La Virgule redessine un monde plus circulaire

Une virgule, c'est la suite de quelque chose, l'occasion de marquer une pause avant de repartir. Au-delà d'un point de chute, c'est la seconde vie du produit que les cofondateurs de cette bagagerie technique upcyclée veulent mettre à l'honneur.

Benoît Gourlet et Nathan Douillard, deux des trois associés de l'entreprise La Virgule.
Benoît Gourlet et Nathan Douillard, deux des trois associés de l'entreprise La Virgule.

Ancien «ingénieur tongs» chez Decathlon, Benoît Gourlet s’est rapidement trouvé confronté au recyclage des produits – ou plutôt au non-recyclage. «Il n’y a aucune filière de recyclage des produits sportifs alors qu’il y en a pour l’habillement. En fin de vie, les skis, chaussures ou surfs sont soit incinérés, soit enfouis», regrette-t-il. Il s’appuie sur la bonne volonté et l’engagement de Decathlon qui lui fournit des palettes de kayaks gonflables. Plus de deux tonnes de matières premières ont ainsi été recueillies l’an dernier. Une véritable aubaine, agrémentée d’un design subtilement travaillé : le sac upcyclé est composé à 95% de kayak et de tapis de yoga pour les anses. Avec les chutes, La Virgule imagine des sacoches d’ordinateurs et, demain, des sacoches de vélo, des trousses, des housses… La créativité semble infinie chez les trois porteurs du projet, Nathan Douillard, Benoît Gourlet et Maxime Labat. Et parce que leur business se veut responsable jusqu’au bout, ils font appel à un ESAT, L’Atelier du Détroit à Calais, pour confectionner leurs créations. Un kayak donne ainsi naissance à trois sacs à dos. Surtout, les différentes couleurs flashy permettent de créer un accessoire à la fois design et responsable. «Nous récupérons les kayaks tels quels, avant de les amener à l’atelier. Il arrive donc régulièrement que nos couturières y trouvent de l’eau ou des algues ! Ensuite elles les découpent et les nettoient», explique Benoît Gourlet. Un savoir-faire sur lequel ils peuvent compter et qui entre pleinement dans leur vision entrepreneuriale, comme l’explique Nathan Douillard, le dernier à avoir rejoint l’aventure il y a six mois : «L’humain nous tient à cœur. Nous permettons à des personnes de travailler, c’est notre shot de bonne humeur.»

Made in Hauts-de-France

En janvier 2020, 150 premiers sacs de La Virgule ont été vendus, suite à une campagne de financement participatif lancée en juin 2019. Un vrai succès qui a confirmé un projet né en octobre 2018. Les cofondateurs travaillent aussi sur des sacoches de vélo en crash pad (un tapis de chute en escalade), lancées d’ici Noël. Ils se sont constitué une bibliothèque de matières potentiellement recyclables et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont tous les trois des idées à revendre. Ils travaillent en ce moment sur un sac à dos ultra light en toile de tente. «L’upcycling est une démarche complètement différente : on part de la matière pour créer ensuite. Nos produits se veulent utiles, durables et esthétiques. On fait aussi le pari d’avoir des produits monochromes et faciles à porter», précise Benoît Gourlet. Actuellement, 60 sacs sont produits chaque mois.

Vers le B to B

Adeptes de la micro-aventure – «On prend une tente, notre vélo, et on revient le lendemain» –, Benoît, Nathan et Maxime veulent démocratiser leurs produits et ont, par exemple, baissé le prix de leur sac de 20€ pour le rendre plus accessible (il est en vente au prix de 120€, nldr). Pour l’instant exclusivement on-line, les produits de La Virgule pourraient être vendus en boutique selon les opportunités. Les associés réfléchissent également à développer le marché B to B, en proposant des produits à l’effigie d’une entreprise. D’ici trois ans, ils espèrent être six salariés pour un chiffre d’affaires avoisinant les 400 000€. Mais surtout, ils rêvent d’investir dans un atelier urbain pour donner une seconde vie à un bâtiment, tout en mettant en avant la conception pour «faire se croiser le digital et l’authentique».


Trophées de la mode circulaire #1

C’est une toute première édition qui récompensera des projets qui présentent un produit et/ou un service qui allient innovation et durabilité, tout en proposant de nouveaux modèles économiques, en phase avec les enjeux de RSE, d’écoconception et de recyclage. Ils sont 27 à être finalistes, pour 7 trophées et 2 coups de cœur. Leurs créations sont exposées à la Manufacture de Roubaix jusqu’au 16 octobre. Il ne reste que quelques jours pour voter sur le site des Trophées de la mode circulaire (https://www.modecirculaire.com/) jusqu’au 14 octobre.