Logistique

La Route de la soie passe désormais par le Valenciennois

Le transport fluvial plaît de plus en plus. Le terminal à conteneurs de Saint-Saulve – Bruay-sur-l’Escaut, dans le Valenciennois, le prouve. Avec ses 50 000 m², il est désormais intégré aux nouvelles Routes de la soie qui permettent à la Chine de desservir plus vite l’Europe.

Le terminal reçoit chaque semaine entre six et huit barges et, chaque année, 45 000 conteneurs.
Le terminal reçoit chaque semaine entre six et huit barges et, chaque année, 45 000 conteneurs.

Il est 7 h du matin et Lolotte s’arrête devant le port à conteneurs de Saint-Saulve – Bruay-sur-l’Escaut. Un immense portique dirige sa gracile silhouette bleue vers la barge et commence à retirer ses conteneurs. Quatre heures plus tard, Lolotte reprend lentement son cours sur l’Escaut, de nouveau chargée. «On ne fait pas de voyages à vide ici», commente Gilbert Bredel, directeur général de Contargo France.

Chaque semaine, il voit arriver entre six et huit barges au port. Elles font ces allers-retours pour les industries automobiles, agroalimentaires, pour la grande distribution spécialisée.

«Il y a beaucoup d’exportations, détaille le patron, vers l’Asie, les Etats-Unis, la Canada, l’Amérique du Sud. Le Valenciennois est une terre agro-industrielle. Il vend, par exemple, beaucoup d’amidon, de sucre et de choses comme ça.» 

Les importations viennent elles aussi du monde entier. Depuis le mois dernier, elles suivent même la Route de la soie.

Il a fallu que l’Escaut soit élargi aux environs de Tournai, l’an passé, pour que cela soit possible. La première barge à avoir emprunté cette route, le 2 février, mesurait 110 mètres de long et 11,40 de large. La marchandise a quitté la Chine pour rejoindre l’Allemagne en train, avant d’être embarquée sur fleuves vers le Valenciennois. Elle a mis moins de vingt jours pour faire tout le voyage. Par la mer, ça aurait été deux fois plus long.

Le port de Saint-Saulve – Bruay est le seul à pouvoir recevoir ce type de bateaux dans les Hauts-de-France. Au tout départ, en 1996, le port se trouvait à Prouvy, sur un site privé. Contargo GmbH, groupe allemand qui exploite 24 terminaux à conteneurs en Allemagne, en Suisse et en France, s’était alors associé avec un logisticien spécialisé dans les céréales dont l’activité se trouvait justement dans cette petite ville du Valenciennois. «On a commencé avec un petit bateau par semaine, se souvient Gilbert Bredel. Il voulait sortir du tout-route. Puis il y a eu Nestlé, l’arrivée de Toyota… et le site est vite arrivé à saturation.»

Une délégation de service public

La chambre de commerce et de l’industrie du Grand Hainaut et la communauté d’agglomération Valenciennes Métropole, rejointes plus tard par la Porte du Hainaut, décident de créer un syndicat mixte pour ne pas laisser dériver cette pépite vers d’autres territoires. Elles créent le terminal de Saint-Saulve en 2014, et Contargo France obtient l’autorisation de l’exploiter sous forme de délégation de service public.

La filiale, depuis 2008, n’appartient plus qu’au groupe allemand Contargo GmbH, qui affichait en 2019 un chiffre d’affaires de 525 millions d’euros. Il est lui-même une filiale de Rhenus AG&Co, elle-même filiale du groupe familial allemand Rethmann qui s’est spécialisé dans la gestion des déchets, l’agroalimentaire et la logistique.

Lorsque Contargo France prend ses nouveaux quartiers en 2015, le terminal mesure 20 000 m² et accueille 20 000 conteneurs par an. Tout le monde sait d’emblée qu’il faudra l’agrandir. Ce sera fait une première fois fin 2017 ; 10 000 m² s’ajoutent et, dès l’année suivante, le port recueille 45 000 conteneurs. C’est trop peu encore. En novembre 2020, le site conquiert 20 000 m2 de plus. La pandémie de coronavirus ralentit le va-et-vient des barges, mais 37 000 conteneurs transitent tout de même par Saint-Saulve – Bruay. «On devrait revenir à 45 000 dès 2021, rassure l’ancien capitaine de marine marchande. L’intérêt pour le fluvial s’est accéléré l’an dernier

Contargo assure elle-même les activités de manutention.
Contargo assure elle-même les activités de manutention.

Il y a déjà eu une montée en puissance il y a une dizaine d’années. «Nous sommes moins cher et moins polluant que la route, explique le directeur général. C’est possible parce que nous optimisons les parcours et les massifions : on peut installer jusqu’à 100 conteneurs sur un bateau. A l’intérieur de ceux-ci, on peut tout mettre. Même des produits surgelés : certains conteneurs sont réfrigérés.»

Gilbert Bredel est à la tête d’une petite équipe. «Nous sommes huit dans le transport et onze au terminal.» Contargo France propose, en effet, un transport combiné. Du fluvial et de la route. Jusqu’en 2019, la filiale avait ses propres camions pour amener aux entreprises les marchandises arrivées par barges chez elle. «Comme nous avons augmenté nos volumes, nous avions besoin d’augmenter nos capacités de transport. Nous avons externalisé cette partie pour nous concentrer sur la manutention. C’est la pierre angulaire de notre travail.»