Conjoncture
La rentrée s’annonce chargée pour les Jeunes agriculteurs de la Somme
Alors que le syndicat agricole se prépare pour la nouvelle édition de Plaine en fête, les difficultés s’accumulent pour la profession. Les jeunes agriculteurs de la Somme, dont le bureau a été renouvelé récemment, s’attendent à une année chargée.
Le 28 août prochain, les Jeunes agriculteurs de la Somme organisent à Licourt Plaine en fête, un événement qui permet aux acteurs du secteur agricole de se retrouver et d’aller à la rencontre du grand public. « C’est notre événement de l’année, celui qui marque la fin des moissons », sourit Charlotte Lhomme, chargée de mission Communication au sein des Jeunes agriculteurs de la Somme.
Au programme pour cette édition 2022, un marché de producteurs, un moiss’batt cross, ou encore la présence de tracteurs anciens. Quelques nouveautés comme des baptêmes en hélicoptères ou encore un spectacle équestre imaginé par l’association les Chevaliers du Fénix viendront enrichir des festivités qui se tiennent depuis plus de 35 ans. Au-delà de ce moment convivial, le syndicat qui regroupe quelque 300 adhérents sur 13 cantons se prépare aussi à une rentrée chargée.
Une profession dans l’expectative
« Entre la guerre en Ukraine et la sécheresse, la période est très complexe pour les agriculteurs, surtout pour les éleveurs », pointe Nicolas Malivoir, élu du Conseil d’administration des JA80. Faute d’herbe, beaucoup ont déjà « tapé dans les stocks » d’hiver. « Il faudra donner des compléments et leurs prix a explosé. La situation va être très compliquée pour beaucoup » poursuit-il, évoquant également la possibilité d’une pénurie de lait dans les mois à venir.
Un phénomène alimenté par la baisse mécanique de production mais aussi la possible vente d’une partie du cheptel. « Pour l’instant dans la Somme nous n'en sommes pas encore là, mais il se peut que la question de la décapitalisation se pose », analyse Nicolas Malivoir.
Autre sujet de crispation : la difficulté à respecter les obligations liées aux surfaces d’intérêt écologique (SIE), une disposition de la PAC qui impose aux agriculteurs de semer un mélange de deux espèces sur un pourcentage de leurs terres.
« Les contrôles sont fréquents et l’agriculteur s’expose à des pénalités si cette règle n’est pas respectée. Mais, avec la sécheresse, il est très difficile de faire lever les différentes variétés », souligne-t-il. De son côté, Armelle Fraiture, chargée de mission installation au sein des JA80, confirme que le syndicat regarde attentivement les dispositions de la nouvelle PAC, notamment en matière de jachères.
L’installation, fer de lance des JA
Un ensemble de données qui pourraient aussi retarder l’installation des jeunes agriculteurs. En 2021, ils étaient 100 à avoir franchi le pas. « Personne n’a de visibilité alors que pour mener à bien un projet d’installation, il faut présenter un prévisionnel sur cinq ans pour montrer que ce qui est proposé est viable, aussi bien professionnellement que personnellement, détaille Nicolas Malivoir. Avec tout ce qui se passe, personne ne peut prévoir la situation dans cinq ans », ajoute-t-il.
Une instabilité qui provoque aussi la frilosité des cédants et des banquiers. « Cela va être plus difficile d’emprunter », note de son côté Armelle Fraiture. Les Jeunes agriculteurs de la Somme auront l’occasion de faire part de leurs inquiétudes en janvier prochain. Pour la première fois, Saint-Valéry accueillera les rencontres nationales de la cellule cession/ installation.
« C’est très rare de pouvoir organiser un tel événement. Il y a beaucoup de candidats, c’est une vraie fierté d’avoir été choisi », se réjouit Armelle Fraiture. Ces journées de travail devraient regrouper entre 200 et 300 participants venus de toute la France. L’occasion pour les jeunes agriculteurs de la Somme de mettre en avant leurs problématiques et de partager leur expérience.