Marchés parallèles
La Somme signe à son tour une convention pour lutter contre le trafic de cigarettes
La convention territoriale de lutte contre la fraude et les marchés parallèles de tabac a été signée en préfecture, le 10 mars dernier. L’objectif est de coordonner l’action de la préfecture, des douanes, des gendarmes, des policiers et des buralistes pour lutter contre le trafic, en expansion depuis deux ans.
Après l’Aisne et l’Oise, le département de la Somme a désormais sa convention territoriale de lutte contre la fraude et les marchés parallèles de tabac. Cette convention est une déclinaison nationale établie en janvier 2022 par le ministère de l’Intérieur, et, ce 10 mars, la Somme est le 66e département à la signer. Ce dispositif vise à « coordonner l’action des acteurs publics, douane, police, gendarmerie, pour mieux accompagner les 290 buralistes de la Somme avec le concours de leur fédération départementale », indique Michaël Lachaux, le directeur régional des douanes de Picardie. L’année dernière, ses services ont saisi « plus de 9 tonnes de tabac de contrebande dans la Somme, et près de 15 tonnes pour les trois départements picards ».
Un marché parallèle lucratif
En France, « la contrebande représente 35% de la consommation de cigarettes », indique Philippe Laveau, buraliste à Montdidier, et président de la Fédération départementale des buralistes de la Somme. Un trafic qui se présente sous deux aspects, explique-t-il, « d’abord l’achat de tabac en grosse quantité au Luxembourg notamment, où le paquet est moitié moins cher qu’en France, environ 5 euros, et les cigarettes sont ensuite revendues ici ».
Une fraude qui touche particulièrement la Picardie, étant donné sa situation géographique, proche de ce pays. Avec la fermeture des frontières durant le Covid, les buralistes ont mesuré l’ampleur de cette fraude, « en 15 jours de temps, pendant le premier confinement, détaille le président de la fédération des buralistes, notre chiffre d’affaires a été multiplié par deux, voire par trois ».
Usines clandestines
L’autre partie du trafic concerne la contrefaçon. « Ce sont des produits encore plus dangereux que le tabac, car ils contiennent du plastique, des déchets, ils sont fabriqués dans des usines clandestines en France, et pour les trafiquants, un paquet leur revient à 1 euro, revendu ensuite 5-6 euros dans la rue. » Une usine de ce type a d’ailleurs été démantelée en janvier dernier, près de Rouen, considérée comme la plus grande fabrique de cigarettes de contrefaçon découverte en France à ce jour, où plus de 100 tonnes ont été saisies.
« Face à l’augmentation des prix du paquet, ces trafics se multiplient depuis deux ans, ajoute le buraliste, car ceux qui hier faisaient de la drogue font aujourd’hui du tabac, c’est moins risqué et il y a beaucoup plus de clients potentiels .» Un trafic qui s’étend sur internet, via les réseaux sociaux, « il est très facile d’acheter des cartouches moins chères, j’ai moi-même fait le test ». D’où la création récemment, en Picardie, de deux agents des douanes formés spécialement pour cette lutte numérique.
Les conséquences sur les 290 buralistes du département sont importantes, « ces bureaux de tabac font travailler entre trois et quatre personnes, et font vivre des familles entières, martèle Philippe Laveau. Depuis le début de l’année, deux buralistes ont mis la clé sous la porte, sans compter ceux en procédure de dépôt de bilan ». Il salue la signature de la convention, qui va « permettre une meilleure communication entre les forces publiques. Nous allons pouvoir leur faire remonter nos observations, nos signalements de points de trafic ». La convention permet également de renforcer la sécurité des buralistes, avec des référents gendarmerie et police nationale. « Ils seront là pour nous aider à évaluer les risques dans notre commerce, nous conseiller sur les mesures à mettre en place, notamment la mise en place de caméras à l’extérieur. »