L'accompagnement, première clé de réussite

La 19e édition de la Semaine du handicap se tient du 16 au 22 novembre. L'occasion de mettre en lumière les acteurs de terrain et les réussites dans le cadre des dispositions légales actuelles, bien que les derniers chiffres de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) confirment l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi handicapés en France : ils sont au nombre de 452 701 début 2015, soit une augmentation de presque 10% en un an.

«ERDF est un partenaire privilégié du GEIQ. 5 personnes ont été embauchées sur ses plateaux »
«ERDF est un partenaire privilégié du GEIQ. 5 personnes ont été embauchées sur ses plateaux »

Leur taux de chômage est deux fois plus important que chez les personnes valides. On relève néanmoins quelques indices d’amélioration, notamment dans le domaine des entreprises d’au moins 20 salariés qui seraient plus nombreuses que les années précédentes à remplir leurs obligations d’emploi de personnes handicapées. Cap intérim, le GEIQ Emploi et Handicap, et Handicap emploi Côte d’Opale œuvrent dans le Pas-de-Calais dans ce sens, vers une meilleure insertion de ces personnes.

Cap intérim. Patrick Doise, responsable de l’agence Cap intérim à Calais, avait jusqu’au mois de juillet dernier pour prouver que le modèle économique de l’intérim pouvait fonctionner avec les personnes en situation de handicap. C’est chose faite. Du mois d’avril, date de sa prise de fonctions dans l’agence, à aujourd’hui, lagrément octroyé par la Dirrecte est passé de 6 ETP (équivalents temps plein) à 30 ETP. Une satisfaction qu’il ne cache pas, dans un contexte économique pourtant morose. Une vingtaine d’entreprises sont clientes chez Cap intérim. Habitat 62/59 fait notamment souvent appel à elle pour recruter des remplaçants de gardiens d’immeuble ; de même des entreprises du tertiaire qui recherchent des agents administratifs ; ou encore l’industrie en quête de manutentionnaires, caristes ou agents de production. L’agence de Calais est la troisième du réseau à avoir été créée, après la Somme qui compte 16 ETP et l’Oise 13.

Travail en milieu ordinaire. C’est en 2006, afin d’étoffer son offre de services en faveur de l’emploi des personnes handicapées, que l’association Cap énergie, qui gère des structures de travail protégé (ESAT), crée la SARL Cap intérim, une entreprise de travail temporaire d’insertion (ETTI) spécialisée dans l’accompagnement des personnes handicapées pour favoriser leur insertion dans le milieu ordinaire du travail. «La différence avec une agence intérimaire classique est le soin particulier que l’on va apporter à l’accompagnement de la personne, explique Patrick Doise. Nous travaillons avec elle sur la confiance, le savoir-être. Nous réfléchissons à la manière de lui insuffler une dynamique sans qu’elle s’en rende compte et nous mettons en avant ses compétences.» A la fin du premier entretien, qui dure parfois plus d’une heure, le bout de papier qui mentionne la reconnaissance de travailleur handicapé n’est plus embarrassant pour le demandeur d’emploi qui s’interroge souvent sur le fait de le mentionner ou non dans son CV. «Je leur explique que ‘handicapé’ n’est pas une compétence», souligne le responsable. Cap intérim travaille en partenariat avec les structures existantes sur le territoire, comme Cap emploi, Pôle emploi, les OPCA dans le cadre des formations ou le GEIQ Emploi et Handicap dans le cadre des contrats de professionnalisation. L’objectif étant pour ces personnes de monter en compétences et de décrocher un emploi pérenne. Sur l’année 2015, Cap intérim a enregistré 92% de sorties positives, dont des CDI, des CDD de plus de six mois ou des contrats de professionnalisation. Trois nouvelles agences ouvriront avant la fin de l’année, à Saint-Quentin dans l’Aisne, à Arras et à Dunkerque. Ses permanents passeront de sept à dix dès le mois de décembre. Pour l’année 2015, le réseau Cap intérim devrait enregistrer un chiffre d’affaires de 1,6 million d’euros.

