Aménagement

La réhabilitation des friches, un enjeu fort pour le Grand Amiénois

À Beauval, le 1er juillet, le pôle métropolitain du Grand Amiénois a organisé un séminaire autour de la réhabilitation des friches. Un enjeu important de lutte contre l'étalement urbain et de redynamisation des territoires.

Lauréate du fonds friche à hauteur de 240 000 euros, l’ancienne usine Saint-Frère, à Beauval, devrait prochainement être réhabilitée en logements sociaux par Amsom Habitat. ©Aletheia Press/ Benoit Delabre
Lauréate du fonds friche à hauteur de 240 000 euros, l’ancienne usine Saint-Frère, à Beauval, devrait prochainement être réhabilitée en logements sociaux par Amsom Habitat. ©Aletheia Press/ Benoit Delabre

« Le sujet de la réhabilitation des friches était dans les tiroirs de l'Agence de développement et d'urbanisme du Grand Amiénois (Aduga) quand je suis arrivé. C'est à nous, élus, de déclencher sa mise en œuvre. » Pascal Rifflart, président du Pôle métropolitain du Grand Amiénois, a lancé les grandes manœuvres dans la réhabilitation des friches, à travers un séminaire organisé le 1er juillet à Beauval, et auquel assistaient une petite centaine de personnes.

La ville sur la ville

Le sujet est d'importance. La Somme arbore encore les traces de la première révolution industrielle qui a porté économiquement le territoire jusqu'au milieu du XXe siècle. Aujourd'hui, beaucoup de ces anciens fleurons économiques sont abandonnés, comme les cicatrices d'une gloire passée. 

Reste que la pression foncière, les objectifs affichés de non-artificialisation des sols et la volonté d'une reconquête économique des territoires, font de la réhabilitation de ces sites un enjeu important. « La deuxième révolution industrielle ne s'est pas faite ici, dans les territoires ruraux. La troisième doit amener de la richesse et de la bonne croissance... du bonheur pour tout le monde », insiste Pascal Rifflart.

Avec l'objectif de « zéro artificialisation nette » des sols, « on va vers une nouvelle vision de l'urbanisme », explique Sylvain Grisot, fondateur de dixit.net, plate-forme d'urbanisme circulaire. « On entre dans le temps de la ville complexe, confirme Loranne Bailly, Directrice générale de l'Établissement public foncier Nord-Pas-de-Calais (qui devrait être renommé EPF Hauts-de-France en septembre). Cela suppose de mettre en œuvre d'autres méthodes de travail, pour ne pas mettre le territoire sous cloche. La logique, c'est la ville sur la ville. C'est la fin de la ville facile... », résume Sylvain Grisot.

Des outils pour les collectivités

La réhabilitation des friches qu'elles soient industrielles, commerciales, ferroviaires, militaires, hospitalières... est l'une des solutions. « Souvent perçues comme un problème, les friches doivent aussi être considérées comme des opportunités », renchérit Lauranne Bailly.

Plus facile à dire qu'à faire ? Sans doute. Car la réhabilitation peut prendre quinze ans, voire plus en cas de dépollution importante. Et les petites communes ou intercommunalités ont parfois un déficit d’ingénierie sur ce sujet... Néanmoins, tout un écosystème est en train de se construire autour de cette question.

L'EPF, notamment, dispose désormais d'un protocole bien rodé, intégrant la maîtrise du foncier, la mise en sécurité et l'entretien du site, la déconstruction et la cession. L'Aduga qui a réalisé un recensement cartographié des friches du territoire, a également rédigé et mis à disposition de tous, un guide de reconversion des friches. Un guide qui s'appuie aussi sur 13 sites pilotes. « Quatre ont été réaffectés et six bénéficient déjà d'un diagnostic pollution, explique Nicolas Delbouille, directeur d'études à l'Aduga. Tous sont dans une démarche de réhabilitation plus ou moins avancée. » Des start-up sont aussi mobilisées pour développer des outils susceptibles d'accompagner les collectivités.