La semaine frénétique d'Eric Ciotti pour colmater les brèches chez LR

Eteindre la polémique qu'il a lui-même provoquée en ne condamnant pas la manifestation d'ultradroite à Romans-sur-Isère, empêcher le groupe des députés LR d'imploser et dissuader les sénateurs de claquer la porte: retour sur la semaine où...

Le patron des Républicains (LR), Eric Ciotti, le 12 octobre 2023 à Paris © Ludovic MARIN
Le patron des Républicains (LR), Eric Ciotti, le 12 octobre 2023 à Paris © Ludovic MARIN

Eteindre la polémique qu'il a lui-même provoquée en ne condamnant pas la manifestation d'ultradroite à Romans-sur-Isère, empêcher le groupe des députés LR d'imploser et dissuader les sénateurs de claquer la porte: retour sur la semaine où Eric Ciotti a colmaté les brèches chez LR.

"La politique n’est pas une mer calme, LR encore moins", confie le patron des Républicains à l'AFP au terme d'une semaine tempétueuse débutée vendredi dernier sous le soleil de Nice lorsque son portable a commencé à chauffer.

Il découvre alors que des députés de son parti s’apprêtent à publier dans la Tribune Dimanche un texte qui tend la main au gouvernement sur le projet de loi sur l'immigration.

Derrière ce texte, il devine "la malice" du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qu'il soupçonne "de jouer sur les pseudo-divisions du groupe".

Il échange rapidement avec Olivier Marleix, le patron du groupe LR, fragilisé comme lors de la réforme des retraites par des députés qui s'éloignent de la ligne du parti. Ils sont 17 à signer la tribune, soit près d'un tiers des 62 élus.     

Dimanche, M. Ciotti retrouve la grisaille de la capitale avec l'intention d'éteindre la polémique sur le plateau de BFMTV.

Mais il en déclenche une autre en ne condamnant pas explicitement la manifestation violente de l'ultradroite à Romans-sur-Isère (Drôme), après la mort du jeune Thomas, poignardé lors d'une fête de village dans la Drôme.

Les critiques fusent, d'autant qu'il se retrouve à la droite du RN Jordan Bardella qui condamne sans détour les manifestants.

Sur X (ex-Twitter), l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon fustige "une ambiguïté avec le racisme". En interne, ses propos ne passent pas non plus: "Une faute stratégique", déplore un député, "moi, j'aurais condamné", renchérit un dirigeant.  

M. Ciotti dort peu et est un lève-tôt. A son réveil lundi, il sait qu'il a deux incendies à éteindre, mais ne chamboule pas son agenda pour autant.

Devant la Commission des lois, qui entame dans l'après-midi l'examen du texte sur l'immigration, il ne laisse rien transparaître de sa fébrilité.

"Je l'ai trouvé assez serein", observe un ténor de la gauche, qui raille toutefois son "impuissance" à la tête de LR.

En soirée, comme prévu, il ouvre la "nuit de l'intelligence artificielle (IA)" organisée par son parti, puis prend la direction du plateau de TPMP où l'attend Cyril Hanouna.

En route, il échange encore par texto avec Olivier Marleix sur la motion que le président du groupe soumettra le lendemain à ses députés pour redonner une image d'unité.    

Juste avant d'entrer sur le plateau, M. Ciotti reçoit un coup de fil de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui lui confirme qu'une minute de silence sera respectée le lendemain en mémoire du jeune Thomas, comme il l'avait demandé.

Aucune maladresse

Face à Cyril Hanouna, il condamne enfin l'ultradroite, mais refuse de mettre sur le même plan la mort de Thomas et les violences des manifestants. 

Interrogé par l'AFP, il refuse de reconnaître la moindre "maladresse". Il en veut pour preuve les messages de soutien qui agitent son portable en sortant de la chaîne C8.  

"Vous n'avez pas cédé à la pression médiatique", lui écrit un sympathisant; "Je retrouve ma droite", se réjouit un autre. "J'en ai rarement reçu autant", se félicite M. Ciotti.

Mardi matin, il est en route pour le Sénat lorsqu'Olivier Marleix lui annonce que les députés LR s'engagent "à l'unanimité" à refuser un texte sur l'immigration "dégradé" par rapport à la version durcie par la droite sénatoriale.

Cet incendie éteint, il attaque le suivant: les sénateurs LR sont irrités par les déclarations du député Aurélien Pradié, le trublion du parti qui a dénigré le texte du Sénat, trop "centriste" à son goût.

M. Ciotti assure ne pas être l'avocat de M. Pradié et renvoie les sénateurs qui en doutent aux premières pages du récent livre du député du Lot qui fait un portrait peu flatteur du patron du parti. 

Jeudi à son retour de Nice, où il s'est rendu aux obsèques "d'un ami très proche", il apprend qu'aucun sénateur n'a claqué la porte de LR. 

Il reprend aussitôt son programme habituel et attaque sur X la Macronie qui détricote en commission le texte du Sénat : "L'appel d'air migratoire est en marche". 

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