La Russie avertit des "risques" en mer Noire après la fin de l'accord céréalier
La Russie a mis en garde l'Ukraine mardi contre ses velléités de poursuivre les exportations de céréales par la mer Noire, prévenant qu'il n'y avait plus de "garanties de sécurité" après l'expiration d'un accord qui...
La Russie a mis en garde l'Ukraine mardi contre ses velléités de poursuivre les exportations de céréales par la mer Noire, prévenant qu'il n'y avait plus de "garanties de sécurité" après l'expiration d'un accord qui permettait de les transporter malgré la guerre.
"En l'absence de garanties de sécurité appropriées, certains risques" se sont fait jour, a averti le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Il répondait à une question sur la volonté exprimée par l'Ukraine de continuer à exporter ses céréales par la mer Noire, avec ou sans l'accord de Moscou sur la sécurité des navires.
En écho, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré à son homologue turc, Hakan Fidan, que la fin de l'accord signifiait que le nord-ouest de la mer Noire, par où les cargos circulent, devenait une "zone provisoirement dangereuse".
"Les ministres ont envisagé d'autres options pour fournir des céréales aux pays les plus nécessiteux", a souligné la diplomatie russe dans un communiqué.
Le président français Emmanuel Macron a quant à lui jugé que Vladimir Poutine avait commis "une énorme erreur" en faisant "de la nourriture une arme", martelant que la Russie avait décidé "d'affamer des pays déjà en difficulté".
Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat a dit sur Twitter regretter la décision russe et a appelé à la reprise de l'accord pour transporter céréales et engrais "vers les régions qui en ont besoin, notamment l'Afrique".
Pour le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, "des centaines de millions de personnes font face à la faim" avec la suspension de cet accord et vont en "payer le prix".
Odessa frappée
Moscou a signifié lundi son refus de maintenir l'accord céréalier signé en juillet 2022 sous l'égide des Nations unies et de la Turquie, et prolongé depuis à plusieurs reprises, dénonçant les entraves au commerce des engrais et des autres produits russes.
Mardi, Dmitri Peskov a également accusé l'Ukraine d'utiliser le couloir maritime ouvert dans le cadre de l'accord "à des fins militaires", après que Kiev a frappé la veille le pont stratégique reliant le territoire russe à la péninsule ukrainienne annexée de Crimée.
En représailles, le ministère russe de la Défense a affirmé mardi avoir détruit par une vague de missiles "les installations où des actes terroristes contre la Russie étaient préparés", ainsi qu'un lieu où sont fabriqués des drones navals.
Avant l'aube, six missiles Kalibr et 21 drones explosifs de fabrication iranienne Shahed-136 envoyés par la Russie sur Odessa (sud) ont été "détruits" par la défense antiaérienne ukrainienne, a de son côté annoncé le gouverneur de la région, Oleg Kiper, sur Telegram.
"Les débris des missiles détruits et l'onde de choc ont endommagé des infrastructures portuaires et plusieurs habitations privées", a-t-il ajouté, sans donner d'indications sur l'ampleur des dégâts.
Odessa et sa région abritent les trois ports par lesquels l'Ukraine pouvait, dans le cadre de l'Initiative céréalière de la mer Noire, exporter ses produits agricoles malgré la guerre et le blocus imposé par les Russes.
En un an, l'accord a permis de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, essentiellement du maïs et du blé, contribuant à stabiliser les prix alimentaires mondiaux et à écarter les risques de pénurie.
"Même sans la Russie, tout doit être fait pour que nous puissions utiliser ce couloir (pour les exportations) en mer Noire. Nous n'avons pas peur", a affirmé lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Situation "difficile
Sur le front, l'armée russe a fait état mardi d'une rare avancée d'1,5 km près de Koupiansk, dans le nord-est de l'Ukraine, une zone où Kiev a constaté une concentration de troupes russes et parle de combats acharnés depuis plusieurs jours.
Le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a évoqué mardi sur Telegram une situation "difficile" mais "sous contrôle" dans l'est.
Pour le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, l'Ukraine dispose cependant "d'une importante puissance de combat qui n'a pas encore été engagée" et que Kiev préserve actuellement.
Sur le pont de Crimée, "la circulation des véhicules a été rétablie en sens inverse" sur une voie du pont, a déclaré tôt mardi le vice-Premier ministre russe, Marat Khousnoulline.
C'est la deuxième fois que ce pont, construit à grands frais peu après l'annexion et symbolisant aux yeux du Kremlin le rattachement de la Crimée à la Russie, est attaqué par l'Ukraine.
En octobre 2022, une explosion attribuée par Moscou à un camion piégé avait fait d'importants dégâts et il avait fallu des mois de travaux pour le remettre pleinement en service.
Lundi soir, Vladimir Poutine a dit attendre "des propositions concrètes pour améliorer la sécurité de cette infrastructure de transport importante et stratégique".
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