Rencontres «Villes durables en actions» à Dunkerque
La transformation économique ne se fera pas sans adhésion collective
La Halle aux Sucres de Dunkerque a accueilli pour la 2e fois, le 16 septembre dernier, les rencontres «Villes durables en actions», un événement national qui permet aux villes, collectivités territoriales, entreprises et experts d’échanger sur leurs expériences, innovations et idées autour de la question - urgente - de la transformation écologique des territoires.
Organisée par l’association France Villes durables, présidée par le maire et président de la communauté urbaine de Dunkerque, Patrice Vergriete, la 2e édition de «Villes durables en actions» s’est penchée, par le biais de conférences et d’ateliers, sur un sujet majeur pour les prochaines années : la transformation écologique et la résilience des territoires qui apparaissent essentielles pour une meilleure qualité de vie des habitants et une meilleure santé.
Avec, sous-jacentes, de nombreuses questions. Que va-t-on produire et consommer sans compromettre davantage les équilibres naturels de la planète ? Comment économiser de l’énergie ? Comment nous loger, nous chauffer, nous rafraîchir, nous déplacer ? Quelles nouvelles logiques territoriales encourager pour une meilleure adaptation aux canicules, sécheresses, inondations… ? Et comment montrer tous les bénéfices de la transformation écologique pour les habitants ?
73% des Français prêts à transformer leur mode de vie
Pour étayer ce propos, l’association avait fait réaliser en amont, par l’institut BVA, un sondage sur les efforts qu’étaient prêts à consentir les Français sur leur qualité de vie ou sur la transformation de leur mode de vie pour répondre aux enjeux environnementaux. Celui-ci a démontré qu’une large majorité d’entre eux (64%) considérait qu’il était urgent que chacun transforme en profondeur son mode de vie pour pouvoir faire face aux défis environnementaux et sociétaux qui vont se poser à la France. Par ailleurs, 65% des personnes interrogées estiment que le facteur le plus important en termes de qualité de vie au quotidien réside dans un cadre de vie agréable, sain et non pollué.
Toutefois, elles sont dans les mêmes proportions à penser qu’il est difficile de transformer en profondeur son mode de vie pour limiter son impact environnemental, notamment en raison du coût financier. A nuancer cependant, puisque trois Français sur quatre (73%) se déclarent prêts à transformer en profondeur leur mode de vie actuel afin de limiter leur impact environnemental. Ils sont également 68% à considérer avoir plus à gagner qu’à perdre en menant à bien ces changements.
L’indispensable adhésion des citoyens
Ce résultat rejoint complètement les propos tenus par Bruno Hervet, directeur général de Suez Consulting et de Smart Cities (villes interconnectées), lors de la table ronde «La transformation de l’économie pour des territoires plus résilients». «Il faut assumer le fait qu’il n’y aura pas de transformation économique sans acceptabilité sociale et sociétale et sans choix politique. Et c’est une entreprise qui vous le dit, a-t-il martelé. Il faut qu’il y ait adhésion collective, avec des citoyens acteurs de cette transformation. Parce que la transformation économique, c’est changer drastiquement la vie des gens au quotidien. Et cette adhésion ou non-adhésion, qui mieux qu’un élu local, avec sa connaissance fine du territoire, peut la sentir ? La réaction des habitants ne sera pas la même que l’on soit à Dunkerque ou à Chalon-sur-Saône, parce que la ville, l’histoire de ces villes n’est pas la même.»
Invité à s’exprimer ensuite, Fabrice Bonnifet, directeur développement durable du groupe Bouygues, a abondé en ce sens en affirmant que rien ne pourrait se faire sans un «choc d’explication des citoyens». Il a appelé à anticiper les enjeux du «confort d’été» au risque de rendre nos villes invivables, militant pour l’aménagement dans les zones urbaines de «zones froides». Fabrice Bonnifet a plaidé également pour une nouvelle façon d’utiliser nos espaces, appuyant sur la nécessité d’intensifier leurs usages afin de pouvoir éviter de nouvelles constructions dont on sait qu’elles ont un mauvais bilan carbone. Il a enfin émis l’idée de mettre en place une «banque du bâtiment» dans laquelle il serait possible de récupérer, pour les réutiliser, des matériaux après démolition de bâtiments. «Il faut vraiment repenser la notion de déchets», a-t-il conclu.