Le GEIQ Emploi et Handicap. Le groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification Emploi et Handicap (GEIQ) a récemment décerné un label RSE (“Responsabilité sociétale des entreprises”) au service d’ERDF Nord-Pas-de-Calais pour son engagement dans l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. A Calais, cinq contrats ont été signés à l’agence ERDF qui est un partenaire historique, et qui accueille deux collaborateurs sur les métiers de conseillers clientèle Le GEIQ, dont le siège est à Marcq-en-Barœul, est piloté et géré par ses entreprises adhérentes ou des collectivités et associations, mobilisées pour favoriser l’insertion des personnes éloignées du marché du travail. Ainsi, le GEIQ sélectionne, recrute et met à disposition de ses adhérents des salariés en contrat d’alternance ou d’insertion. Il organise les parcours de formation pour ces personnes et leur fait bénéficier d’un double tutorat et d’un accompagnement socio-professionnel.

Un tremplin pour les demandeurs d’emploi. Gérard Beauvois préside cette institution depuis plus de sept années et se souvient qu’à l’époque où il avait pris ses fonctions, il n’y avait qu’un demi-salarié mis à disposition et douze contrats en cours. «A ce jour, nous avons six salariés permanents et plus de soixante contrats rémunérés, souligne le président. Je dois avouer être assez fier de ce résultat, du temps et de lénergie que nous déployons collectivement pour la réussite de cette association que je dois présider comme une véritable entreprise.» Depuis 15 ans, le GEIQ a permis l’embauche de plus de 500 personnes handicapées grâce aux concours des 65 entreprises partenaires. A l’issue des parcours en alternance, 74% des personnes trouvent un emploi durable chez le distributeur ou dans d’autres entreprises, dans des métiers aussi variés que conseiller clientèle, technicien d’intervention en clientèle, gardien d’immeuble ou encore maître-chien. Ce dispositif est un véritable tremplin pour ces personnes et une richesse avérée pour les personnels qui les accompagnent dans les entreprises.

HECO. Quai des entreprises HECO (Handicap emploi Côte d’Opale) est une association loi 1901 créée en 2003 à Coquelles. Sur appel d’offres, HECO a été retenue par l’Agefiph sur le Littoral, l’Audomarois ainsi que sur les Flandres, en cotraitance avec l’APAHM, pour porter les offres de services dont le Service d’appui au maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés (SAMETH). Les conseillers “maintien” accompagnent les employeurs privés et publics, les salariés, afin de rechercher ou faciliter la mise en place de solutions de maintien dans l’entreprise pour des salariés en situation de risque de licenciement pour inaptitude médicale. Ces solutions peuvent concerner la mise en place de bilans d’orientation, tutorat, formation en vue d’un reclassement interne, des adaptations techniques et organisationnelles de poste en vue d’un maintien au même poste de travail. Sur les dix premiers mois de l’année, 202 interventions du SAMETH ont abouti à un maintien réussi dans l’entreprise. Quant au service EPAAST, il fait appel à des ergonomes qui réalisent des études pour permettre l’insertion ou le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés. Et le service ALTHER emploie des chargés de mission qui réalisent des diagnostics et accompagnent les entreprises dans leurs réponses à l’obligation d’emploi de 6% de travailleurs handicapés. Sur le Littoral, une réelle dynamique est permise grâce à un partenariat actif avec les services de santé au travail, les différents services de la sécurité sociale, la MSA, le RSI. HECO intervient également dans les collectivités territoriales à la demande des Centres de gestion.

Autant de dispositifs qui permettent aux personnes en situation de handicap de garder la tête haute et de s’inscrire dans un environnement social valorisant. Une gageure dans un contexte où l’amélioration de l’état de santé dans les pays développés s’accompagne aujourd’hui d’un poids croissant des maladies chroniques vis-à-vis des maladies aiguës. Certaines maladies ont un impact très important sur les incapacités, notamment les affections neuropsychiatriques, au premier rang desquelles la dépression, les démences, les affections ostéo-articulaires comme l’arthrose, les maladies des organes des sens, en particulier la surdité, les affections respiratoires chroniques et enfin les traumatismes. Ainsi, le handicap n’est pas la simple conséquence d’une maladie ou d’un traumatisme. Il dépend aussi beaucoup de facteurs environnementaux. « Réduire les handicaps relève en partie de la médecine, mais aussi pour une large part de la société», relève la Cofemer, le Collège français des enseignants universitaires de médecine physique et de réadaptation.

CAPRESSE

Lucy DULUC