La région met l’agence régionale de santé sous surveillance

C’est à un véritable oral qu’a été convié Christian Dubosq, le directeur de l’agence régionale de santé (ARS), devant les élus du conseil régional de Picardie. Les conseillers régionaux veulent plus de moyens alors que la Picardie affiche des indicateurs défavorables en termes de santé publique.

Christian Dubosq, le directeur de l’ARS Picardie.
Christian Dubosq, le directeur de l’ARS Picardie.

 

Christian Dubosq, le directeur de l’ARS Picardie.

Christian Dubosq, le directeur de l’ARS Picardie.

Venu à l’invitation du conseil régional de Picardie, le directeur de l’ARS, Christian Dubosq, a eu droit à une présentation peu réjouissante de l’état de la santé en Picardie. C’est le Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) qui a pointé du doigt les difficultés et de mauvais indicateurs.
Une mortalité plus élevée chez les personnes âgées de moins de 65 ans en Picardie que dans le reste de la France. Des conduites addictives importantes, notamment à l’alcool, entraînant de nombreux décès et à la source de nombreuses pathologies. Le nombre important de cas de diabète, avec 5 % de la population touchée, ce qui situe la Picardie au 2e rang français derrière le Nord – Pas-de-Calais. Une mortalité supérieure de 16 % à celle du niveau national. Enfin, la Picardie est la 2ème région, après le Nord, pour les maladies de l’appareil circulatoire.

Un projet pour cinq ans
Christian Dubosq a décliné les grandes lignes du futur projet régional de santé, qui devrait être présenté aux élus du conseil régional d’ici la fin de l’année 2012. L’ARS définit un programme d’actions pour cinq ans et le conseil régional doit être consulté sur celui-ci, conformément aux dispositions réglementaires. Le directeur de l’ARS annonce trois partis pris : un travail en direction de territoires préalablement définis, la graduation de la prise en charge en fonction de l’état des patients et la coopération entre les différents acteurs. L’ARS a identifié six grands établissements en Picardie : le centre hospitalier universitaire d’Amiens et les centres hospitaliers de Beauvais, Senlis-Creil, Compiègne, Saint-Quentin et Soissons. Et l’agence régionale entend « réorganiser la permanence des soins pour tenir compte notamment du manque d’anesthésistes à l’avenir ». Elle souhaite « un CHU plus fort et plus ouvert, un plan stratégique de recrutement régional pour tenir compte des besoins des différents établissements et la mise en place d’une plate-forme régionale de télésanté ». Enfin, Christian Dubosq résume son projet en quatre points : « Diversifier les modalités de prise en charge ;alléger la part de ce qui coûte le plus, notamment en limitant la durée d’hospitalisation ; organiser les parcours de soins et les soins de premiers secours, en ayant une vision globale de la santé. »

Inquiétudes dans les territoires
Après cette présentation, les élus ont fait part des inquiétudes qu’ils avaient concernant les établissements dans les territoires qu’ils représentent. Ce fut le cas notamment de Nicolas Dumont, le maire d’Abbeville, qui a abordé le projet de fusion du centre hospitalier et de la clinique en déplorant « les atermoiements » et le fait que le projet soit toujours en attente. On a également souligné les inquiétudes et le « flou » pour les projets concernant les centres hospitaliers de Clermont, Noyon et Péronne.
Emboîtant le pas, Claude Gewerc, le président du conseil régional, s’est montré menaçant : « Je ne me contenterai pas du pain sec et de l’eau. Et je ne validerai pas un projet en l’état. La Picardie représente 3 % de la population française et reçoit 3 % de l’enveloppe nationale. Nous ne rattraperons jamais notre retard à ce rythme. Il faut que la solidarité nationale intervienne. Par ailleurs, nous voulons savoir précisément ce que l’on garde comme établissements. »