qui seront partagés entre la collectivité et le futur exploitant à une hauteur qui reste à déterminer. Et si par malheur, l'activité venait à péricliter, la Communauté de communes envisage déjà un plan B. « On a aussi le volet touristique : si l'activité ne devait pas être viable, on essaierait d'exploiter ce site sous cet angle-là », conclut Dominique Delion. Une autre manière de préserver et faire vivre le patrimoine.