La Région évince l’éolien et prône des solutions alternatives

La position de Xavier Bertrand sur la thématique de l’éolien sur le territoire des Hauts de France est claire. Il n’en veut plus et s’oppose à tous les nouveaux projets. Depuis quelques semaines cette position est expliquée aux riverains en réunion publique, la dernière en date avait lieu dans le Pas-de-Calais.

La région des Hauts-de-France est celle qui compte le plus d’installations.
La région des Hauts-de-France est celle qui compte le plus d’installations.

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Les Hauts-de-France comptent le plus d’installations. Ici le parc éolien de Tigny-Noyelle (dix éoliennes), à la limite entre le Pas-de-Calais et la Somme.

Le développement éolien fait débat entre les élus et la population. Dernièrement, le conseiller régional Simon Jombart a animé une réunion publique à Vermelles, quant au projet d’implantation d’éoliennes, avec des mâts de plus de 150 mètres. Un projet au coeur d’une bataille juridique entre les communes de Vermelles, Auchy-les-Mines, Haisnes et la société Innovent.

La Région est le territoire qui compte le plus d’éoliennes en France. Selon les chiffres de la DREAL (Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement), au 1er février 2018, 1 500 éoliennes ont été élevées sur le territoire régional, 800 sont en cours de construction et 733 projets sont en cours d’instruction. Alors qu’on en dénombre un total de 6 500 sur l’ensemble du territoire français…

Dans la région, les éoliennes se répartissent comme suit : la Somme (en tête avec 861 implantations), l’Aisne (518), le Pas-de-Calais (498), l’Oise (241) et enfin le Nord (121).

La Région des Hauts-de-France est donc aujourd’hui la plus dynamique en terme d’implantations. Cependant nombre d’entre elles se sont faites sans aucune concertation et, dans bien des cas, au détriment des riverains et de la beauté des paysages. Dans un contexte de mécontentement de plus en plus important, la majorité régionale, présidée par Xavier Bertrand, a pris l’engagement de mieux encadrer les futures implantations. Si la Région n’est pas la seule décisionnaire sur ce type de dossier, elle compte bien peser dans la balance et ne plus laisser faire n’importe quoi.

Par ailleurs, depuis quelques mois, la DREAL réfléchit à la mise en place de nouveaux critères et envisage de prendre en compte la notion de «saturation des paysages» pour autoriser de nouvelles éoliennes. «Ce critère ne fait pas encore partie de la réglementation actuelle, mais nous travaillons actuellement sur ce point qui pourrait devenir essentiel», expose le directeur de la DREAL, Vincent Motyka.

D.R.
L’observatoire régional répertorie toutes les installations éoliennes en service ou interdites.

Un outil de cartographie

En parallèle, la Région a mis en place, le 29 juin 2018, un observatoire dédié à l’éolien dans les Hauts-de-France. Il s’agit d’un outil inédit qui permet d’avoir accès à de nombreuses données. «Depuis cette plateforme web, il est dorénavant possible d’avoir un regard sur l’ensemble des éoliennes en fonctionnement, les projets déposés, ceux qui ont été acceptés», souligne Simon Jombart.  

Accessible gratuitement à partir d’un simple ordinateur, l’observatoire repose sur un système d’informations géographiques reprenant les coordonnées exactes des éoliennes. Sur chaque implantation il est possible de connaître l’état d’avancement du dossier (en service, réalisé, en travaux, en instruction, abandonné ou refusé). «L’intérêt majeur de cet outil est de recueillir les avis, informations et remarques des habitants de la région et de permettre une veille plus active des projets d’implantations», indique-t-il.

Après une rapide présentation du fonctionnement de la plateforme, l’élu régional a écouté les nombreuses questions posées par la population. Ainsi, les administrés et les associations de défense de l’environnement s’intéressent-ils quant aux leviers possibles pour faire annuler un projet éolien.

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Lors de la soirée-débat, le conseiller régional Simon Jombart (à gauche) a évoqué la position de la Région et expliqué comment fonctionne l’observatoire de l’éolien.

Des solutions alternatives

La filière éolienne – il ne faut pas le négliger – commence à peser un poids économique de plus en plus important : quasiment 16 000 emplois, dont 1 600 rien que dans les Hauts-de-France. Les recettes fiscales pour les collectivités sont quant à elles estimées, pour l’année 2018, à un peu plus de 30 millions d’euros rien que pour notre région. Deux tiers de ces recettes ont directement été reversées aux communes, ce qui, dans un contexte de baisse des dotations, n’est pas négligeable.

«Certains territoires sont saturés d’éoliennes, nous avons d’ailleurs dépassé depuis longtemps les objectifs inscrits au schéma régional Climat Air Énergie», précise Simon Jombart. Le territoire des Hauts-de-France produit à lui seul près d’un tiers de l’énergie éolienne totale produite à l’échelle nationale.

La Région, consciente de ces enjeux économiques, n’a donc pas l’intention d’enrayer le développement des énergies renouvelables sur son territoire, mais opte pour la promotion du solaire, de l’hydrolien ou encore de la méthanisation.

Plusieurs réalisations et projets ont été évoqués, à commencer par la centrale solaire de Loos-en-Gohelle, qui est un formidable outil de test des différentes technologies de panneaux disponibles sur le marché, ainsi que, depuis quelques mois, des méthodes de stockage de l’énergie produite. 

La CUMA la Verloossoise de Loos-en-Gohelle a investi dans l’installation de panneaux solaires sur son hangar de stockage. «Depuis 1992, notre CUMA oeuvre à réunir les agriculteurs afin d’investir dans du matériel high-tech, tout en cherchant à minimiser les charges pour l’agriculteur adhérent», précise son président, Thierry Baillet. 

L’installation solaire permet à la CUMA de produire et revendre de l’électricité à EDF, et donc de rentabiliser la surface de toiture des bâtiments par un loyer qui permettra à terme de baisser la facture des adhérents. 

La méthanisation sera peut-être la prochaine étape pour la Verloossoise qui étudie sérieusement cette piste pour valoriser ses déchets, mais aussi produire de l’électricité.