La vie d’après...
Voilà trois ans, Julien Bestron fréquentait encore le haut du panier. Ses deux mètres et quelques centimètres l’aidaient à tutoyer les sommets. Basketteur professionnel pendant dix ans, il a dû mettre sa première vie de côté à cause d’une banale blessure, l’angoisse du sportif de haut niveau. S’en est suivie une longue période d’incertitude, de doute avant un rebond et un come-back à Nancy.
Impossible de demander à Julien Bestron ce qu’il voulait faire lorsqu’il était petit, tant il est difficile d’imaginer qu’il ait été haut comme trois pommes un jour ! Du haut de ses 2m03, le gaillard en impose. Pourtant, assez vite, il se livre, sans voile. Sa naissance à Nancy puis sa jeunesse à Saint-Max… jusqu’au divorce de ses parents où il apprend à tout séparer en deux. Comme tous les garçons de son âge, il s’essaie d’abord au football puis au hand-ball et au judo sans grand enthousiasme. Jusqu’au jour où, à l’âge de 12 ans, il saisit au bond une balle de basket. C’est le déclic, le début d’une passion dévorante. «J’ai su à ce moment-là ce que j’allais faire» souligne-t-il. Tout naturellement, Julien prend une première licence à Saint-Max mais il est très vite repéré par le SLUC. «Tout s’est accéléré. J’ai joué les championnats régionaux puis intégré les équipes régionales et enfin le pôle espoir». Ce géant au regard doux commence alors à envisager une carrière chez les «pros». Alors qu’il rêve de porter les couleurs du SLUC, il est obligé de quitter Nancy. «Il n’y avait pas de place pour moi» souligne-t-il avec regret. C’est le début de l’exode.
Cap à l’Ouest
Julien Bestron signe son premier contrat pro à 18 ans avec le club d’Angers. Puis il y aura Quimper, Reims, Orchies, de nouveau Angers puis Blois où tout s’arrêtera. À ses débuts, la presse est élogieuse. Elle décrit le jeune pivot comme un joueur talentueux, polyvalent, «bon dos au panier», adroit… Bref, de quoi lui permettre de rejoindre très vite le très haut niveau. À cette époque, il est d’ailleurs sélectionné en équipe de France avec les espoirs pour l’Euro 2006. Mais entre les lignes, on commence aussi à deviner une fragilité physique. Son corps tiendra tant bien que mal pendant dix ans. Au printemps 2016, il finit pourtant par lâcher. Pendant des mois il va refuser l’impossible pour lui et s’accrocher aux maigres espoirs médicaux. «J’ai enchaîné les opérations et les rééducations en me disant que cela ne pouvait pas s’arrêter». Pourtant, deux ans après il abdique et met un terme à sa carrière pro.
Le difficile travail de deuil
Il s’ensuit alors des mois difficiles où même ses «copains» de basket finissent par lui tourner le dos. «Je ne savais pas trop quoi faire» raconte-t-il. Julien Bestron décide alors de revenir à Nancy, son fief, en quête d’un peu de réconfort familial. Mais cela ne suffit pas pour nourrir son homme. Après avoir mené une vie d’insouciance faite de fêtes, de bières et de basket, le retour à la réalité est brutal. Son bac ES ne lui est pas d’un grand secours. C’est lors d’un voyage au Canada, qu’il découvre le «lancer de hache». Il décide de tenter l’aventure à Nancy. Désormais, il promène sa grande carcasse du bar aux cibles en expliquant avec patience les règles du jeu, comme il le fait avec les enfants qu’il coache. Le basket est en effet encore très présent dans sa vie. Il a décidé en parallèle de son activité professionnelle, d’être agent de joueur. Sa mission : repérer les futurs pros ! Ceux qui comme lui rêveront de fréquenter le haut du panier.
En dates :
12 mars 1986 : naissance à Nancy ;
2005 : signature premier contrat pro avec Angers ;
2006 : euro de basket en Turquie avec l’équipe de France – 20 ans ;
2015 : blessure à la cheville et au mollet. Fin de carrière ;
Juin 2019 : ouverture du Wildness Nancy, lancer de hache.