La sucrerie Tereos de Lillers, un siècle d’histoire

Depuis un siècle, le site de Lillers transforme la betterave en sucre. Si l’usine historique entame actuellement sa centième campagne, du chemin a été parcouru pour en arriver là. Tout commence en 1924 par l’initiative de plusieurs agriculteurs, ambitieux et audacieux, de mutualiser leurs moyens et se regrouper à travers une coopérative agricole. L’objectif à l’époque : valoriser davantage leur production betteravière. Ils reprennent alors la petite distillerie, ouverte à la fin du 19ème siècle, la transforment en sucrerie et montent un conseil d’administration. «À l’époque, on était considérés comme des aventuriers. On nous disait que ça ne marcherait jamais» se souvient un ancien agriculteur.

100 ans plus tard, la coopérative réunit 2 200 coopérateurs et transforme 2 millions de tonnes de betteraves par campagne. «Il fallait avoir du cran et c’est grâce à cette idée audacieuse qu’ont eue les agriculteurs du territoire qu’on en est là aujourd’hui. Ce lieu symbolise bien plus qu’une chaîne de production [...] Ici on perpétue un savoir-faire, le tout dans un esprit familial» témoigne Gérard Clay, président du conseil d’administration. Les hommages aux agriculteurs à l’origine de la coopération se sont succédés. «C’est une remarquable histoire humaine, une histoire d’agriculteurs qui ont pris leur destin en main et c’est d’autant plus réconfortant de célébrer des modèles exemplaires en cette période mouvementée» témoigne Amel Gacquerre, sénatrice du Pas-de-Calais. «Tereos est une richesse pour le territoire et c’est aussi le symbole d’un lien fructueux entre l’agriculture et l’industrie» a de son côté rappelé Maurice Leconte, vice-président de la CABBALR (Communauté d'Agglomération de Béthune Bruay Artois Lys Romane).

L’usine emploie à ce jour 155 personnes et contribue à plus de 2 000 emplois indirects sur le territoire. Au total, 17 000 tonnes de betteraves sont transformées chaque jour à Lillers soit 1 200 tonnes de sucre produites quotidiennement. Le site fabrique donc du sucre à destination de l’industrie agroalimentaire mais pas que. Elle fabrique des alcools à destination du marché des spiritueux et de la parfumerie-cosmétique, des pulpes surpressées à destination de la nutrition animale et des écumes sèches et vinasses destinés à la fertilisation des sols.

Investissements massifs

Etendue sur 65 hectares, l’usine qui traverse le temps a fait l’objet d’investissements stratégiques depuis la fin des années 1990. En 1988, le site s’est doté d’un nouveau lavoir, en 2000, d’une nouvelle tour de diffusion, en 2002, d’un nouveau méthaniseur des eaux ou encore de nouvelles distilleries en 2013. L’année 2024 marquera également plus de 20 millions d’euros investis dans de nouveaux filtres presse installés pour permettre des économies d’eau, d’énergie et réduire encore les pertes de matières sucrées. À horizon 2033, plus de 90 millions d’euros d’investissements sont prévus afin de poursuivre la modernisation du site qui, pour rappel, a fusionné avec Tereos en 2006. «Depuis 1924, cette communauté a multiplié par 100 sa dimension et donc son ambition. Aujourd’hui, dans un contexte de défi économique et climatique, l’objectif est d’améliorer la compétitivité de la coopérative en répondant aux défis de demain» précise Olivier Leducq, directeur général de la coopérative Tereos.

La décarbonation au coeur de la politique

Le groupe Tereos est engagé dans une stratégie de décarbonation ambitieuse. La preuve en chiffres : 800 millions ont été investis dans ses différentes usines en Europe. «On se diversifie, on innove, on décarbone. Le site de Lillers pourrait être décarboné d’ici 10 à 15 ans soit en avance sur les ambitions de Tereos» insiste Rémy Santonja, directeur de l’usine. Tereos, qui fait partie des dix acteurs les plus engagés en matière de changement climatique, s’engage à réduire de 65 % ses émissions de GES (gaz à effet de serre) en Europe à horizon 2033.