Pôle IAR
Avec le pôle IAR, les Hauts-de-France ambitionnent de devenir leader européen dans la bioéconomie
La production et la valorisation de la biomasse se développent en France. Elle est portée par le pôle Industries et agro-ressources (IAR), basé dans l’Aisne, qui est la référence de la bioéconomie sur le territoire.
« La bioéconomie, c’est un concept encore un peu flou pour le grand public, mais très concret pour les entreprises », lance Christophe Rupp-Dahlem, le nouveau président du pôle IAR, Industries et agro-ressources, basée à Laon, dans l’Aisne.
La bioéconomie est la production et la valorisation de la biomasse, « qu’elle soit issue de l’agriculture, de la forêt ou des ressources marines, à des fins alimentaires, industrielles et énergétiques », complète celui qui est aussi directeur des Affaires publiques du groupe Roquette, leader mondial des ingrédients d’origine végétale. Une tendance vers le naturel, résume-t-il, qui est dans une dynamique ascendante depuis plusieurs années.
Et cette dynamique est impulsée et soutenue depuis 15 ans par le pôle IAR, implanté principalement dans deux régions : les Hauts-de-France et le Grand Est. Le pôle est chargé de faire la promotion de cette bioéconomie, dans quatre secteurs clés : l’alimentation, animale ou humaine, les produits et matériaux biosourcés (isolation du bâtiment par exemple), et la bioénergie (méthanisation ou biocarburants).
Forts d’une équipe permanente d’une trentaine de personnes, IAR accompagne l’ensemble des acteurs de la filière, « que ce soient des coopératives agricoles, des entreprises qui font de la première transformation comme Tereos ou Cristal Union, et des entreprises qui fabriquent des produits de consommation immédiate au bout de la chaîne », explique Christophe Rupp-Dahlem. Parmi les 430 adhérents, des PME-TPE et start-up (qui représentent la moitié des membres) et des grands groupes industriels dans toute la France. Mais aussi des centres de recherche, des universités, et des scientifiques.
350 projets soutenus
Car l’innovation est l’une des missions essentielles du pôle. « Depuis sa création, nous avons soutenu et accompagné 350 projets d’innovation, qui ont généré autour de 2 milliards d’euros d’investissements en France », ajoute son président. Le réseau met en relation les acteurs des écosystèmes français et européens, aide à trouver des financements. « Nous avons un pôle basé à Bruxelles avec quatre personnes, pour trouver par exemple des subventions européennes pour les PME notamment ». Le pôle IAR a, entre autres, soutenu auprès de l’Union européenne, l’entreprise Ynsect près d’Amiens, et son projet de plus grande ferme verticale d’insectes au monde.
L’un des secteurs prioritaires du pôle reste l’industrie agroalimentaire, « car elle représente 50% des débouchés de la biomasse, complète le président de l’IAR. L’objectif dans les années à venir est de renforcer notre soutien, avec deux personnes désormais à temps plein sur les sujets agroalimentaires ». Le marché des protéines végétales pour l’alimentation humaine est en plein boom, il croît de 15% par an, « des steaks et des saucisses végétales par exemple, car la demande est forte de la part des flexitariens, ceux qui réduisent leur consommation de viande sans pour autant devenir végétariens ».
Bioéconomie, santé et environnement
Mais les autres secteurs ne sont pas pour autant délaissés. « Celui de l’énergie est important, souligne Christophe Rupp-Dahlem, avec la bio méthanisation, transformer les déchets des agriculteurs en gaz naturel, ou les biocarburants, comme le E85, avec 85% d’éthanol, qui a beaucoup de succès. » Les bio-intrants pour les agriculteurs sont également en forte croissance pour faire face aux réglementations pour une agriculture raisonnée. Mais aussi le domaine de la cosmétique, « où les consommateurs recherchent de plus en plus des produits dont les ingrédients sont d’origine végétale », constate le président du pôle IAR.
Pour Christophe Rupp-Dahlem, les Hauts-de-France ont « tous les atouts pour devenir leader de la bioéconomie en Europe, avec beaucoup de terres agricoles, des leaders de la transformation, et des pôles importants de recherche, comme l’UTC de Compiègne, ou l’UPJV à Amiens ». Une stratégie accélérée par « l’alignement des différents acteurs, qu’ils soient politiques, avec l’implication de la Région, mais aussi économiques ».
À cela vient s’ajouter le plan de relance déployé par le Gouvernement pour faire face à la crise économique liée au Covid-19, comme un nouveau coup de pouce à la bioéconomie, notamment avec le volet décarbonation de l’industrie.
Pour Aletheia Press, Emma Castel