L’AG, la succession et les interrogations...
Changement de président à l’occasion de l’assemblée générale de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle. Le 14 octobre à Nancy, au cœur du chapiteau Magic Mirrors (Nancy Jazz Pulsations oblige), Alban Vibrac, pilote de la menuiserie éponyme de Maxéville, a succédé à Daniel Cerutti, le patron de Wig France, après six années passées à la tête de la fédération. Le tout dans un climat législatif et réglementaire loin d’être des plus réjouissants pour la profession.
«Nous sommes des bâtisseurs et nous savons nous adapter !» Et de l’adaptation, Alban Vibrac, le nouveau président de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle, sait bien en son fort intérieur qu’il va en falloir. Le 14 octobre à l’occasion de l’assemblée générale de la fédération au sein du chapiteau Magic Mirrors (Nancy Jazz Pulsations oblige) devant le parterre habituel des responsables de l’écosystème entrepreneurial et économique et politique (bien présent comme d’habitude avec une petite sensation de précampagne avant les échéances de l’année prochaine), il a tenu son premier discours de président après un passage de témoin en bonne et due forme de son prédécesseur Daniel Cerutti. «Je laisse la fédération dans de bonnes mains», assure celui qui a passé six années à la tête de l’organisation de représentation de la profession du BTP dans le département. Six années avec leurs lots de difficultés, d’interrogations législatives et d’évolution nécessaire de la profession «pour faire face aux métiers de demain et à la nouvelle vision actuelle de la construction qui entre dans une véritable ère d’industrialisation constructive.» Des changements, des adaptations, il y en a toujours eu mais aujourd’hui face aux différentes annonces faites par le gouvernement, le secteur est plus que sur le qui-vive. La suppression progressive du taux réduit de TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) sur le GNR (Gazole non routier) souhaitée par le gouvernement dans le projet de loi de finances pour 2020 n’a pas fini de faire tousser.
GNR, PTZ, CITE…
«Nous déplorons que cette suppression soit de nouveau envisagée. Il n’a pas échappé au gouvernement que cette mesure permettrait de rapporter 900 millions d’euros qui reposeront toutefois quasiment que sur notre secteur. 730 millions pour les travaux publics et 70 millions pour le bâtiment», exposent les deux présidents en reprenant les arguments nationaux de leur fédération. Si la suppression est étalée sur trois ans, histoire normalement de permettre aux entreprises d’anticiper et de préparer le coup, il est indéniable que bon nombre ne pourront y faire face. «Il existe bien des mesures compensatoires avec des incitations financières pour acquérir du matériel moins polluant mais le problème c’est qu’aucune alternative technique permette d’éviter une consommation de gazole», assure Daniel Cerutti. Il est vrai que l’on n’a encore jamais vu un tractopelle hybride ou électrique ! Au GNR vient s’ajouter la transformation du CITE (Crédit d’impôt transition énergétique) en prime avec des dispositifs frôlant le cornélien. «La plupart des ménages qui réalisaient ses types de travaux ne seront plus enclins à le faire avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer pour la profession.» Dans la même veine, la fin du PTZ (Prêt à taux zéro) dans les zones rurales est également source d’inquiétudes. Cerise sur le gâteau, le plafonnement de l’effet de la déduction forfaitaire spécifique dans l’allégement général des charges vient en ajouter une couche jugée déjà bien épaisse pour les professionnels du secteur. L’adaptation sera donc plus que nécessaire mais il apparaît pour certaines entreprises qu’elle sera loin d’être suffisante. À moins que l’État ne fasse machine arrière comme l’an passé sur le GNR. Pas si sûr…
Activité bonne, marges en berne
Point positif : l’activité du bâtiment «se veut plutôt bonne», comme l’assure Alban Vibrac, le nouveau président de la Fédération du BTP 54. Une croissance au niveau national de près de 1,3 % en volume «mais qui s’avère purement conjoncturel et peu pérenne», comme l’explique la FFB dans un communiqué. «Il n’en demeure pas moins que malgré cette bonne activité, les marges de nos entreprises continuent à s’effondrer», précise Alban Vibrac.