La succes-story d'Apaches Collections
Clémentine Deroubaix et Clémence Wattinne, amies de longue date, sont à la tête de cette marque de vêtements, linge de lit, de table... et surtout des célèbres foulards imprimés que femmes, hommes et enfants s'arrachent ! Rencontre avec les deux acolytes.
Une chose saute aux yeux en entrant dans les locaux flambant neufs d'Apaches à Wasquehal : Clémentine Deroubaix et Clémence Wattinne sont des associées fusionnelles... Tout se passe comme si l'une pouvait en permanence lire dans les pensées de l'autre, et répondre la même chose à sa place. «Une fois, on a essayé de ne pas se parler pendant une journée et de travailler chacune dans notre coin, ça a duré dix minutes !» sourit la première.
Fondatrice de la désormais célèbre maison Apaches, à l'issue d'études de commerce elle coud, coud, et recoud. Une passion héritée de sa mère, qu'elle a matérialisée en créant depuis chez elle des vêtements pour enfants à la demande. La mère de (désormais) cinq enfants trouvait en effet qu'il y avait peu de choix «sympas» pour les petits garçons. Peu à peu l'envie lui vient de franchir la porte d'une usine roubaisienne, ses patrons sous le bras, pour lancer de petites séries. «J'ai vraiment commencé en micro-production», relate-t-elle. Le concept plaît, elle songe à se développer, mais en respectant sa philosophie : 'doucement, mais sûrement'. Au fond d'elle, elle a par ailleurs «toujours eu envie de s'associer»...
De Hong Kong à Roubaix
C'est là que Clémence Wattinne, l'amie de l'une de ses petites sœurs, entre en piste. L'avocate en droit de la propriété intellectuelle vit à Hong Kong avec sa famille, elle peine à trouver un emploi dans ce domaine. La jeune femme est en quête de quelque chose de nouveau, elle est encore loin d'imaginer l'aventure qui l'attend... «Une nuit je reçois un mail, je m'en souviens encore, c'était en janvier 2017 ! Clémentine me proposait une association sur Apaches. C'était quelque chose de sérieux. Un projet important. Pas un 'side-job'», comprend-elle d'emblée. «Depuis toujours, nous étions connectées sur la créativité. Enfants, on cousait beaucoup toutes les deux, et passions beaucoup de temps sur les loisirs créatifs», se remémore-t-elle.
Pendant un an et demi, les deux associées collaboreront à distance, passant des heures au téléphone chaque jour. Clémentine Deroubaix peine à trouver des fournisseurs pour ses mini-séries, Hong Kong sera la clé : «il y avait des marchés immenses consacrés au tissu, on a découvert le bleu Klein, des coloris et des matières extraordinaires»... et les collections se développent peu à peu.
«On fonctionne à l'instinct»
Ensuite tout s'enchaîne. Clémence rentre en France en 2018, quelques mois plus tard les deux associées s'installent à Blanchemaille à Roubaix. Mais sans être incubées. «On n'a jamais fait de business plan, et nous sommes en auto-financement. On fonctionne à l'instinct», résume Clémentine Deroubaix. L'intuition a d'abord été de ne pas ouvrir de boutique – «même si on a eu cette chance de tomber sur des concept-stores pour s'exposer» –, poursuit Clémence, mais de fonctionner avec un site de vente en ligne. L'autre force de frappe : Instagram, sur lequel opère Clémentine. «On a eu énormément de demandes de la part de boutiques et, depuis quatre ans, ça a vraiment explosé», relate l'entrepreneuse. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : sur les foulards, en débutant à 50 pièces, le volume a été multiplié par plus de mille. «Nos pièces sont vendues dans près de 300 boutiques, dont 10% à l'international ; Tokyo, New York ou l'Australie», explique-t-elle. L'équipe est désormais composée de quatorze personnes dont les stylistes, et enregistre un chiffre d'affaires de 2,7 millions d'euros, en croissance de 50%.
Après les vêtements pour enfants, pour adultes, les foulards, l'enseigne décline depuis peu ses collections dans l'art de la table, le linge de lit ou les sacs et accessoires. La confection se fait désormais au Portugal, et surtout à Jaipur en Inde, via l'ancestral artisanat du hand block-print, qui consiste à graver le dessin sur un tampon en bois. Les couleurs et motifs apparaissent en trempant le tampon dans l'encre, qui sera ensuite frappé sur le tissu. Une fois imprimé, ce dernier est plongé dans des bains pour fixer les couleurs.... Et c'est une fierté pour les deux associées que de travailler avec leur atelier du bout du monde. «Nous avons une relation privilégiée avec eux», indiquent celles qui reviennent justement d'un voyage sur place. «Un peu grâce à nous, cette manufacture s'est agrandie et permet de nourrir des dizaines de familles. On est connectées avec leur amour de la nature, leur rapport aux couleurs, leur bienveillance». Les deux dirigeantes gardent toutefois les pieds sur terre. «Cela reste de la mode, on ne sauve pas des vies !», tempère Clémentine Deroubaix.