Développement économique
La réindustrialisation du Soissonnais et du Valois se construit autour du label Territoires d’industrie
Le Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du Soissonnais et du Valois vient d’obtenir la labellisation Territoires d’industrie, un dispositif qui fédère l’ensemble des acteurs autour de sujets essentiels au développement du territoire : foncier, innovation, offre de services et compétences, avec la problématique cruciale de la mobilité.
« Un grand espoir autant qu’une belle satisfaction », c’est en ces termes qu’Alain Crémont, président du Pôle d’équilibre territorial et rural du Soissonnais et du Valois, président de GrandSoissons Agglomération et maire de Soissons a présenté la labellisation Territoires d’industrie récemment obtenue, en ouverture du colloque : "Comment réindustrialiser les territoires périphériques français ? La proposition collaborative du Soissonnais et du Valois" organisé début décembre. Cette soirée de présentation publique du dispositif Territoires d’industrie et d’échanges entre experts, entrepreneurs locaux, élus, militants associatifs et citoyens avait aussi pour objectif de mobiliser les énergies autour de la feuille de route qui doit désormais être élaborée et d’inciter les forces vives du territoire à manifester leur intérêt à participer aux groupes de travail.
Réunir tous les acteurs
Jean-Baptiste Gueusquin, directeur du programme Territoires d’industrie à l’Agence nationale de la cohésion des territoires, a présenté ce dispositif comme une « carte blanche donnée aux acteurs locaux de travailler sur les sujets prioritaires pour eux, de dépasser les tensions pour travailler tous ensemble et établir un plan d’action partagé par tous ». Ce dernier a invité l’auditoire à engager un plan d’action « ambitieux » en ciblant quelques grands projets d’innovation : « Le territoire est pilote en la matière et définit son ambition. Nous, au niveau national, notre rôle c’est d’accompagner. »
Parmi les invités à la table ronde, François Rolin-Maarouf, fondateur de Labiocrac, entreprise spécialisée dans les déchets agricoles, analyse ce dispositif comme la possibilité offerte à de petites structures innovantes « d’expérimenter à relativement grande échelle » et de pouvoir « collaborer avec de grands groupes industriels » qu’elles parviennent aujourd’hui difficilement à accrocher. Le label Territoires d’industrie vient donc, s’est-il réjoui, poser « le cadre » qui va fédérer les acteurs autour de la table et favoriser l’interaction.
La question du recrutement
La dynamique enclenchée par cette labellisation offre une opportunité de croiser les regards des différents acteurs sur les sujets tels que le foncier, l’innovation, l’offre de services mais aussi les compétences. Le rapport au travail a changé, a exposé le sénateur Pierre-Jean Verzelen, convaincu que « le développement de l’Aisne passe par le Soissonnais et le Valois », mais conscient comme d’autres intervenants avant lui, de la situation actuelle : « nous ne ferons pas d’usine sans salariés ».
La mobilité est au cœur du sujet avec le projet de virgule ferroviaire qui vise à raccorder le territoire à la région parisienne. Le Soissonnais, reconnu pour offrir un cadre de vie épanouissant et un bon niveau de services, est en capacité d’accueillir des familles qui souhaiteraient s’y installer. Mais pour l’économiste, Nicolas Bouzou, qui a rappelé que produire demain est quelque chose qui se réfléchit aujourd'hui, « cette question du travail passe aussi par la valorisation de ceux qui, dans les faits, font la révolution industrielle », à savoir les salariés.
De l’international au local
Invité de la soirée, l’économiste Nicolas Bouzou, a exposé le contexte, au niveau national voire international, de la question posée des conditions de la réindustrialisation. L’intervenant a insisté sur « le déclic intellectuel » que semble connaître le pays avec, dit-il, le renoncement à croire qu’une France sans usine est possible. La crise sanitaire aura aussi aider à la prise de conscience qu’il faut réindustrialiser, a affirmé l’expert qui recommande d’agir dès maintenant.
Pour y parvenir, Nicolas Bouzou propose des solutions : « Aider les industries qui se décarboneront » et « simplifier les normes » qui sont en France beaucoup plus importantes qu’ailleurs. Formation et innovation sont également au cœur de la problématique car justifie l’économiste « la France ne produit pas d’intelligence artificielle » et « perd en souveraineté nationale ». Nicolas Bouzou confirme « une remontée des projets industriels » actuellement en France mais tempère la bonne nouvelle « ils sont nombreux mais pas importants, en région Hauts-de-France par exemple ». Le président, Xavier Bertrand, a réaffirmé son engagement en faveur de la réindustrialisation des Hauts-de-France, croyant en l’avenir industriel de la région.