La Trousse à projets, un outil de financement novateur et utile

Lancée en 2017, la plateforme de financement participatif permet de soutenir des initiatives portées par des enseignants d’établissements publics et privés sous contrat. En 2024, près de 3 000 projets ont été déposés, dont 128 dans les Hauts-de-France.

La Trousse à projets est un outil qui permet de financer des initiatives tout en respectant les règles de l’Education nationale liées à la gestion de fonds. © Pixabay
La Trousse à projets est un outil qui permet de financer des initiatives tout en respectant les règles de l’Education nationale liées à la gestion de fonds. © Pixabay

En 2017, le ministère de l’Éducation nationale et quelques partenaires, comme le Crédit Coopératif et le réseau Canopée, ont imaginé «La Trousse à projets», une plateforme permettant de soutenir financièrement des initiatives portées par des établissements scolaires. «Cela vient répondre à un rapport de 2015 qui montrait que, selon l’emplacement de l’école, les élèves n'avaient pas les mêmes chances d'accès à des projets pédagogiques. Notamment parce que les premiers contributeurs sont les parents et qu’il existe une réelle disparité économique entre les territoires. La plateforme a donc pour objectif de favoriser l'égalité des chances entre les élèves», explique Julie Carbonnier, directrice de La Trousse à projets. En 2024, dans les Hauts-de-France, 128 projets portés par 47 collèges ou lycées et 81 écoles ont ainsi été publiés sur la plateforme, pour un montant total collecté de 176 650 euros.

Élargir le cercle des donateurs

Tous les projets pédagogiques sont éligibles. La plateforme est ouverte aux enseignants de la maternelle au lycée, du public et du privé sous contrat. «La seule condition est que cela ne se substitue pas à un financement de l'État ou des collectivités territoriales. On ne finance pas, par exemple, l’aménagement d’une classe», détaille Julie Carbonnier, qui évoque la grande diversité des projets mis en ligne. «Si 60% des initiatives concernent des classes de découverte, on trouve également des projets autour des arts, du numérique, ou encore des voyages internationaux», poursuit-elle.

En 2024, 2700 collectes ont été lancées, pour un montant moyen de 1400 euros et un taux de réussite de 94%. «La Trousse à projets offre la possibilité de financer des activités supplémentaires ou de réduire la participation des familles», analyse Julie Carbonnier. Si, dans un premier temps, les collectes sont abondées par les proches et la communauté éducative, le bouche-à-oreille permet d’attirer d’autres publics, tels que les amis, voisins, et même les acteurs économiques locaux. «50% des projets publiés ont été soutenus par au moins une entreprise du territoire, puisque 70% d’entre elles partagent le même code postal que l’école», souligne la directrice de La Trousse à projets, qui rappelle que tous les dons sont défiscalisés.

Né pendant le confinement, le projet De Cosserat tu causeras a rassemblé 128 donateurs et permis de vendre une centaine de livres. © Aletheia Press / D. La Phung

Vivre des expériences fortes

À Amiens, Louis Teyssedou, professeur d’histoire au lycée professionnel Edouard Gand, a été l’un des premiers à s’emparer de cet outil de financement participatif. Baptisé «De Cosserat tu causeras», le projet prévoyait en 2021 la réalisation d’un livre à partir des archives de l’usine textile et le montage d’un spectacle dans un Ehpad. «Au départ, notre besoin était de 6000 euros. Cela a rapidement pris une grande ampleur», se souvient l’enseignant. Devant le succès de l’initiative, Louis Teyssedou a relevé le plafond de la collecte pour pouvoir réaliser davantage d’ouvrages.

Cette année, le professeur amiénois a de nouveau publié un projet sur la plateforme : Washington en Somme. Celui-ci met en avant les liens entre les Américains et les habitants de la Somme entre 1918 et 1948, à travers une exposition conçue à partir d’archives inédites. Il doit permettre à sept élèves de s’envoler pour Washington, où elles rencontreront notamment la petite-fille d’Eleanor Roosevelt. «La collecte vient financer environ 20% du voyage. La Trousse à projets fait en sorte qu’il n’y ait pas de ségrégation financière, mais c’est aussi un moyen de responsabiliser les élèves, car, en contrepartie des dons, nous allons produire des cartes postales, des affiches, des tote bags, et pour les mécènes, un carnet de voyage», pointe Louis Teyssedou.

Car l’un des atouts de l'enseignement professionnel, c’est que les contreparties proposées aux donateurs s'appuient sur les compétences des élèves. Pour Cosserat, l’enveloppe de la couverture du livre en velours a été réalisée par les élèves de bac pro métiers de la mode et du vêtement. «Hormis le côté artistique du projet, c'est aussi une opportunité de montrer tout ce dont ils sont capables», conclut l'enseignant.