Société

La reconversion professionnelle, une tendance qui monte dans les Hauts-de-France

Être utile à la communauté, retrouver du sens, changer de vie… De plus en plus de salariés s’intéressent à la reconversion professionnelle. Mais si les premiers indicateurs montrent un réel intérêt pour le sujet, il est encore trop tôt pour dire s’il s’agit d’une tendance de fond.

De plus en plus de salariés envisagent une reconversion professionnelle.(c)Pixabay
De plus en plus de salariés envisagent une reconversion professionnelle.(c)Pixabay

Si l’engouement pour la reconversion est difficilement chiffrable, une étude menée en juin 2020 par BVA et Visplus, montrait que 48% des actifs ont déjà pensé à se reconvertir, que 17% ont sauté le pas et que 12% sont en cours de réorientation professionnelle. Un instantané qui permet de capter une tendance qui monte : les salariés, qu’ils soient cadres ou touchés par le chômage partiel, se posent de plus en plus de questions sur leur métier, notamment sur le sens de celui-ci.

Un intérêt grandissant

« Cela fait plus de 20 ans que nous accompagnons les salariés qui souhaitent se reconvertir. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que nous sommes submergés de demandes, mais nous sommes de plus en plus sollicités par des gens au chômage partiel qui profitent de cette période d’inactivité forcée pour se renseigner ou approfondir un projet de création qu’ils avaient en tête depuis plusieurs années », explique Frédéric Le Gros, Directeur général adjoint de BGE Picardie.

Du côté des financeurs, le constat est similaire. « Nous n’avons pas observé pour l’instant un boom des reconversions professionnelles, il est sans doute encore trop tôt pour ça. Mais on sent qu’il se passe quelque chose », confie Claudine Jacob Ternisien, directrice d’Initiative Somme France Active Picardie.

Certains salariés qui se rapprochent de BGE Picardie sont simplement à la recherche d’informations sur la création d’entreprise, d’autres vont jusqu’à suivre une formation. « Ils se disent que ce sera toujours utile pour un futur projet. Tous ne sont pas dans l’optique de créer tout de suite, mais souhaitent se préparer en attendant la reprise économique », note Frédéric Le Gros, dont l’organisme accompagne chaque année près de 6 000 personnes, dont 85% de demandeurs d’emploi ou bénéficiaires des minimas sociaux et 15% de salariés qui souhaitent se lancer dans une nouvelle aventure professionnelle.

Une expérience appréciée

Les actifs exerçant dans des branches fortement impactées par la crise Covid, d’un point de vue économique mais aussi humain comme le sanitaire, sont a priori plus touchés par cette envie de changer de métier. Mais beaucoup de salariés souhaitent également aujourd’hui remettre du sens dans leur vie professionnelle. « On peut observer une envie de liberté avec des projets de foodtruck par exemple, mais le bien-être, les relations humaines, le développement durable sont aussi des notions qui reviennent beaucoup », complète Frédéric Le Gros.

L’expérience de ces néo-créateurs les pousse à prendre le temps de construire un dossier cohérent et détaillé. « C’est un public apprécié par nos partenaires financiers qui sont rassurés de voir des gens qui maîtrisent leur sujet » ajoute-t-il avant d’évoquer l’élément clé pour réussir une reconversion : l’incarnation du projet par le porteur lui-même. « Ce qui va vraiment faire la différence, c’est la capacité de l’entrepreneur à porter son idée », pointe Frédéric Le Gros.

Stéphane Routier, entreprendre dans le médico-social

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« Je voulais me lancer dans une activité qui ait du sens », explique Stéphane Routier. @Aletheia Press/ DLP

« Je vois plus cette nouvelle étape comme une évolution de carrière que comme une reconversion » note Stéphane Routier qui a créé l’antenne amiénoise de Petits-Fils en juin dernier. Après avoir évolué pendant une décennie dans le secteur sanitaire et médico-social où il développait des systèmes d’informations, Stéphane Routier s’interroge à 40 ans sur la suite de son parcours professionnel. « J’ai été sensibilisé à la question du vieillissement par des médecins mais aussi dans ma vie personnelle avec mes propres parents », raconte celui qui a toujours eu une appétence pour l’entreprenariat.

« Je voulais me lancer dans une activité qui ait du sens. C’est comme ça qu’est née l’envie de rejoindre le réseau Petits-Fils qui correspond aux valeurs que je souhaitais porter et qui offre une certaine sécurité puisqu’il s’agit d’une franchise », ajoute-t-il.

La structure nationale, créée en 2007, propose un service d’aide à domicile sur-mesure qui se distingue par la qualité et l’expertise de ses intervenants. « Le quotidien est riche. C’est très satisfaisant d’avoir le retour direct des auxiliaires et des clients, même si les situations sont parfois difficiles. Même si j’étais déjà un salarié très impliqué, aujourd’hui cet engagement a une autre résonnance », note Stéphane Routier.

Philippe Crespin accompagne les dirigeants

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« Il y a cinq ans, j’ai eu envie de me lancer dans une nouvelle aventure, j’avais l’impression d’avoir fait le tour de mon métier », explique Philippe Crespin. Aletheia Press/ DLP

« J’ai un parcours assez éclectique », sourit Philippe Crespin à la tête de Capteam qui, à travers la Booster Academy, aide les entreprises à améliorer leur performance commerciale. Après quelques années dans la marine marchande, Philippe Crespin intègre le Club Med. Pendant 25 ans, il sera responsable grands comptes avec des interlocuteurs comme Airbus ou Renault. « Il y a cinq ans, j’ai eu envie de me lancer dans une nouvelle aventure, j’avais l’impression d’avoir fait le tour de mon métier », explique-t-il. Il crée alors Viatoris Consulting spécialisé dans l’optimisation d’achats pour les Comités sociaux et économiques (CSE). Un positionnement nouveau qui ne rencontre pas son marché et oblige le dirigeant à se repositionner.

« En 2019, j’ai été recruté comme directeur commercial par le groupe GL Event à Saint-Étienne. Mais le Covid est arrivé et l’aventure a pris fin au bout de sept mois. Je me suis donc vraiment interrogé sur mon avenir professionnel. C’est ainsi qu’est né le projet Capteam – Booster Academy », détaille-t-il. Après avoir suivi une formation de formateur, Philippe Crespin s’installe en janvier dernier à Amiens, au sein de la pépinière Jules-Verne.

« Je bénéficie ici d’un vrai accompagnement, c’est vraiment intéressant parce qu’en tant que dirigeant, il faut être partout, penser à tout. Il faut trouver des clients, communiquer, gérer le quotidien… il faut vraiment être multi-tâches », ajoute celui qui évoque également la satisfaction et le plaisir que lui procure cette nouvelle activité.