La Saulée : une création hautement environnementale
Leroux est choisi pour lancer l’opération «Régals & Vous» de Proscitec, Il reçoit le prix régional de l’Innovation pour 155 ans de création autour de la chicorée. Enfin, le Conseil général se penche sur lui au titre du développement durable et en particulier de «La Saulée».
Sur 15 hectares de jeunes saules nourris par l’eau de lavage des racines de chicorée, un pas de plus est fait vers la dépollution du Nord. Puisque tout coûte cher aujourd’hui, autant inventer, rénover et économiser ! Le verbe s’est fait action et a pris la forme d’un travail pertinent sur l’eau et ses flux usés, transportés de l’usine à «La Saulée», en pleine campagne.
Respect de la loi sur l’eau. Myriam Janssens, responsable DD, explique : «En 1999, un site d’irrigation s’est mis en place pour traiter les effluents. On s’appuyait sur un système naturel et autonome. On avait au départ 7 hectares de foncier et les eaux du process devaient servir à irriguer une plantation de saules qui sont récoltés mécaniquement tous les deux ou trois ans et ont divers usages ensuite. Ils ont l’avantage de séparer les effluents qui y parviennent. La plantation, telle une chênaie, est très dense au point qu’elle abrite une faune et une flore locale denses.» Chaque année, 23 000 m3 d’eau sont épurés, débarrassés de ce que les racines de chicorée ont pu laisser, le tout dans une série de bassins. Il s’agit d’ailleurs plus d’un mélange de jus de chicorée et d’eau simple. Une fois «nettoyée», cette eau passe par 27 km de tuyaux et, via un lent goutte-à-goutte, va perler sur les jeunes saules qui ensuite se développent. Elle en ressort pure et repart dans la nature, respectant à la lettre la loi sur l’eau.
Efficacité. Ce traitement naturel des effluents sous forme de taillis à très courte rotation présente des performances environnementales considérables : diversification des paysages, technique qui ne génère pas de boues encombrantes à retraiter, densification de toute la surface par des taillis très compacts permettant à la faune locale de nicher, épuration très efficace des eaux usées d’arrivage, grand pouvoir d’évaporation donc pas d’eau stagnante, exportation du bois enrichi qui s’utilise très bien dans les chaufferies bois sans pollution, réduction des gaz à effet de serre. La biomasse produite est ainsi, par an et par hectare de TTCR, l’équivalent de 1 500 litres de fioul soit 20 tonnes de CO2. La pérennité du biofiltre végétal de Leroux est de 25 ans à raison d’une moyenne de 8 rotations. Elle permet une production énergétique moyenne de 50/60 MGWh/ha/an, soit en équivalent PCI fioul estimatif 5 000 litres/an, soit encore 12 à 15 tonnes de CO2 gagnées. L’effluent de Leroux est de plus particulièrement biodégradable puisqu’il atteint un taux de 2,5 (2 étant déjà considéré comme vraiment très biodégradable).
En termes de coûts aussi, l’opération est gratifiante (en moyenne décennale). Centres de coût fonctionnement : 76 K€ (analytique, entretiens divers, traitement anti-odeur, coupes ) ; maintenance d’un local technique : 4 K€ (réparation d’une pompe) ; centres de coût annexe : 8 K€ (énergie, main-d’œuvre). Bilan économique épuratoire : 23 000 m3 d’effluents/an traités, dépense annuelle : 88 000 €. Coût du traitement au mètre cube de 3,83 € alors que, par comparaison, une unité de traitement en mode bio classique revient à 6 €. Qui plus est, via la reconnaissance par l’Agence de l’eau, un abattement de la redevance de pollution est consenti.