La Socarenam tient bon la barre

L'entreprise calaisienne de construction navale est en très bonne santé, avec un carnet de commandes plein jusqu'en 2024... Passer la crise du Coronavirus ne sera pas un problème selon Philippe Gobert, son président.

11 patrouilleurs, 3 vedettes, 1 drague propulsée au GPL… Le carnet de commande de la Socarenam est bien rempli. (Aletheia Press / MR)
11 patrouilleurs, 3 vedettes, 1 drague propulsée au GPL… Le carnet de commande de la Socarenam est bien rempli. (Aletheia Press / MR)

La Socarenam (Société calaisienne de réparation navale et mécanique) a dû fermer tous ses chantiers dès le 17 mars. Toutefois, l’activité a pu reprendre progressivement à partir du 14 avril sur ses sites à Calais, Boulogne, Etaples et Saint-Malo, avec 20 à 30% des effectifs. Le 11 mai, l’ensemble des sites avait repris à 100%. Une bonne nouvelle puisqu’il faut maintenant reprendre les chantiers pour que le retard ne soit pas trop grand. «Nous travaillons sur des bateaux de taille variée, plusieurs corps de métiers peuvent travailler dans la même zone, explique le président-directeur général de l’entreprise, Philippe Gobert. Il a fallu organiser les différents postes de travail.» Si le dirigeant est tellement motivé pour que ses équipes reprennent le travail, c’est que le carnet de commandes de l’entreprise est bien chargé…

Des commandes jusqu’en 2024

Les clients de la Socarenam sont nombreux : l’Etat français, d’abord, avec un contrat qui assure une pérennité et une charge de travail à l’entreprise jusque fin 2024, signé le 17 décembre dernier, à hauteur de 250 M€ pour six patrouilleurs outre-mer de 82 mètres pour la marine nationale. D’autre part, la DGA (Direction générale de l’armement) a passé commande pour 3 vedettes de 24 mètres pour la gendarmerie maritime ; le Grand Port de Bordeaux a commandé une drague qui devrait être livrée le 16 juillet prochain. Un chantier qui a une particularité : «Cette drague est propulsée avec du gaz liquide. Il s’agit du premier bateau neuf propulsé avec du gaz liquide. Ça nous positionne en tant qu’entreprise française qui a pour possibilité de faire des bateaux comme ça.» D’autres bateaux sont en cours, notamment pour l’export : la police belge a commandé 5 patrouilleurs de 16 mètres, construits à Etaples. La Socarenam s’est par ailleurs plutôt bien positionnée sur un appel d’offres des garde-côtes polonais pour un patrouilleur de 70 m dans le cadre de Frontex : «On avait des compétiteurs polonais contre nous, on a remporté le marché, mais un concurrent a fait appel.»

Diversification des activités

On pourrait penser que le carnet de commandes de la société est saturé. Pourtant, le PDG de la Socarenam tient à garder les coudées franches : «Nous avons conservé une capacité à prendre des contrats. Si votre outil industriel est complètement bloqué avec un client principal, vous délaissez les autres. Le jour où ce client n’est plus là, il faut pouvoir reconstruire.» Si le carnet de commandes de l’entreprise est si rempli, Philippe Gobert, le président-directeur général de la société, pense qu’il le doit à la diversification des activités : «La crise de la pêche dans les années 90 nous a forcé à nous intéresser à d’autres bateaux. Les dragues, les chalutiers, les patrouilleurs : on ne s’interdit rien…» En termes de modèles mais aussi en termes de taille de bateaux, l’entreprise ne semble pas, en effet, se fixer de limites. Surtout que les concurrents sur le secteur ne sont pas nombreux : «Sur des navires entre 60 et 100 mètres de long en acier, il n’y a plus que trois chantiers capables de le faire en France. Si l’on met de côté les Chantiers de l’Atlantique, qui s’occupe de plus gros bateaux, il reste Concarneau, CMN à Cherbourg et Socarenam.» Gageons donc que l’entreprise, si elle n’a pas navigué sur une mer d’huile ces derniers mois, est en mesure de braver les tempêtes…